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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal
Autoren: Romain Sardou
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de le prendre avec nous, conclut la femme. Viens.
    — Non ! Non !
    — Tu ne me laisses pas le choix.
    Elle agrippa Perrot de force et l’emporta, se débattant, hors de la chambre.
    — Non !…
    Dehors, Até embrassa du regard l’étendue de l’incendie. Elle aperçut la troupe d’Isarn s’engouffrer dans le passage secret sous la fontaine, mais comprit aussi qu’elle n’avait aucun moyen de les suivre, à moins de traverser d’infranchissables murs de feu.
    L’escalier qui menait à la chambre secrète était l’une des dernières parties de la forteresse encore épargnée. Até dévala les marches avec Perrot jusque dans les souterrains du monastère.
    Là, elle retrouva les cellules d’expérimentation où avaient été conduites les études des cinq enfants miraculeux. Ces pièces étaient parfaitement hermétiques : Até espérait que ni les flammes ni les fumées suffocantes ne les pénétreraient.
    Elle verrouilla les issues.
    Perrot était en larmes.
    — Nous resterons ici le temps qu’il faudra, décréta la jeune femme.
    Le père Aba resta allongé sur sa couche dans la chambre secrète, un sourire esquissé sur son visage blême et endormi.
    À mesure que Perrot s’éloignait, la vie le quittait pour la seconde fois…
    L’extrémité de ses doigts noircit fortement, comme s’ils venaient d’être trempés dans de la poix. Peu à peu, les taches sombres commencèrent de s’étendre, des doigts aux mains, des mains aux bras, des bras au reste du corps, comme un drap obscur, atrophiant chacun de ses membres.
    Lorsque la figure du prêtre de Cantimpré fut intégralement mangée par cette noirceur, il n’était plus qu’une momie, la peau rétrécie sur les os.
    Mais cette fois, la mort était douce.
    Grâce aux jours de survie qu’il devait à l’expérience de Profuturus, Guillem Aba avait accompli la durée intégrale de vie qui lui était échue par Dieu. Son âme n’aurait pas à errer, comme après sa précédente mort, victime d’une fin précoce.
    Son temps était accompli. Sa mission aussi. Perrot possédait tous ses dons.
    Son âme fatiguée s’arracha du corps dans un beau rayon aux couleurs de l’aura, et disparut dans la nuit.
    Autour de la masse de chair, les flammes pénétrèrent et ravagèrent toute la chambre.
    Le monastère Albert-le-Grand n’était qu’un brasier gigantesque dans l’obscurité, ronflant et craquant, dressé sur son promontoire.
    Ses flammes répandaient leurs reflets dorés à la surface de la mer, se mariant à ceux de la lune pâle.
    Au large s’évanouissait le bateau d’Isarn avec les quatre enfants miraculeux.

ÉPILOGUE

C HAPITRE 0 1
    En ce mois de juin, l’été brûlait Rome.
    Dès le jeûne des quatre-temps, le soleil s’était mis à écraser la ville.
    Les marches de l’escalier du palais du Latran n’en continuaient pas moins de voir les prélats gravis et descendre incessamment.
    L’un d’eux quittait cet après-midi la résidence du pape Nicolas IV.
    Il prit le chemin des rues romaines.
    C’était Rainerio.
    Il avait depuis peu prononcé ses vœux et avait été directement ordonné évêque. Il portait avec arrogance sa robe épiscopale flambant neuve.
    Des Romains le saluaient à son passage. D’autres s’esquivaient ; il était déjà craint et peu aimé.
    Enhardi par sa stature d’évêque, le jeune homme ne laissait pas de faire connaître son mauvais fond. L’ambition le dévorait.
    Rainerio résidait désormais dans une spacieuse maison non loin du Latran où il passait ses journées.
    Lorsqu’il entra chez lui, un serviteur se précipita afin de lui apporter à boire et un linge frais pour humecter son front.
    Rainerio pénétra ensuite dans son grand bureau.
    Il fut surpris d’y trouver sa sœur Zapetta en compagnie de deux hommes dont il ignorait l’identité.
    L’un était un jeune garçon de treize ans, l’autre, un homme barbu, aux cheveux mi-longs, assis sur une chaise et qui ne daigna pas se lever à son entrée. Il avait le visage figé, un œil louche, et les épaules rentrées, comme un impotent.
    — Bonjour, mon frère, dit Zapetta. Je te présente un fidèle ami : Bénédict Gui. Il a beaucoup de choses à faire connaître…
    Deux jours avant, le vieil Althoras reconnut, au bruit qu’il faisait, le pas puissant et furieux d’Isarn. Ce dernier pénétra dans la chambre de l’aveugle à Padoue, alors qu’ils faisaient chemin vers Toulouse avec le convoi de brigands.
    Isarn
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