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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986
Autoren: Michèle Cotta
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non plus coopératif avec la Haute Autorité !
    – C'est vrai, répond-il en souriant, il n'est pas vraiment libéral, de ce côté-là ! »
    Nous évoquons enfin la cinquième chaîne, celle de Berlusconi, de Maxwell et de Riboud, dont la création a été préparée, montée, signée en l'absence de toute concertation avec la Haute Autorité, mais cela aussi il feint de ne pas s'y attacher :
    « Il fait une fixation inouïe contre cette chaîne, Jacques Chirac ! Moi, vous savez, m'assure-t-il, je n'ai vu Berlusconi qu'une seule fois, une demi-heure, chez Craxi 14 . Il n'y avait pas d'autre opérateur, voilà tout, à partir du moment où le gouvernement ne voulait pas de la CLT 15  ! »

    11 avril
    Les uns, surtout autour de Gabriel de Broglie, pensent à leur avenir au sein de la future commission. Les autres, nommés par la gauche il y a un an et demi, comme Raymond Forni et surtout Gilbert Comte, continuent de m'accabler, feignant de croire et n'hésitant pas à dire que je suis seule responsable de la fin de la Haute Autorité. Ils me lestent de plomb de peur que je ne survive !
    Restent autour de moi quatre personnes : Raymond Castans, merveilleux de drôlerie dans cette période chargée, Paul Guimard et Marc Paillet, enfin Daniel Karlin, seul vraiment proche. Peut-être est-ce aussi une question d'âge : plus jeune que moi, sa vie professionnelle, comme la mienne, n'est pas finie, ce qui n'est pas le cas pour Castans, Marc et Paul qui ont plus de 65 ans.
    Ce sont les fonctionnaires, dans ce genre de cas, qui risquent le moins et s'en tirent le mieux : ils quittent une fonction et retrouvent immédiatement leurs émoluments, à la Cour des comptes ou au Conseil d'État. Avec Daniel Karlin, nous imaginons déjà ce que nous pourrons faire ensemble. Dans l'immédiat, pendant que s'amenuise le nombre des quémandeurs et des raseurs auprès de la Haute Autorité, nous entreprenons de refaire les dialogues du film produit par un de ses amis, le producteur Jean-François Lepetit. Il s'agit d'un film sur la Deuxième Guerre mondiale. Nous nous prenons si bien au jeu, en nous donnant la réplique, dans mon bureau, que les secrétaires, affolées, craignant que nous ne nous disputions, poussent la porte pour nous trouver, interloquées, en train de déclamer un bout de dialogue.

    14 avril
    Premier dîner de la cohabitation au Quai d'Orsay pour la visite en France du chef de l'État coréen. Spectacle étonnant : Jean-Claude Colliard, toujours à l'Élysée, flanqué de son homologue auprès de Chirac, Jean-Louis Bianco aux côtés de Maurice Ulrich, René Thomas, président de la BNP, venu avec une des plus proches collaboratrices de François Mitterrand, Laurence Soudet, qu'il a épousée.
    Moi, je suis placée entre ce délicieux J.-P. Brunet et le nouveau directeur de cabinet de Jean-Bernard Raimond, Éric Desmarest, lequel me raconte qu'il a été le premier, alors que son ministre, rappelé de Moscou, était encore dans l'avion, à être convoqué par François Mitterrand en personne pour recevoir George Schulz 1 à la fin mars.
    Sur le problème de la présence de Chirac à Tokyo 2 , il me glisse à l'oreille : « Franchement, je trouve que Chirac aurait pu être plus adroit ! Il aurait dû s'entendre avec l'Élysée avant d'annoncer sa venue au Japon ! Dans ce cas, d'ailleurs, peut-être le Président n'y serait-il pas allé. À Tokyo, quoi qu'il fasse, Jacques Chirac passera pour le parent pauvre : tout est prévu pour que ce soit un sommet des chefs d'État. Il risque de ne pas y avoir sa place ! »
    On sent, derrière cette confidence, tout l'embarras des diplomates, y compris ceux mis en place par la nouvelle majorité, à qui la cohabitation, non prévue dans les guides des bonnes manières diplomatiques, pose nombre de problèmes insolubles.
    Maurice Ulrich, sincère, me prend à part : « Que peut-on faire, me dit-il, pour calmer le jeu en matière d'audiovisuel ? Tout cela va dans tous les sens, je suis très inquiet. » Il craint surtout la privatisation d'Antenne 2, qu'il a présidée et pour laquelle il éprouve une réelle tendresse.
    Calmer le jeu ? Ce serait facile : il suffirait de ne pas tout bouleverser, de ne pas renverser l'échiquier. D'attendre, de prendre son temps. Ne pas penser que les présidents en place sont mauvais parce qu'ils ont été nommés par nous. Je le dis à Ulrich qui en convient, mais qui n'en fera rien.
    Pourtant, je le sens à la
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