Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
prisonnière. De quoi ? Je ne sais. En quatre ans, j'en ai beaucoup appris sur les hommes politiques. Notamment que la seule chose qu'ils aient à cœur, c'est leur avenir, proche ou lointain. Leurs petites personnes.
    Ne rien attendre d'eux, ne rien faire d'autre avec eux que les regarder agir, sans les croire, dans leur bocal.
    Je reviendrai au journalisme. Je ne sais trop dans quel état...

    1 er juillet
    Séance à la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale. La dernière, je l'ai décidée, en ce qui me concerne.
    Devant moi, sur quatre rangées, socialistes, communistes, RPR, UDF et Front national. De Michel Péricard, RPR, rapporteur pressenti pour la future loi sur l'audiovisuel qui annulera en 1986 celle de 1982, à Bertrand Cousin, député breton et collaborateur d'Hersant, en passant par Jean-Jacques Queyranne, socialiste en charge de l'audiovisuel.
    Les questions, sans animosité, fusent : comment m'y étais-je prise pour imposer l'équilibre et l'honnêteté de l'information ? Avions-nous finalement baissé les bras devant les radios locales ? Et pourquoi tant de discrétion avec les télévisions privées ? N'était-ce pas le gouvernement socialiste qui nous avait condamnés à mort, plus que la nouvelle majorité ?
    J'ai regardé ces honorables parlementaires à travers un prisme qui, désormais, ne me quittera plus. Je n'avais que faire d'être récupérée par les uns pour être utilisée par les autres. La moindre de mes réponses mécontentait en alternance une fraction différente des députés présents.
    J'ai écouté ma propre contre-performance comme si quelqu'un d'autre parlait à ma place. Trop journaliste pour accepter le langage des politiques, et trop politique pour ne pas comprendre que ce qu'une majorité a fait, une autre peut le défaire.
    En sortant, sur les coups de 19 heures, assez éprouvée, j'ai fait un tour à la garden-party que Jacqueline Beytout, la patronne des Échos , offrait au monde de la finance et de la politique. J'embrassais ministres et anciens ministres, passés et à venir. M'amusais à l'idée que les financiers parlent déjà, avec quelle gourmandise, de la privatisation de TF1. Le sénateur Maurice Schumann (« Les Français parlent aux Français ») m'a assurée que l'on me regrettait déjà. Un autre m'a demandé gentiment comment j'allais. Bref, la Haute Autorité se mourait, la Haute Autorité était morte, couverte de fleurs par le milieu politique qui ne l'avait pas assez défendue ou immédiatement condamnée.

    Paris – La Tailhède, janvier-août 2008.
    1 Il s'agit de Réflexions sur la Politique extérieure de la France , recueil des textes de François Mitterrand en politique étrangère, Paris, Fayard, 1986.
    2 Robert Hersant a été membre de l'UDSR, mouvement charnière sous la IV e  République, tout comme François Mitterrand qui en fut l'un des fondateurs.
    3 Il s'agit de la fameuse semaine où Mitterrand a hésité à garder Pierre Mauroy à Matignon.
    4 Le PS a obtenu près de 30 % des voix. Il reste le premier groupe à l'Assemblée nationale. Le RPR et l'UDF obtiennent la majorité à l'Assemblée, tandis que le PC voit sa chute s'accentuer.
    5 L'appel de Stockholm est une pétition contre l'armement nucléaire lancée par le Mouvement mondial des partisans de la paix (proche des partis communistes) et par Frédéric Joliot-Curie en mars 1950.
    6 Ministre de la Culture et de la Communication dans le gouvernement de Jacques Chirac.
    François Mitterrand répondra en 1987, au journal Le Point , qui lui pose cette question : regrettez-vous la Haute Autorité ? : « Elle était composée de gens honnêtes, elle était bien présidée, mais elle avait un défaut, elle avait des compétences trop réduites. »
    Leader socialiste italien, président du Conseil à Rome.
    Bien d'autres versions sont à retenir sur les rencontres d'alors entre François Mitterrand et Silvio Berlusconi. Notamment celle d'une rencontre à l'Élysée où Berlusconi, à son aise comme toujours, aurait chanté La Marseillaise ...
    Le secrétaire d'État américain.
    À la réunion du G7 où Jacques Chirac a voulu se rendre et insisté pour se joindre au dîner des chefs de délégations.
    François Mitterrand s'est opposé au survol du territoire français par les avions américains qui, en guise de représailles, allaient mener une action punitive contre la Libye et le colonel Kadhafi.
    Renaud Denoix de Saint-Marc, membre de
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher