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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986
Autoren: Michèle Cotta
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Avant-propos
    Hybride... Ce tome 2 des Carnets secrets de la V e  République est hybride.
    La première partie, qui va jusqu'en mai 1981, est entièrement consacrée aux stratégies des quatre « héros » de ce volume : Mitterrand, Giscard, Chirac, Marchais. À celles des personnages secondaires de la comédie du pouvoir, également. À leurs luttes, à leurs réconciliations toujours suivies de nouvelles escarmouches. Qui perd ? Qui gagne ? Comment ? Chirac préfère-t-il la victoire de Mitterrand à celle de Giscard, et pourquoi ? Giscard se sent-il une seule seconde menacé par le leader du PS avant l'échéance présidentielle ? La rupture entre communistes et socialistes avantage-t-elle finalement François Mitterrand ? À qui Georges Marchais a-t-il cédé en jouant la rupture ? Toutes questions que se posent les journalistes, ces historiens de l'immédiat.

    La seconde partie de ce tome 2 commence après la victoire de la gauche en 1981. Nommée présidente de Radio France, puis, surtout, présidente de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle en 1982, mon regard sur le monde politique change. Trop à droite pour la gauche, trop à gauche pour la droite : cette position, qui m'a servie tant que je commentais les événements de la vie politique, apparaît d'un coup comme un lourd handicap. Pourtant, il s'agissait bien a priori d'assurer, au-delà de « l'équilibre et de l'honnêteté de l'information », comme le mentionnait la loi, l'indépendance de celle-ci. François Mitterrand, le premier, avait compris l'importance d'une instance de régulation du monde audiovisuel dont il percevait intuitivement l'inéluctable expansion. Hélas, entre comprendre et accepter, il y a un abîme, celui auquel se heurta précisément la Haute Autorité.
    Ainsi, pour la première – et unique – fois, ces Carnets secrets deviennent-ils plus personnels. Qu'on me le pardonne ! La vie ne se refait pas. C'eût été tricher que de faire comme si mes rapports avec les hommes politiques étaient restés, en ces années-là, ce qu'ils étaient auparavant, faits d'échanges, de vraies-fausses confidences, d'articles bien informés, de complicité parfois, d'intérêt toujours, de donnant donnant en somme.
    Les médias, la télévision surtout, n'étaient pas, en 1981, ce qu'ils sont aujourd'hui. Pas encore de chaînes privées, pas de télévision par câble ou satellite, pas de chaînes régionales hormis les programmes de FR3, pas de chaînes d'information continues. En 1981, les hommes politiques, malgré ce qu'ils en disent, regardent peu, pour ne pas dire pas du tout la télévision. Plus exactement, ils ne regardent que les journaux télévisés de TF1 et d'Antenne 2, et, en province, les journaux régionaux de FR3. Ils pensent encore, quoique les études effectuées démontrent le contraire, que la télévision fabrique les élections, qu'elle fait et défait les gloires politiques. Ils sont sûrs – là, c'est partiellement vrai – que les majorités successives, gaulliste et giscardienne, ont su à point nommé mettre à la tête des télévisions et des radios nationales des présidents et des directeurs qu'ils croyaient à leur botte et qui ne l'ont pas toujours été.

    Passer de l'autre côté du miroir est une expérience de choix, à défaut d'être nécessaire, pour un journaliste. Il y découvre qu'entre les deux camps opposés de la vie politique, il n'y a guère de place pour qui voudrait exercer son indépendance sans danger – même lorsqu'on l'a chargé de le faire. On ne ressort pas sans blessure d'une traversée de ce genre. J'ai pourtant essayé de garder, tout au long de cette période qui va de 1981 à 1986, l'œil de l'observateur non engagé, de continuer à remplir frénétiquement mes carnets sur la vie politique, comme si je n'y étais pas impliquée. Au point d'avoir tenu, dans le même laps de temps, deux sortes de cahier : les premiers, techniques en quelque sorte, sur l'audiovisuel en France ; les seconds, soigneusement distincts, sur ce que je percevais de la vie politique de ce pays.
    À la lecture, parfois au déchiffrement de mes propres notes, je m'aperçois que cette période-là a bouleversé mes rapports avec ceux dont j'analysais les comportements, les tactiques, les discours depuis des années. Elle m'a donné l'absolue certitude que le pire aspect de ces hommes, de ces femmes, dont je disséquais les actes et les propos depuis des années,
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