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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge
Autoren: Charles Dickens
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été servi par Joe [7] , fils de l’aubergiste, gars d'une
vingtaine d’années, à larges épaules bien découplé, que son père se
plaisait encore à considérer comme un petit garçon, et à traiter en
conséquence. Étendant ses mains pour les réchauffer au feu de
l'âtre, l'homme tourna la tête du côté de la compagnie, et, après
l'avoir parcourue d'un regard perçant, il dit, d'une voix bien
appropriée à son extérieur :
    « Quelle est donc cette maison qui se
trouve à environ un mille d'ici ?
    – Un cabaret ? dit l'aubergiste de
son ton habituel.
    – Un cabaret, père ! se récria Joe.
Y pensez-vous ? un cabaret à un mille environ du
Maypole ? Il veut parler de la grande maison, la Garenne, rien
de plus clair. N'est-ce pas, monsieur, la vieille maison en briques
rouges, bâtie sur ses propres terres ?
    – Oui, dit l'étranger.
    – Et qui était, il y a quinze ou vingt
ans, au milieu d'un parc cinq fois aussi vaste. Ce parc, ainsi que
d'autres domaines plus riches, a changé de mains pièce à pièce et a
disparu. C'est bien dommage, poursuivit le jeune homme.
    – Possible, fut la réplique. Mais ma
question concernait le propriétaire. Ce qu'a été la maison, je ne
m'en soucie guère ; et pour ce qu'elle est, je peux bien le
voir par moi-même. »
    L'héritier présomptif du Maypole pressa ses
lèvres de son doigt ; et lançant un coup d'œil du côté du
jeune gentleman que nous avons déjà fait connaître, et qui avait
changé d'attitude la première fois qu'on avait parlé de la maison,
il répliqua d'un ton moins haut :
    « Le propriétaire se nomme Haredale,
M. Geoffroy Haredale, et… (il lança de nouveau un coup d'œil
dans la même direction) et un digne gentleman encore…
Hem ! »
    Ne faisant pas plus attention à cette toux
d'avertissement qu'au geste significatif dont elle avait été
précédée, l'étranger continua son rôle de questionneur.
    « Je me suis détourné de mon chemin en
venant ici, et j'ai pris le sentier pour traverser les terres de
cette Garenne. Quelle est la jeune dame que j'ai vue monter en
voiture ? serait-ce sa fille ?
    – Mais comment le saurais-je, mon brave
homme ? répliqua Joe, qui essayait, tout en faisant quelques
rangements autour de l'âtre, de s'avancer près de son questionneur
et de le tirer par la manche ; je n'ai jamais vu la jeune dame
dont vous parlez. Aïe !… Encore du vent et de la pluie !
Bon, en voilà une soirée !
    – Diable de temps, en effet !
observa l'étranger.
    – Vous y êtes habitué, n'est-ce
pas ? dit Joe, saisissant tout ce qui semblait promettre une
diversion au sujet de l'entretien.
    – Mais oui, pas mal comme ça, repartit
l'autre. Revenons donc à la jeune dame. Est-ce que M. Haredale
a une fille ?
    – Non, non, dit le jeune homme
impatienté ; il est célibataire… il est… laissez-nous donc un
peu tranquilles, mon brave homme, si c'est possible. Ne voyez-vous
pas bien qu'on ne goûte pas trop là-bas votre
conversation ? »
    Sans tenir compte de cette remontrance
chuchotée, et faisant semblant de ne pas l'entendre, le bourreau
poursuivit, de manière à pousser Joe à bout :
    « La belle raison ! Ce n'est pas la
première fois que des célibataires ont eu des filles. Comme si elle
ne pouvait pas être sa fille sans qu'il fût marié !
    – Je ne sais pas ce que vous voulez
dire, » répondit Joe, ajoutant d'un ton plus bas et en se
rapprochant de lui : « Ah çà ! vous le faites donc
exprès, hein ?
    – Ma foi ! je n'ai pas du tout de
mauvaise intention. Je ne vois pas de mal à ça. Je fais quelques
questions, ainsi que tout étranger peut le faire naturellement, sur
les habitants d'une maison remarquable, dans un pays nouveau pour
moi, et vous voilà tout troublé, tout effaré, comme si je
conspirais contre le roi Georges !… Ne pouvez-vous pas,
monsieur, me donner tout bonnement cette explication ? car
enfin, je vous le répète, je suis étranger ; et tout ça, c'est
de l'hébreu pour moi. »
    La dernière observation était adressée à la
personne qui causait évidemment l'embarras de Joe Willet. Elle
s'était levée, mettait son manteau de voyage et se préparait à
sortir. Ayant répondu d'une manière brève qu'il ne pouvait pas lui
donner de renseignements, le jeune homme fit un signe à Joe, lui
tendit une pièce de monnaie pour payer sa dépense, et s'élança
dehors, accompagné du jeune Willet lui-même, qui prit une chandelle
pour
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