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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge
Autoren: Charles Dickens
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profonde obstination
et une rare lenteur d'intelligence, combinées avec une confiance
vigoureuse en son propre mérite. La vanterie ordinaire de John
Willet, dans sa plus grande tranquillité d'humeur, consistait à
dire que, s'il n'était pas prompt d'esprit, au moins il était sûr
et infaillible ; assertion qui du moins ne pouvait être
contredite, lorsqu'on le voyait en toute chose l'opposé de la
promptitude, comme aussi l'un des gaillards les plus bourrus, les
plus absolus qui fussent au monde, toujours sûr que ce qu'il
disait, pensait ou faisait était irréprochable, et le tenant pour
une chose établie, ordonnée par les lois de la nature et de la
Providence, si bien que n'importe qui disait, faisait ou pensait
autrement, devait être inévitablement et de toute nécessité dans
son tort.
    M. Willet marcha lentement vers la
fenêtre, aplatit son nez grassouillet contre la froide vitre, et,
ombrageant ses yeux pour que la rouge lueur de l'âtre ne gênât
point sa vue, il regarda au dehors. Puis il retourna lentement vers
son vieux siège, dans le coin de la cheminée, et s'y installant
avec un léger frisson, comme un homme qui aurait assez pâti du
froid pour sentir mieux les délices d'un feu qui réchauffe et qui
brille, il dit en regardant ses hôtes à la ronde :
    « Le ciel s'éclaircira à onze heures
sonnantes, ni plus tôt ni plus tard. Pas avant et pas après.
    – À quoi devinez-vous ça ? dit un
petit homme dans le coin d'en face ; la lune n'est plus en son
plein, et elle se lève à neuf heures. »
    John regarda paisiblement et solennellement
son questionneur, jusqu'à ce qu'il fût bien sûr d'avoir réussi à
saisir la portée de l'observation, et alors il fit une réponse d'un
ton qui semblait signifier que la lune était son affaire
personnelle, et que nul autre n'avait rien à y voir.
    « Ne vous inquiétez pas de la lune. Ne
vous donnez pas cette peine-là. Laissez la lune tranquille, et moi
je vous laisserai tranquille aussi.
    – Je ne vous ai pas fâché,
j'espère ? » dit le petit homme.
    Derechef John attendit à loisir jusqu'à ce que
l'observation eût pénétré dans son cerveau, et alors
répliquant : « Fâché ? non, pas jusqu'à
présent ; » il alluma sa pipe, et fuma dans un calme
silence. Il jetait de temps en temps un coup d'œil oblique sur un
homme enveloppé d'une ample redingote, avec de larges parements
ornés de galons d'argent tout ternis, et de grands boutons de
métal. Cet homme était assis à part de la clientèle régulière de
l'établissement ; il portait un chapeau rabattu sur sa figure,
ombragée d'ailleurs par la main sur laquelle reposait son front. Il
avait l'air assez peu sociable.
    Un autre étranger était assis également, botté
et éperonné, à quelque distance du feu. Ses pensées, à en juger par
ses bras croisés, ses sourcils froncés, et le peu de souci qu'il
avait de la liqueur qu'il laissait devant lui sans y goûter,
s'occupaient de tout autre chose que du sujet de la conversation,
ou des messieurs qui conversaient ensemble. C'était un jeune homme
d'environ vingt-huit ans, d'une taille un peu au-dessus de la
moyenne, et, quoique d'une figure assez mignonne, à la grâce il
joignait la vigueur. Il portait ses propres cheveux noirs ; il
avait un costume de cavalier, et ce vêtement, ainsi que ses grandes
bottes (semblables pour la forme et le style à celles de nos
Life-Guards
[6] d'aujourd'hui), montrait d'incontestables traces du mauvais état
des routes. Mais, tout souillé qu'il était de sa course, il était
bien habillé, même avec richesse, quoique avec une simplicité de
bon goût ; en un mot, il avait l'air d'un charmant
gentleman
.
    Sur la table, à côté de lui, gisaient
négligemment une lourde cravache et un chapeau à bords plats, qui
sans doute convenait mieux à l'inclémence de la température. Il y
avait aussi là une paire de pistolets dans leurs fontes, avec un
court manteau de cavalier. On ne voyait de sa figure que les longs
cils noirs qui cachaient ses yeux baissés ; mais un air
d'aisance négligente et de grâce aussi parfaite que naturelle dans
les attitudes circulait sur toute sa personne, et semblait même se
répandre sur ces menus accessoires, tous beaux et en bon état.
    Une seule fois M. Willet laissa ses yeux
errer vers le jeune gentleman, comme pour lui demander à la muette
s'il avait remarqué son silencieux voisin. Évidemment John et le
jeune gentleman s'étaient souvent
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