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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge
Autoren: Charles Dickens
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répète,
qu'entendez-vous par là ?
    – C'est que, répondit l'aubergiste un peu
ébranlé dans sa dignité par l'humeur rudanière de son hôte, c'est
une histoire du Maypole, et qui a bien quelque vingt-quatre ans.
Cette histoire est l'histoire de Salomon Daisy : elle
appartient à l'établissement ; et personne autre que Salomon
Daisy ne l'a jamais racontée sous ce toit, ni personne que lui ne
la racontera jamais, c'est bien plus fort. »
    L'homme lança un regard au sacristain.
Celui-ci, dont l'air important et capable témoignait ouvertement
que c'était lui dont l'aubergiste venait de parler, avait commencé
par retirer sa pipe de ses lèvres après une longue aspiration pour
l'entretenir allumée, et se disposait évidemment à raconter son
histoire sans se faire prier davantage ; ce que voyant,
l'étranger ramassa son large manteau autour de lui, et, se retirant
plus en arrière, se trouva presque perdu dans l'obscurité du coin
de la spacieuse cheminée, si ce n'est lorsque la flamme, parvenant
à se dégager de dessous le gros fagot dont le poids l'avait presque
étouffée pendant quelque temps, jaillit en haut avec un soudain et
violent éclat, et, illuminant un moment sa figure, parut ensuite la
rejeter dans une obscurité plus profonde qu'auparavant.
    À la lueur de cette clarté voltigeante, qui
faisait que la vieille maison, avec ses lourdes poutres et ses
murailles boisées, avait l'air d'être construite en ébène polie, le
vent rugissant et hurlant au dehors, tantôt secouant de toutes ses
forces le loquet, tantôt faisant grincer les gonds de la solide
porte de chêne, tantôt enfin venant battre le châssis comme s'il
allait l'enfoncer ; à la lueur de cette clarté, dis-je, et
dans des circonstances si propices, Salomon Daisy commença son
histoire :
    « C'était M. Reuben Haredale, frère
aîné de M. Geoffroy. » Ici, il eut une espèce d'accroc,
et fit une si longue halte, que John Willet lui-même en éprouva de
l'impatience, et demanda pourquoi il ne continuait pas.
    « Cobb, dit Salomon Daisy baissant la
voix et interpellant le buraliste de la poste, le combien
sommes-nous du mois ?
    – Le dix-neuf.
    – De mars, dit le sacristain en se
penchant en avant, le dix-neuf de mars, c’est fort
extraordinaire. »
    Tous répétèrent à voix basse que c'était fort
extraordinaire et Salomon poursuivit.
    « C'était M. Reuben Haredale, frère
de M. Geoffroy, qui était, il y a vingt-deux ans, le
propriétaire de la Garenne, laquelle Garenne comme l'a dit Joe (non
pas que vous vous rappeliez cela, Joe, c'est trop ancien pour un
jouvenceau de votre âge, mais vous me l'avez entendu dire), était
un domaine plus vaste et bien meilleur, une propriété d'une valeur
bien plus considérable qu'aujourd’hui. Son épouse venait de mourir,
lui laissant un enfant, Mlle Haredale, l'objet de vos
informations, elle avait alors un an à peine. »
    Quoique l'orateur se fut adressé à l'homme qui
avait montré tant de curiosité à l'égard de cette famille, et qu’il
eût fait là une pause, comme s'il attendait quelque exclamation de
surprise et d'encouragement, ce dernier ne fit aucune remarque,
aucun signe qui pût seulement faire croire qu'il eût entendu ce
qu'on venait de dire ni qu’il y prît le moindre intérêt. Salomon se
tourna en conséquence vers ses vieux camarades, dont les nez
étaient brillamment illuminés par la lueur rouge foncé des
fourneaux de leurs pipes. Assuré par une longue expérience de leur
attention, et résolu à faire voir qu'il sentait toute l'indécence
d'une conduite pareille :
    « M. Haredale, dit Salomon en tournant le
dos à l’étranger, quitta ce domaine après la mort de son épouse, il
s'y trouvait trop isolé, et s'en alla à Londres où il séjourna
quelques mois, mais se trouvant dans cette ville tout autant isolé
qu'ici (je le suppose du moins, et je l'ai toujours ouï dire), il
revint tout à coup avec sa petite fille à la Garenne, amenant en
outre avec lui ce jour-là seulement deux femmes de service, son
intendant et un jardinier »
    M. Daisy s'arrêta pour faire un nouvel
appel à sa pipe qui allait s'éteindre, et il continua, d’abord d’un
ton nasillard causé par la mordante jouissance du tabac et
l'énergique aspiration qu'exigeait l'entretien de son instrument,
mais ensuite avec une netteté de voix toujours croissante.
    « Amenant avec lui, ce jour-là, deux
femmes de service, son intendant et un jardinier, le
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