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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge
Autoren: Charles Dickens
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étranger à ce
pays.
    – La route ? répéta l'autre d'un ton
agacé.
    – Oui. La connaissez-vous ?
    – Je la… hum !… Je la trouverai
bien, répliqua l'homme en agitant la main et en tournant sur ses
talons. L'aubergiste, payez-vous. »
    John Willet fit ce que désirait son
hôte : car, sur cet article, rarement montrait-il de la
lenteur, sauf lorsqu'il y avait des détails de change, parce
qu'alors il lui fallait constater si chaque pièce d'argent qu'on
lui présentait au comptoir était bonne, l'essayer avec ses dents ou
sa langue, la soumettre à toute autre épreuve, ou, dans le cas
douteux, à une série de contestations terminées par un rejet
formel. L'homme, son compte réglé, s'enveloppa de ses vêtements de
manière à se garantir le plus possible du temps atroce qu'il
faisait, et, sans le moindre mot ou signe d'adieu, il alla vers
l'écurie. Joe, qui avait quitté la salle après leur court dialogue,
était dans la cour, s'abritant de la pluie, ainsi que le cheval,
sous le toit en auvent d’un vieux hangar.
    « Il est joliment de mon avis, dit Joe en
tapotant le cou du cheval ; je gagerais qu'il serait plus
charmé de vous voir rester ici cette nuit que je ne le serais
moi-même.
    – Lui et moi ne sommes pas d'accord,
comme cela nous est arrivé plus d'une fois dans notre passage sur
cette route-ci, fut la brève réponse.
    – C'est ce que je pensais avant votre
sortie de la salle, car il paraît qu'elle a senti vos éperons, la
pauvre bête. »
    L'étranger, sans répondre, ajusta autour de sa
figure le collet de sa redingote.
    « Vous me reconnaîtrez, à ce que je vois,
dit-il lorsqu'il eut sauté en selle, car il remarqua la vive
attention du jeune gars.
    – Un homme mérite bien qu'on s'en
souvienne, maître, quand il fait une route qu'il ne connaît pas,
sur un cheval éreinté, et qu'il abandonne pour cela un bon gîte par
une soirée comme celle-ci.
    – Il me paraît que vous avez des yeux
perçants et une langue bien affilée.
    – C'est un double don de nature,
j'imagine ; mais le dernier se rouille quelquefois, faute de
m'en servir.
    – Servez-vous moins aussi du premier.
Réservez vos yeux perçants pour vos bonnes amies, mon
garçon. »
    En parlant ainsi, l'homme secoua la bride que
Joe tenait d'une main ; il le frappa rudement sur la tête avec
la poignée de son fouet, et partit au galop, s'élançant à travers
la boue et l'obscurité avec une vitesse impétueuse, dont peu de
cavaliers mal montés auraient voulu suivre l'imprudent exemple,
eussent-ils été même très familiarisés avec le pays : pour
quelqu'un qui ne connaissait nullement la route, c'était s'exposer
à chaque pas aux plus grands dangers.
    Les routes d'alors, même dans un rayon de
douze milles de Londres, étaient mal pavées, rarement réparées, et
très pauvrement établies. Ce cavalier en prenait une qui avait été
labourée par les roues de pesants chariots, et gâtée par les gelées
et les dégels de l'hiver précédent, et peut-être même de beaucoup
d'hivers antérieurs. Le sol était miné ; il y avait de grands
trous et des crevasses, difficiles à distinguer même durant le
jour, à cause de l'eau des dernières pluies qui les remplissait. Un
plongeon dans l'une de ces cavités aurait pu faire choir un cheval
ayant le pied plus sûr que la pauvre bête lancée à fond de train et
jusqu'aux limites suprêmes de ses forces. Des cailloux tranchants
et des pierres roulaient sans cesse de dessous ses sabots ; le
cavalier voyait à peine au delà des oreilles de sa monture, ou plus
loin de chaque côté que la longueur de son bras. À cette époque
aussi des voleurs à pied et des brigands à cheval infestaient
toutes les routes dans le voisinage de la capitale, et c'était une
nuit, entre toutes les autres, pendant laquelle cette classe de
malfaiteurs pouvait presque, sans crainte d'être découverte, vaquer
à sa profession illégale. Toujours est-il que le voyageur courait
ainsi au triple galop, ne s'inquiétant ni de la boue, ni de l'eau
qui tombait sur sa tête, ni de la profonde obscurité de la nuit, ni
de la rencontre fort probable de quelques rôdeurs, capables de
tout. À chaque détour, à chaque angle, là même où l'on pouvait le
moins s'attendre à un coude du chemin, et où l'on ne pouvait le
voir qu'en arrivant dessus, il manœuvrait la bride sans se tromper,
gardant toujours le milieu de la chaussée. C'est de la sorte qu'il
accélérait sa course en se
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