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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice
Autoren: Caroline Roe
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Êtes-vous toujours habillé en moine ?
    — Oui.
    — Le monde entier a l’habitude de me voir entrer au palais en compagnie de prêtres et de moines. On ne nous remarquera pas.
    — Merci, maître Isaac.
     
    Le somptueux repas allait s’achever. Un moine gris à l’habit couvert de poussière pénétra dans la salle de réception où le marchand et les autres terminaient de dîner. Il demeura près du mur, loin des fenêtres, et s’assit dans le coin le plus sombre de la pièce. Deux serviteurs entrèrent derrière lui pour débarrasser la table avant le retour des membres du clergé.
    Don Arnau eut un sourire pincé et se tourna vers l’enfant.
    — Nous étions en train de parler du marchand de sucreries, n’est-ce pas ? Tu as dit à ton oncle et aux gardes que ce gentilhomme parlait de la même façon, c’est bien cela ?
    — Oui, répondit la petite fille. Parce que c’est vrai.
    Des bruits de pas, de portes qui claquent et d’éperons sur le carrelage du hall d’entrée interrompirent leur conversation. Puis l’on entendit rugir une voix familière.
    — Où est donc la réunion qui concerne le moine ?
    La porte s’ouvrit à la volée.
    Chacun se leva.
    — Restez assis, je vous en prie, lança Berenguer de Cruilles. Vous aussi, jeune dame. Ah, père Gil, vous êtes là. Parfait, ajouta-t-il en adressant un signe de tête au moine tapi dans l’ombre. Je suis très intéressé par les résultats de votre enquête, Don Arnau. Mais je ne vous retarderai pas. Je me contenterai de vous écouter en silence.
    L’un après l’autre, chacun reprit sa place.
    — Et qui est cette enfant, Don Arnau ? s’enquit Berenguer d’une voix murmurante que l’on put entendre dans toute la pièce.
    — C’est elle qui a découvert le malheureux moine, Votre Excellence, lui répondit le vicaire général. Elle a reconnu son accent et expliqué que c’était le même que celui de ce brave homme. C’est un marchand de Penedès.
    — Comme elle est intelligente ! dit l’évêque avec un bon sourire.
    — Et d’où venez-vous, señor ? demanda Don Arnau en se tournant vers Fortunat comme s’il n’y avait pas eu l’interruption du repas.
    — D’une propriété peu éloignée de Granollers, répondit le jeune homme.
    — Et Granollers se trouve à plusieurs journées de cheval de l’Arboç, ajouta Galceran.
    — Il a pas la même voix quand il fait que parler, déclara la petite fille. Comme maintenant. C’est seulement quand il est en colère. Quand le marchand l’a traité de voleur et qu’il s’est mis à crier, il parlait tout pareil.
    — Je vous demande pardon de vous interrompre, messires, dit l’oncle de la fillette, mais elle a raison. C’est ce qu’il a fait. Moi aussi je l’ai remarqué.
    Le marchand regardait fixement Fortunat comme s’il avait devant lui quelque bête fabuleuse – une licorne ou un hippogriffe.
    — Je sais qui c’est ! s’écria-t-il. Je m’en rappelle bien. C’est le bâtard que Madalena a élevé. Déjà à l’époque, il faisait que fureter et chaparder !
    — Prenez garde à ce que vous dites ! gronda Galceran. C’est mon neveu.
    — C’est bien possible, mon père, mais c’est aussi le fils bâtard de cette dame…
    — Je crois que nous devrions régler cette question après avoir pris le temps de réfléchir à d’autres choses, dit Berenguer en quittant son siège. Si vous voulez bien pardonner cette interruption, Don Arnau. Vous êtes allé très loin dans la résolution de problèmes particulièrement agaçants. L’archevêque sera satisfait. Très satisfait.
    Don Arnau lui adressa un sourire glacial.
    — À présent, parlez-moi encore de cet excellent témoin, ajouta-t-il en se tournant vers la fillette.
    Berenguer écouta avec attention et patience Arnau lui faire le long récit des exploits de l’enfant.
    — C’est une petite fille observatrice et honnête, constata-t-il. Quelle est cette friandise que cet homme a confectionnée et qui te tentait si fort à la foire ?
    Elle expliqua de son mieux, mais le marchand semblait perplexe.
    — C’était celle au milieu tout au fond, fit-elle avec impatience. Il y avait une cerise fourrée avec quelque chose dessus. C’était très beau.
    — Ah, tu as un goût parfait. J’appelle cela « le Délice de tante Felipa ». Mais je crains que ce soit là mon produit le plus cher avec les dattes à l’alcool.
    Après une brève discussion avec l’évêque, la
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