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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice
Autoren: Caroline Roe
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la lettre, Votre Majesté ?
    — Cela vaudrait mieux.
    — Elle est datée du mois dernier, en Avignon, Votre Majesté. Voici : « Au roi Pedro le Cérémonieux. Le Saint-Siège prie, suite à la requête de Tomas de Patrinhanis ambassadeur de la cité et de la population d’Ancône, pour qu’il veuille bien contraindre ses sujets, les pirates Jan de Pródica, maître de la galée Santa Eulalia, Huguet de Lancia Talatarn, Guillermo Pedro de Raxath et Francisco Alberich, du San Juan , de rendre les vaisseaux, provisions, argent et autres biens dérobés à Nicolas Polluti près de l’île de Rhodes et à d’autres marchands d’Ancône dans le port du Palais, à diverses occasions. » Avec les compliments habituels, Votre Majesté, dit le secrétaire en déposant la lettre sur la table.
    — Sous quelle contrainte ?
    — Aucune, Votre Majesté.
    — Comme c’est intéressant…
    — Votre Majesté va-t-elle faire ce qu’exige Sa Sainteté ? demanda Doña Eleanor. Et confisquer les navires ?
    — Malheureusement, nous ne pouvons saisir ces galées. Pas pour l’instant.
    — Comment cela ?
    — Ils ne les possèdent plus. Nous les leur avons retirées dès que nous avons appris qu’une décision avait été prise.
    Doña Eleanor ne put s’empêcher de rire et le roi de sourire.
    — À l’heure actuelle, nous les armons pour la guerre. Mais lorsque nous avons entendu parler pour la première fois de la disposition de Sa Sainteté à notre égard, de lourdes pénalités nous étaient imposées si nous ne cédions pas. Olzinelles, que pensez-vous de ce revirement ? Cela indique-t-il un changement de politique ?
    Et les affaires de la cour se poursuivirent.
     
    L’archevêque de Tarragone était assis en compagnie de son secrétaire, de l’assistant de celui-ci et d’un scribe. Sur la table, devant lui, se trouvait une lettre de l’évêque de Barcelone parmi plusieurs autres documents. Don Gonsalvo se tenait debout. Il arborait un grand sourire amical et suait en dépit de la brise agréable qui rafraîchissait la pièce.
    — Don Gonsalvo, j’ai ici une copie du jugement rendu dans l’affaire de cet homme accusé d’hérésie, Don Gilabert de…
    — Oui, Votre Excellence ?
    L’archevêque fronça les sourcils.
    — Comme je l’imaginais quand vous avez porté cette affaire au-delà de notre juridiction, Don Gonsalvo, l’appel de Don Gilabert a été entendu. Il est lavé de tout soupçon.
    — Je suis heureux de l’apprendre, Votre Excellence, dit Don Gonsalvo, gêné.
    — Vraiment ? Eh bien, moi aussi, je suis satisfait. Car tout indique qu’un témoin a été suborné.
    — Tout indique…
    — Il l’a avoué, par écrit. Et je suis quasiment persuadé d’être en ce moment même en train de parler à celui qui a suscité un parjure.
    Don Gonsalvo ne releva pas l’accusation.
    — Suis-je contraint de dire que je me demande également si je parle à l’homme qui a été impliqué dans le meurtre brutal de l’oncle de Don Gilabert ? Après tout, Don Fernan était le plus à même de laver l’honneur de son neveu. Le trouviez-vous si gênant, Don Gonsalvo ?
    — Non, Votre Excellence.
    La sueur coulait sur son visage et sa voix tremblait.
    — Je n’ai jamais touché Don Fernan. Je le jure. De même, je n’ai pas demandé qu’on le touche. Je n’aurais pu être plus étonné quand on m’a mis au courant. J’ai fait tripler la garde autour de ma maison – vous pouvez vous renseigner – parce que je pensais qu’il y avait des bandits dans les parages. Je n’aurais jamais songé à tuer Don Fernan.
    — Aussi étrange cela puisse-t-il paraître, Don Gonsalvo, je crois que vous n’y avez pas songé, effectivement. Mais personne n’y a pensé à votre place ?
    — Pardon, Votre Excellence ?
    Don Sancho leva la tête et regarda droit dans les yeux le propriétaire terrien.
    — Don Gonsalvo, s’il doit y avoir une autre affaire telle que celle-ci dans le diocèse de Barcelone ou dans tout autre diocèse de l’archidiocèse de Tarragone, des officiers seront envoyés en Avignon et en d’autres lieux afin de découvrir de nouvelles preuves – si besoin est – du rôle que vous avez joué dans le parjure de Norbert et dans la mort de Don Fernan et des autres. Je suggère qu’à partir de ce jour vous demeuriez sur vos terres et vous occupiez de vos vignes et de vos troupeaux au lieu de nuire à vos voisins. Me suis-je bien fait
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