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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice
Autoren: Caroline Roe
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vous procurer les documents ? Ils ne pouvaient vous servir, dans un sens comme dans l’autre.
    — C’est cet imbécile de Gonsalvo qui les voulait ! Vous les arracher devait me rapporter cinq maravédis.
    Il haussa les épaules.
    — Je me suis souvent demandé s’il était difficile de faire parler un homme. Je croyais que ce serait plus facile. Mais je n’ai pas les talents d’un bourreau professionnel.
    — Vous alliez lui donner les documents, prendre l’argent et revendiquer l’héritage ?
    — Il n’en méritait pas plus, dit Fortunat. Et si vous étiez mort comme vous l’auriez dû, cela aurait marché. Mon oncle me l’avait assuré.
    — C’est faux, intervint Galceran. Je n’aurais jamais suggéré un acte aussi hideux.
    Tomas, le marchand de friandises, observait chacun en silence, mais il abattit soudainement son poing sur la table.
    — Je sais où est allé Norbert. Il est devenu le précepteur de ce jeune seigneur.
    — Est-ce la vérité ? demanda Berenguer.
    — Oui, Votre Excellence, avoua Gilabert. Mon loyal et fidèle précepteur.
    — Et si ce prêtre est son oncle, ajouta Tomas, il doit aussi être le vôtre, Don Gilabert. Car Fortunat est le fils de votre pauvre tante – chacun le savait chez nous. Elle a payé Madalena dans notre village pour l’élever. Le prêtre doit être un autre de ses frères.
    — Elle n’en avait qu’un, dit Gilabert. Mon père. Et Don Galceran n’est certainement pas mon père. Je pourrais cependant émettre une hypothèse quant à sa descendance. Mon tourmenteur et lui-même sont comme deux galets d’un même ru.
    — Ce n’est pas le problème aujourd’hui, trancha Berenguer. Nous reviendrons là-dessus en temps voulu. Don Gilabert, vous avez été trahi, mais cela suffit. Le jeune Fortunat et son oncle seront jugés demain pour crimes contre l’Église, puis Fortunat sera livré au bras séculier pour ses crimes contre la Couronne. La vérité ne manquera pas de se manifester.
     
    — Dès l’instant où j’ai compris que Norbert pensait que sa lettre était destinée au vicaire général de Barcelone, tout devenait clair, affirma Berenguer.
    — Et la confession du meurtre ? demanda Isaac.
    — Quelqu’un a payé ce pauvre hère pour qu’il se parjure devant le tribunal pontifical. Probablement Gonsalvo de Marca, mais ce sera difficile à prouver.
    — Un parjure dans une affaire où l’accusé sera pendu s’il est condamné. C’est à juste titre qu’il se considérait coupable de meurtre.
    — Le sceau du document était inviolé. Il était persuadé de porter sur lui la condamnation de Gilabert.
    — Ç’aurait pu être le sens de ce document, n’est-ce pas ?
    — J’ai tiré parti d’un privilège épiscopal quelque peu douteux, Isaac, et j’ai rompu le sceau. Ce qu’on lui reprochait n’a jamais été très important, et la déclaration de Norbert différait tant des dépositions faites sous serment par les autres témoins qu’elle fut mise à l’écart.
    — Gilabert est donc innocenté ?
    — Oui. Pour la troisième et dernière fois. Cette affaire ne peut trouver d’autre tribunal.
    — Et votre chanoine ? Son seul crime est-il d’avoir commis une erreur de jeunesse qui est revenue le hanter ?
    — Ils sont certainement père et fils, admit Berenguer. Ils ont admis leur relation. Ils se ressemblent dans leur apparence extérieure, mais aussi dans leur façon de se faire passer pour l’innocente victime des machinations d’autrui.
    — Pour quelle raison ont-ils causé tant de malheurs ?
    — Par cupidité. Par amertume. On imagine que Galceran a eu la portion congrue du cadet. Si Fortunat avait choisi l’Église, il aurait pu se servir de son influence pour le conduire vers la prospérité, mais cette vie n’attirait pas le garçon. Il voulait les biens de ce monde. On a vu ces derniers temps nombre de familles manquer d’héritiers, et nul n’a contesté les plus minces prétentions à l’héritage. La leur n’était pas pire qu’une autre.
    — Sauf que deux hommes avaient de meilleures revendications que le jeune Fortunat.
    — Oui, mais grâce à l’avidité de son voisin Gonsalvo de Marca, le principal héritier était traqué, errant et sans épouse.
    — Comme un lièvre entouré par des chiens, dit Isaac. Un lièvre plein de ressource.
    Il se leva.
    — Le soleil va bientôt se coucher, Votre Excellence. Maintenant que nous avons retrouvé notre foyer, la loi
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