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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice
Autoren: Caroline Roe
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regardez-le ! Il ose me menacer avec ses juges quand ses dents sont encore noires de mon miel et de mes dattes.
    — Surveille ton langage, misérable fils de catin ! Je ne toucherais pas à tes immondices même…
    — Regarde, oncle Marc. C’est le marchand de sucreries ! Celui qui parle comme le moine.
    La petite fille dansait sur place d’impatience et d’excitation.
    — Et l’autre, celui qui a volé la date. Il parle tout comme lui. Vite, oncle Marc, avant qu’ils partent.
    Son regard se posa alors sur la silhouette familière du garde qui l’avait accompagnée au marché la semaine précédente.
    — Señor ! appela-t-elle. C’est cet homme-là. Et il y en a un autre comme lui. Dépêchez-vous !
    — Aide-moi à attraper ces deux individus, dit le garde à son collègue. Vite !
    — Qu’est-ce qui se passe ?
    — Don Arnau veut leur parler, expliqua le garde. Ne me pose pas de question. Demande plutôt à la petite.
     
    C’était presque l’heure du dîner quand Don Arnau réunit autour d’une table Fortunat, le marchand de friandises, la petite fille, Pere Vitalis et Ramon de Orta.
    — C’est un regrettable malentendu, murmura Galceran en prenant un siège à côté de son neveu. Je souhaite seulement mettre les choses au clair si vous m’autorisez à rester parmi vous.
    — De quel malentendu parlez-vous, Galceran ? lui demanda Don Arnau.
    — Parce que mes dattes, c’est un malentendu ? claironna le marchand.
    — Ah, fit Don Arnau, nous sommes là pour un tout autre problème. Nous nous occuperons plus tard de votre plainte, quelle qu’elle soit. Maintenant, mon brave homme, dites-moi d’où vous venez ?
    — J’ai une licence pour vendre à Gérone.
    — Je n’en doute pas. Nos officiers sont très vigilants à ce propos. Mais d’où venez-vous ? répéta-t-il.
    — D’un village près de l’Arboç. En Penedès.
    — Et vous parlez comme quelqu’un qui vient de là-bas ?
    — Je parle comme tout le monde chez moi. Pas comme les gens d’ici.
    Le secrétaire de Don Arnau entra dans la pièce et lui murmura quelque chose à l’oreille.
    — Tout le monde attend, Don Arnau, dit-il assez fort pour être entendu.
    — Ah, mon Dieu, fit le vicaire général, comme c’est difficile ! C’est l’heure du dîner, et nous avons des hôtes que nous ne pouvons négliger. Que puis-je faire ? demanda-t-il discrètement à son secrétaire.
    — Laissez partir tout le monde, Don Arnau, lui suggéra Galceran. Et demandez-leur de revenir avant vêpres. Nous réglerons le problème alors.
    — Je ne puis faire cela, rétorqua Don Arnau, enfin mis au courant du retour de Berenguer.
    Ses lèvres pincées révélaient son entêtement.
    — C’est trop important. Non. Nous dînerons tous ensemble.
    Il parcourut la pièce du regard.
    — Comme il n’y a pas assez de places à table pour tout le monde, les chanoines et moi-même nous joindrons à nos hôtes. Les autres pourront manger ici. Nous nous retrouverons une fois le repas achevé.
    — Et mon neveu ? demanda Galceran.
    — Il vaudrait peut-être mieux qu’il dîne en notre compagnie. Nous ne voulons pas que l’acrimonie gâche le repas de ce brave homme.
    Il sourit au marchand, murmura quelque chose aux gardes et s’en alla.
     
    Isaac et sa famille avaient été les premiers voyageurs à retrouver leur demeure. Ils avaient à peine eu le temps d’envoyer l’un des serviteurs étonnés chercher les jumeaux à la maison d’Ephraïm et de Dolsa que la cloche les avertissait déjà de l’arrivée de leur premier visiteur.
    — Je serai dans mon cabinet, prévint Isaac, et ne veux être dérangé que pour une question de vie ou de mort.
    — C’en est une, maître Isaac, dit une voix de l’autre côté du portail. Ma vie et ma mort, j’en ai bien peur. Si quelqu’un me laisse entrer, je vous expliquerai tout.
    — Ibrahim, ouvrez-lui.
    — Merci, maître Isaac. Je ne vous demanderai pas plus d’une minute, s’excusa Gilabert. Y a-t-il un endroit où nous puissions parler ?
    Isaac le conduisit dans son cabinet.
    — Maître Isaac, j’ai à la main deux documents scellés qui ne devraient pas se trouver sur moi. Pouvez-vous les garder jusqu’à ce que je les envoie à Barcelone ?
    — Très volontiers, Don Gilabert. Mais je pense que les documents en question devraient être remis à l’évêque. Apportons-les au palais avant que quelqu’un ne se rende compte que vous les détenez.
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