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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire
Autoren: Max Gallo
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fusillent.
    Et les avions alliés bombardent les gares, les villes
industrielles. Des centaines de morts sont retirés des décombres d’Ivry, de
Bois-Colombes, d’Asnières.
     
    Ce n’est pas de cela qu’on se soucie à Vichy.
    Le maréchal Pétain et son entourage hésitent encore à s’opposer
ouvertement aux Allemands.
    Le message que Pétain voulait, le 13 novembre, adresser
aux Français est toujours censuré par l’occupant.
     
    Le 2 décembre au soir, Maurice Sarraut, directeur du
journal radical La Dépêche de Toulouse , est assassiné alors qu’il
rentrait chez lui dans la banlieue de la ville.
     

     
    Il a été un des notables de la III e  République
et pouvait établir un lien entre l’État français et les républicains modérés
qui, en juillet 1940, ont voté les pleins pouvoirs à Pétain, mais qui, conscients
de la défaite allemande que tout annonce, veulent organiser la transition en
écartant de Gaulle et « ses » communistes.
    « C’était un grand Français en réserve », commente
le Maréchal.
    Ce crime ne peut profiter qu’aux « collaborationnistes »,
qui savent que leur sort est lié à celui de l’Allemagne nazie.
    Les soupçons se portent sur des miliciens de Darnand, qui n’ont
pu agir qu’avec l’assentiment ou même l’instigation des Allemands.
     
    Les automitrailleuses chargées de SS entrent à Vichy le 4 décembre
1943. À 11 heures du matin, elles prennent position devant l’hôtel du Parc.
    Les gardes mobiles, les policiers mêlés à des agents de la
Gestapo entourent l’hôtel.
    On assure que de forts détachements de la Wehrmacht occupent
les environs de la ville.
    D’une voiture escortée de motocyclistes de la Feldgendarmen
descend l’ambassadeur du Reich, Otto Abetz. Il remet au maréchal Pétain une
lettre du ministre des Affaires étrangères Ribbentrop.
    Le ministre doit faire connaître un ultimatum en cinq points
établi par le Führer.
     
    Abetz, durant l’entrevue avec Pétain qui dure une demi-heure,
les résume.
    Pas question de retour à la République. Laval est chargé de
remanier le gouvernement.
    « Aujourd’hui, redit Abetz, le seul et unique garant du
maintien du calme et de l’ordre public à l’intérieur de la France et par là
aussi de la sécurité du peuple français et de son régime contre la révolution
et le chaos bolcheviques, c’est la Wehrmacht allemande. Je vous prie de prendre
acte de ce que l’Allemagne saura sauvegarder ses intérêts dans toutes les
circonstances, d’une façon ou d’une autre. »
    Mais ajoute Abetz :
    « Le Führer vous laisse entièrement libre de tirer les
conclusions qui vous paraîtront utiles… »
     
    Pétain reste immobile, les mains posées l’une sur l’autre, les
avant-bras appuyés à son bureau, le buste droit.
    Il dit seulement à Abetz :
    « Je comprends parfaitement le sens de cette lettre et,
comme soldat, je ne peux admettre ce que vous exposez… Je vous demande de vous
revoir demain pour vous donner ma réponse… »
    Pétain paraît sûr de lui. Il confie à son entourage :
    « Décidément, les hitlériens sont de peu profonds
politiques et ce M. Laval est tout à fait ridicule de s’accrocher au
pouvoir. S’il croit que M. Churchill et les Américains voudront s’asseoir
à une table avec lui, il se trompe bien. Il m’empêchera de les recevoir, c’est
tout ce qu’il aura gagné. S’il était intelligent, il aurait saisi l’occasion de
s’envoler en Argentine ou ailleurs. »
     
    Le 5 décembre au matin, Pétain paraît encore résolu.
    « Je ne veux pas de M. Laval. Je n’ai pas
confiance en lui. Qu’il s’en aille… J’ai quatre-vingt-huit ans, je ne peux plus
longtemps admettre cette situation… »
    Mais au fil des heures et des jours, cette résolution s’effiloche.
Pétain revoit Abetz, reçoit Laval.
    « Laval est démoniaque, raconte Lucien Romier, ministre
d’État de Pétain. Il voit quatre fois par jour le Maréchal. Il faut constamment
défaire ce qu’il a fait. Je tourne la clef d’une montre sans ressort… Je n’en
puis plus. »
     
    Pendant ce temps, Marseille est bombardée par les Alliés. Le
nombre des victimes des raids aériens atteint plusieurs milliers. On évoque
même le chiffre de 30 000 victimes. Mais à l’exception de la presse
ultra-collaborationniste, la population semble accepter comme une fatalité
nécessaire que la guerre emporte la France dans un abîme de
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