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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire
Autoren: Max Gallo
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Rome, puis d’une
action dans le nord de la Norvège !
    Il sait que le chef d’état-major, le maréchal Brooke, a déclaré
à Téhéran, après avoir assisté à des conversations « militaires »
entre les Trois Grands :
    « J’ai envie de m’enfermer dans un asile de fous ou
dans une maison de retraite. »
     
    Churchill s’emporte :
    « Staline, lance-t-il, a de la chance de pouvoir faire fusiller
tous ceux qui sont en désaccord avec lui ! Et il a utilisé beaucoup de
munitions à cet effet ! »
    La respiration tout à coup lui manque, la fièvre et une
pneumonie le terrassent. On le transporte à Carthage.
    Le 15 décembre, alité, il dit à sa fille Sarah :
    « Ne t’inquiète pas. Si je meurs maintenant, c’est sans
importance. Tous les plans ont été faits pour la victoire, et ce n’est plus qu’une
question de temps. »
     
    Mais cet homme de soixante-neuf ans est indestructible. Il a
passé quelques jours alité à Carthage, puis il gagne Marrakech où il reprend
une activité fébrile.
    Il se déchaîne contre de Gaulle qui, à Alger, président du Comité
Français de Libération Nationale , serait responsable de l’arrestation de
trois anciens vichystes, ministres ou gouverneurs de territoires coloniaux.
    Churchill défend ces hommes – Pierre-Étienne Flancin, Peyrouton,
Boisson – accusés de collaboration avec l’ennemi.
    Le Premier ministre anglais avertit Roosevelt, dont il
connaît les sentiments sur de Gaulle.
     
    À Téhéran, Roosevelt s’est souvent exprimé, condamnant de
Gaulle, ce militaire traditionnel qui « agit comme s’il était à la tête d’un
grand État alors qu’en réalité il n’a guère de pouvoir ».
    Staline a partagé ce point de vue.
    Roosevelt a même confié à ses généraux chefs d’état-major qu’il
voyait la France ravalée pour plusieurs décennies à une condition inférieure. Et
l’amiral Leahy – ancien ambassadeur des États-Unis auprès de Pétain –
prédit même qu’il y aura, après la fin des hostilités, une guerre civile en
France.
    Roosevelt approuve et ajoute :
    « Il se pourrait fort bien que nous soyons obligés de
maintenir certaines divisions en France. […] Il faudra peut-être un État tampon
entre l’Allemagne et la France. Il pourrait s’étendre du nord de la France, disons
Calais, Lille et les Ardennes, jusqu’à l’Alsace et la Lorraine – en d’autres
termes, de la Suisse jusqu’à la Côte. »
    Cela correspond presque exactement à la « zone
interdite » créée par les autorités allemandes.
    Mais cela ne trouble pas Roosevelt.
    Pour lui, « le général de Gaulle est un soldat, un
patriote certes, dévoué à son pays, mais c’est un politique, un fanatique et je
crois qu’il a pratiquement tout du dictateur ».
    Ce jugement de Roosevelt porté après la conférence de
Casablanca en janvier 1943 est encore plus sévère en décembre.
    De Gaulle, en menaçant d’arrestation les personnalités
vichystes, montre qu’il veut s’emparer du pouvoir.
    « Le moment est venu d’éliminer de Gaulle », dit
Roosevelt.
    Et Churchill partage ce point de vue :
    « Il est essentiel que nous soutenions le Président »,
dit le Premier ministre anglais.
    « De Gaulle est arrogant, il est égoïste, poursuit
Churchill. Il se prend pour le centre de l’univers. »
    « Je vous assure que cet individu ne reculera devant
rien s’il a des forces armées à sa disposition. »
     
    La tension entre de Gaulle et les Anglo-Américains est en ce
mois de décembre 1943 à son comble. Les trois vichystes ont été arrêtés.
    Mais la situation est délicate pour Roosevelt et Churchill. C’est
le Comité Français de Libération Nationale , représentatif de la
Résistance, qui a ordonné leur arrestation.
    Et le Conseil National de la Résistance est à l’origine
de cette mesure.
    Alors, en réaliste, Roosevelt recule et Churchill le suit.
    « Le Président, note MacMillan, le ministre anglais en
poste à Alger, a complètement abandonné la partie. Pas d’ultimatum au Comité
Français et à de Gaulle. C’est à nous, diplomates, qu’est laissé le soin de
traiter du problème des procès politiques. Un véritable triomphe ! »
     
    C’est aussi un triomphe pour de Gaulle.
    À Alger, il reçoit à la villa des Glycines, le 27 décembre
1943, le général américain Eisenhower qui a été choisi comme commandant en chef
des troupes engagées pour l’opération Overlord. Il
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