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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire
Autoren: Max Gallo
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engagé sur rien de précis, concernant la Pologne,
le partage de l’Allemagne, le sort des pays d’Europe centrale.
    Il a promis de prendre part à la guerre contre le Japon
après la capitulation allemande, mais les conditions de cette participation
restent à définir.
    Le communiqué officiel se borne à proclamer :
    « Nous avons harmonisé nos plans pour la destruction
des forces allemandes… Notre offensive sera impitoyable et multiple. »
    Derrière ces mots vagues, il n’y a ni Overlord ni un
second débarquement envisagé dans le sud de la France.
     
    Staline, alors qu’on apporte deux pyramides de crème glacée,
salue « Churchill, mon partenaire dans la guerre et mon ami, enfin si l’on
peut appeler M. Churchill un ami ».
    On rit.
     
    Staline traverse la salle, trinque avec le Premier ministre
anglais en lui passant le bras autour des épaules.
    Et Churchill, levant son verre, lance d’une voix forte :
    « Au grand Staline. »
     

     

 
37.
    Staline, dans l’avion qui vient de quitter Téhéran, ce 2 décembre
1943, paraît somnoler.
    Mais derrière ses paupières mi-closes, il aperçoit le crâne
chauve de Beria, la large nuque de Molotov.
    De temps à autre, ces deux-là, qui le connaissent bien, se
tournent vers lui.
    Ils sont sur leurs gardes. Ils savent que leur vie est entre
les mains du camarade Staline.
    Un battement de paupières peut décider de leur sort.
     
    Il est le grand Staline !
    Il se repaît de ces deux mots lancés par Churchill, ce vieux
conservateur antibolchevique qui trouvait dans les années 1930 que Mussolini
était le plus grand chef d’État du XX e  siècle, et osait alors
faire l’éloge du fascisme.
    Aujourd’hui, il lève son verre à la santé du « grand
Staline » et il honore le peuple de Stalingrad.
     
    Les vapeurs de l’orgueil envahissent l’esprit de Staline.
    À Bakou, il quitte son uniforme de parade, bon pour M. Churchill
et M. Roosevelt.
    Il remet son grand manteau sombre, ses bottes souples, sa
casquette. Churchill était ridicule avec ses insignes de pilote de la RAF !
    Quant à Roosevelt, Staline a le sentiment qu’il a berné ce
patricien et ce politicien paralytique.
     
    Il les a vaincus.
    Dans le train qui le conduit de Bakou – où l’avion s’est
posé – à Stalingrad, le Maréchal éprouve un sentiment d’ivresse.
    Lui, le Géorgien, les a dominés comme il avait imposé sa loi
à ces vieux bolcheviks léninistes, écartés, soumis, fusillés !
    Qui peut lui résister ?
    Il regarde défiler les amoncellements de ruines qui
constituent Stalingrad. Il entre dans ce qui fut le quartier général de Paulus.
    Maintenant, ce Feldmarschall parle à la radio du Comité de l’Allemagne
Libre.
    Qui peut résister au grand Staline ?
     
    Il donne son accord à Beria pour que les populations des
territoires libérés soient épurées de tous ceux qui n’ont pas, pendant l’occupation
allemande, montré leur fidélité à l’Union soviétique.
    Beria estime qu’il devra arrêter, déporter près d’un million
et demi de personnes.
     
    En Ukraine, des bandes de nationalistes ukrainiens attaquent
l’armée Rouge et, comme la famine règne, que les habitations sont détruites, le
mécontentement gonfle les rangs des ennemis du pouvoir soviétique.
    Même chose au Caucase, en Crimée, en Biélorussie. On s’en
prend même aux Juifs survivants !
    Il faut se méfier aussi des Tchétchènes, des Kalmouks, des
Tatars, de tous ces peuples non russes : une partie d’entre eux avait été
déplacée dès 1941 ; il faut tous les déporter !
    Staline approuve. La terreur est le seul remède efficace. Il
faut fusiller sans remords.
     
    Sa voiture roule dans les rues de Stalingrad, ces sortes de
vallées entre les ruines.
    Elle heurte un véhicule militaire dont la conductrice se met
à trembler, à sangloter, quand elle reconnaît le grand Staline.
     
    Staline s’approche de la jeune femme.
    « Ne pleurez pas, voyons, dit-il. Ce n’est pas votre
faute. Tout ce qui arrive est cause de la guerre. Notre voiture est blindée et
n’a subi aucun dommage. Vous n’avez plus qu’à faire réparer la vôtre. »
     
    « Ce Staline est un homme anormal », dit Churchill
qui a regagné Le Caire, le 2 décembre 1943.
    Le Premier ministre est fiévreux, mais refuse de céder à la
maladie.
    Il convoque les généraux, leur demande d’étudier la
possibilité d’un nouveau débarquement en Italie, à Anzio, près de
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