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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort
Autoren: Caroline Roe
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peut-être pas de l’abandonner.
    — C’est très vrai, ma mie. C’est ce que je ferai dès que quelqu’un aura trouvé Yusuf.
     
    — Je n’irai pas à Perpignan, maman, annonça Raquel. J’ai beaucoup à faire, et je ne repousserai pas une fois de plus mon mariage. Daniel croirait que je ne désire plus l’épouser.
    — C’est absurde. Il sait très bien que tu veux te marier.
    — Et puis je ne veux pas vous laisser seule.
    — Je ne suis pas malade, Raquel. Et j’ai Naomi auprès de moi. Pars avec ton père.
    — Daniel a été absent pendant des mois et il vient seulement de rentrer. Il est cruel de devoir le quitter aussi vite.
    — Vous aurez toute la vie ensemble, ma chérie. Et réponds au portail, je t’en prie. S’il faut attendre qu’Ibrahim s’en charge, nos visiteurs seront repartis depuis longtemps.
    — Oui, maman, dit Raquel d’un air mutin.
     
    Au portail se tenait une femme au physique élancé, vêtue d’une robe sombre et entourée de tant de voiles qu’elle en était à peine visible. Derrière elle, une servante avait l’air de s’ennuyer ; retenu par une épingle unique plantée dans la masse de ses cheveux, son voile faisait contraste avec celui de sa maîtresse.
    —  Hola, Raquel, lança la femme voilée. C’est Bonafilla, la fille d’Astruch.
    — Bonafilla, répéta Raquel, surprise. Bienvenue dans notre demeure. Quel plaisir de vous voir ! Et permettez-moi d’être la première de notre famille à vous souhaiter beaucoup de bonheur.
    — Vous êtes au courant, murmura Bonafilla en se faufilant comme un chat par le portail entrouvert.
    Judith abandonna son ouvrage, se leva et vint ajouter ses vœux à ceux de sa fille.
    — Si vous voulez bien m’excuser un instant, Raquel va s’occuper de vous. J’ai certaines choses à faire avant le retour de mon époux.
    Raquel ouvrit la bouche, mais le regard impitoyable de sa mère balaya d’emblée toute objection. Elle pria la visiteuse de s’asseoir sous les arbres.
    — N’en faites pas trop, maman, dit Raquel. Il fait chaud. Ma mère ignore ce qu’est le repos, ajouta-t-elle en guise d’explication avant d’attendre une éventuelle réponse de la part de Bonafilla.
    Ce fut le silence, à l’exception du pépiement des oiseaux dans les arbres et du ronronnement de Feliu, le chat, qui venait de sauter sur les genoux de Raquel.
    — Alors, vous êtes tout excitée ? reprit enfin Raquel. Moi, je l’étais terriblement dans un premier temps, mais j’étais aussi un peu nerveuse.
    — J’ai peur, fit-elle d’une voix à peine audible.
    — Bonafilla, retirez votre voile. Je vous en prie. Comment puis-je vous parler si je ne vous vois ou ne vous entends ? Vous devez avoir très chaud.
    La jeune femme défit le premier voile, celui qui la recouvrait de la tête aux hanches, et le laissa tomber sur le banc. Dessous, un autre dissimulait sa chevelure et une partie de son visage.
    — Pourquoi vous voilez-vous ainsi ?
    — Je n’aime pas être sous le regard d’étrangers quand je sors.
    — Ici, dans le Call ? Mais tout le monde vous connaît déjà !
    — On me regarde comme s’il y avait quelque chose de terrible en moi, chuchota-t-elle.
    — Enfin, Bonafilla, c’est absurde. Je vous promets que nul ne vous dévisagera ici.
    Elle repoussa le second voile sur ses épaules.
    — Voilà qui est mieux, approuva Raquel. Je suis heureuse de voir que c’est vraiment vous. Vous avez dit que vous aviez peur. Pourquoi ?
    — Vous n’auriez pas peur, à ma place ? Je suis censée épouser un homme et je ne l’ai pas encore rencontré. On m’a adressé un portrait de David, mais une image ne dit pas tout. Mon père a décidé notre union il y a longtemps.
    — Seriez-vous amoureuse d’un autre ?
    — Un autre ? Non ! s’écria-t-elle. Je ne veux pas épouser un étranger dans une cité lointaine, c’est tout. Je regrette parfois de ne pas être chrétienne, Raquel, je pourrais me faire religieuse et échapper au mariage.
    — Je crois que les jeunes filles chrétiennes pour qui les parents ont organisé un bon mariage ont du mal à entrer au couvent, lui fit remarquer Raquel. Après tout, leurs dots les suivent.
    — Je n’y avais pas songé, dit Bonafilla d’un air vague. Père et moi devons aller à Perpignan au début du mois prochain, seuls, à l’exception de mon incapable de frère et d’Ester, ma servante, aussi réconfortante qu’un bloc de glace en hiver.
    Elle
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