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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort
Autoren: Caroline Roe
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ainsi que votre fille, Raquel, pourront vous accompagner, sans oublier votre apprenti.
     
    — Vieil ami ou pas, Isaac, je n’irai pas à Perpignan. Il n’en est pas question, trancha Judith.
    — Mais pourquoi, maman ? demanda Raquel. Ce n’est pas loin. C’est même plus près que Tarragone. Nous ne serions sur la route que deux ou trois nuits. Et nous dormirions chez des amis ou des connaissances, pas à l’auberge.
    — Termine la lettre, Raquel. Tu discuteras plus tard de la réticence à voyager de ta mère, dit Isaac.
    — Oui, papa. Mais c’est plutôt moi qui aurais des raisons de refuser de m’éloigner. Daniel vient tout juste de rentrer.
    — Termine la lettre.
    — Il ne reste plus grand-chose. Il écrit seulement : « Le messager doit regagner Perpignan. Nous vous prions de le charger de votre réponse. » Papa, j’ai oublié de dire que le messager repassera demain matin.
    — Raquel devrait sans retard rédiger vos excuses, dit Judith. Ainsi la lettre sera-t-elle prête quand l’homme reviendra.
    — Je vais lui apporter quelques-unes de mes nouvelles médications, dit Isaac. Ainsi qu’un flacon de notre puissant remède contre la douleur. Mais nous n’en avons pas assez en réserve : il faudra nous mettre au travail dès demain matin, Raquel. Je demanderai à Yusuf de sortir à l’aube pour cueillir des plantes.
    — Vous n’avez tout de même pas l’intention d’aller à Perpignan ? s’indigna Judith. Que faites-vous de Son Excellence ? Et imaginez qu’il nous arrive quelque chose…
    — Son Excellence est en parfaite santé. Vous aussi, d’ailleurs. Nous partirons le premier lundi du mois, le mariage n’ayant lieu que huit jours plus tard, et nous rentrerons dès le lendemain matin. Si Astruch Afaman désire rester plus longtemps pour s’assurer que sa fille est bien installée, nous ferons seuls le voyage. De toute façon, nous serons à la maison vendredi, bien avant le sabbat. Nous serons partis onze jours tout au plus, ma mie.
    — Pourquoi maman ne serait-elle pas en excellente santé ? s’étonna Raquel. Elle n’est jamais malade. Bien que vous n’ayez pas l’air tout à fait vous-même ces jours-ci, maman. Je ne partirai certainement pas si vous n’êtes pas bien.
    — Je n’ai rien, dit sèchement Judith. Sauf que…
    Les yeux de sa fille étaient posés sur elle, et Judith rougit soudain. Elle reprit son ouvrage et se pencha pour dissimuler son visage.
    — Je porte un enfant.
    — À votre âge ? fit Raquel, étonnée.
    — Comment cela, à mon âge ? Je ne suis pas si vieille que ça, Raquel. J’avais quinze ans quand j’ai épousé ton père, et Rebecca… je veux dire tu es née trois ans plus tard. Ai-je donc l’air d’une matrone ?
    — Nullement, maman, s’empressa de répondre Raquel. Pour moi, vous ressemblez plus à une sœur aînée qu’à une mère. C’est d’ailleurs l’avis de tous. Mais comme je vais me marier, cela paraît bizarre, voilà. Même si un tel événement se produit souvent. Après le mariage de Hannah, sa mère a eu deux bébés… ajouta-t-elle d’une voix qui trahissait encore sa stupéfaction d’alors.
    — Dans ce cas, il vaut mieux que tu t’y habitues.
    — Comment vous sentez-vous ?
    — Très bien. Barbouillée par instants, plutôt lasse à d’autres, mais très bien tout de même. Ce qui ne signifie pas que j’ai envie de me laisser ballotter sur une mule jusqu’à Perpignan et de revenir par le même moyen.
    — C’est pourtant ce que fait Sa Majesté la reine. Elle semble porter un enfant la moitié du temps, et néanmoins elle parcourt tout le royaume.
    — C’est que sa mule est meilleure que la mienne, lâcha Judith d’un ton acerbe. Et puis, un escargot irait plus vite que la procession royale quand elle se rend de ville en ville.
    — Eh bien, entre mon mariage et votre bébé, la couture ne va pas manquer. Miriam a intérêt à faire des progrès à l’aiguille. Je ne puis tout faire moi-même. Et distiller des élixirs pour papa.
    — Il nous faudra une autre servante, répliqua Judith d’une voix menaçante.
    — C’est ce que je suggère depuis quelque temps, intervint Isaac. Nous en trouverons une à notre retour de Perpignan. Pardonnez-moi si je vous quitte, ma mie, mais j’ai envie de revoir le jeune Jacob. Je veux savoir pourquoi il me tient en si grande amitié.
    — Vous devriez commencer par vous rendre chez l’évêque. Il ne vous permettra
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