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Une irrépressible et coupable passion

Une irrépressible et coupable passion

Titel: Une irrépressible et coupable passion
Autoren: Ron Hansen
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demi-douzaine d’illustrateurs indépendants.
    « Pourrait-il y avoir un autre mobile que le
cambriolage ? avança Gautier. Quelqu’un aurait-il pu être à la recherche
de documents ou d’un article particulier ? »
    Ruth répondit qu’elle ne savait pas pourquoi les
cambrioleurs semblaient avoir fouillé aussi méthodiquement la maison. Elle
n’avait pas connaissance de papiers secrets ou de quoi que ce soit qu’Albert
aurait pu y cacher. Pourquoi ?
    « La maison est sens dessus dessous, exposa Gautier. On
dirait que les cambrioleurs ont saccagé au lieu de voler. Comme s’ils avaient
retourné la maison pour simuler un cambriolage, alors que leur seul objectif
était le meurtre. » Ruth était certaine qu’Albert n’avait pas d’ennemis,
même si elle se souvint que trois semaines plus tôt, lors d’une soirée bridge,
il avait accusé un type râblé de lui avoir volé son portefeuille et
soixante-quinze dollars. Un dénommé George Hough. Très marrant, bien que
parfois lourdaud. La trentaine. Et la veille au soir, rapporta Ruth à Gautier,
à nouveau chez Milton et Serena Fidgeon, Hollis Court Boulevard, à nouveau lors
d’une soirée cartes – du bridge, elle était très mauvaise –, Albert
avait trop bu et il y avait eu une autre altercation, et George avait glissé à
Ruth qu’il « tuerait volontiers ce vieux crabe. » Mais bien sûr,
comme elle l’avait déjà dit, on avait beaucoup bu et il était sans doute
simplement en rogne.
    Elle raconta à Gautier qu’Albert et elle dormaient quand
elle avait entendu le plancher grincer dans le couloir. Elle s’était figurée
que c’était Lorraine et s’était levée pour s’assurer que sa fille allait bien,
quand un colosse l’avait tout à coup saisie à la gorge et assommée. Elle
n’avait jamais vu son agresseur auparavant. Une dégaine d’italien, avec une
grosse moustache noire. Un autre homme avait crié quelque chose dans une langue
qu’elle n’avait pas comprise, peut-être de l’italien, et elle allait recevoir
un deuxième coup quand elle s’était évanouie. Elle n’avait pas d’autre souvenir
avant le moment où elle était revenue à elle, vers sept heures et demie du
matin.
    Non, elle n’avait pas idée d’où George Hough logeait. Dans
le New Jersey, elle supposait, car il y faisait souvent allusion. Il avait,
crut se remémorer Ruth, parlé de passer la nuit à l’hôtel Commercial de Jamaica
ce soir-là, car les trains étaient rares à cette heure-là.
    Gautier lui demanda si elle possédait des objets de grande
valeur et elle mentionna sa boîte à bijoux, qui contenait des bagues serties de
pierres précieuses, des broches et des bracelets en or ou en argent, un superbe
collier de perles et des boucles d’oreille en diamant de quatre carats. Elle
avait aussi suspendu son étole en renard et son manteau en vison dans la
penderie de l’entrée. Et Albert se baladait en général avec une centaine de
dollars dans son portefeuille.
    « Pourquoi avez-vous un pistolet chez vous ?
    — Al l’a acheté l’année dernière à cause de ce
monte-en-l’air qui fauchait des T. S. F. »
    Ledit « voleur de radios », comme on le
surnommait, venait d’être exécuté à Sing Sing après avoir tué un policier.
Gautier referma son calepin, exprima encore toute sa sympathie à Mrs Snyder,
puis envoya des enquêteurs questionner Mr M. C. Fidgeon, Hollis Court
Boulevard, cueillir George Hough à l’hôtel Commercial de Jamaica et retrouver
Cecil, le frère de George qui, selon Ruth, résidait à Far Rockaway. Enfin, il
pria une sténographe mâchant du chewing-gum d’enregistrer la déposition de
Mrs Snyder.
    « Moi aussi, j’étais sténo, avant, confia Ruth à la
jeune fille avec un sourire. À Cosmopolitan. »
    Sur le porche, des dames du voisinage se tordaient le cou
pour voir à l’intérieur et lorsqu’un policier vint les en chasser, elles lui
signalèrent qu’un bel inconnu bien habillé avait été aperçu en train de rôder
aux abords de chez les Snyder une nuit, environ deux semaines plus tôt, et
aussi qu’un simple d’esprit de dix-neuf ans, qui vivait avec sa mère à quelques
rues de là, avait déjà été en surpris en train d’épier aux fenêtres du
rez-de-chaussée. Et l’hôpital psychiatrique de Creedmoor était à moins d’un
kilomètre de là, plus à l’est.
    Le policier remercia ces dames pour ces renseignements et les
reporters des faits divers s’en
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