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Une irrépressible et coupable passion

Une irrépressible et coupable passion

Titel: Une irrépressible et coupable passion
Autoren: Ron Hansen
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même les yeux quand il passait dans le couloir.
    — Vous pourriez me donner une idée du genre d’homme que
c’était ? »
    S’efforçant de ne pas dénigrer le défunt, Mrs Brown ne
dit que du bien de son beau-fils : il était intelligent, artiste, féru de
musique classique, costaud, bricoleur et travailleur, bon père de famille,
fervent sportif et il avait d’innombrables hobbies, ainsi qu’un rire cordial et
contagieux. Mais il avait la tête près du bonnet, ainsi que des habitudes et
des manies de vieux garçon, alors que Ruth était, après tout, encore jeune et
pleine de vitalité.
    « Y avait-il des dissensions conjugales ? »
s’informa McLaughlin.
    La mère de Ruth fronça les sourcils.
    « Mon anglais n’est pas toujours si bon.
    — Votre fille et Albert. Ils s’entendaient mal ?
    — Oh, comme la plupart des gens. »
    Convaincu qu’elle n’avait rien à voir avec le meurtre,
McLaughlin se contenta de téléphoner à l’invalide qu’elle veillait à Kew
Gardens, et Mr William F. Code confirma que son aide-soignante était
bien chez lui toute la nuit. McLaughlin emmena Mrs Brown rejoindre sa petite-fille
de l’autre côté de la rue, chez les Mulhauser, mais avant d’en repartir, il
entraîna Lorraine au petit salon. Assis à sa gauche sur le canapé, il passa en
revue les souvenirs de la fillette relatifs à la soirée bridge du samedi et au
remue-ménage du dimanche. Comme il n’y avait pas d’autres enfants chez les
Fidgeon, Lorraine avait lu des numéros du magazine Motion Picture tantôt
seule, tantôt avec sa mère, pendant que les grands jouaient aux cartes. Il y
avait eu des cris, mais papa était toujours comme ça quand il y avait à boire.
Elle s’était endormie dans la voiture sur le chemin du retour et elle ne se
rappelait pas comment elle s’était couchée tant il était tard et tant elle
était fatiguée. Et au matin, elle avait découvert sa mère ficelée par terre
dans le couloir.
    « On ferme souvent ta porte à clé, la
nuit ? »
    Lorraine indiqua que non de la tête.
    « C’est ta mère qui l’a fermée ?
    — Je suppose, acquiesça Lorraine. C’est elle qui
s’occupe de moi.
    — Et ton père, jamais ? »
    La fillette haussa les épaules.
    « Papa a toujours des choses à faire. »
    McLaughlin nota qu’elle parlait encore de lui au présent. On
ne l’avait pas prévenue.
    « Ils s’entendent bien, ton papa et ta maman ?
    — Je ne sais pas. Ils se chamaillent tout le temps.
    — Tu pourrais me répéter ce qu’a dit ta mère quand tu
l’as retrouvée ? »
    Lorraine le lui répéta.
    « Si tu devais hasarder une explication, à ton avis,
pourquoi ta mère n’a pas voulu que tu lui détaches les mains et les
pieds ? Et pourquoi elle t’a d’abord envoyé chercher
Mrs Mulhauser ? »
    Lorraine réfléchit, puis déclara :
    « Elle voulait qu’une grande personne la voie comme ça.
    — Et pourquoi ça ?
    — Parce que c’était important.
    — Important pour qui ?
    — Pour vous. La police.
    — Tu es maline, toi », lâcha McLaughlin, en lui
tapotant gentiment le genou gauche, avant de se lever.
    Au rez-de-chaussée de la maison des Snyder, les enquêteurs
de la brigade cambriolages dégottèrent de l’argenterie Chambly, un vase Lalique
et de la cristallerie de Baccarat de valeur, alors que les manteaux d’hiver
avaient inutilement été arrachés des cintres dans la penderie et les coussins
en chintz du canapé à fleurs éparpillés. Même une marine à l’huile signée
Albert Snyder avait été décrochée du mur et expédiée à travers la pièce.
    « Qu’est-ce que ces gus pouvaient bien chercher ?
s’étonna un journaliste des faits divers.
    — Ma femme trouve de la petite monnaie sous les
coussins du canapé chaque fois qu’elle passe l’aspirateur », répliqua un
de ses collègues.
    Sur la table de la cuisine trônait un verre rempli de
scotch, tellement poisseux d’empreintes digitales qu’il fut à peine nécessaire
de recourir à la poudre de graphite. Un billet d’un dollar traînait à côté, tel
un pourboire à l’intention d’un barman. Les reporters n’arrêtaient pas de faire
tinter les casseroles, les poêles et les couverts qui jonchaient le linoléum.
La porte de la cuisine n’avait pas été forcée et celle de l’entrée comme les
doubles-fenêtres étaient verrouillées, de sorte qu’on paraissait avoir laissé
entrer les agresseurs. Et des cigarettes Sweet
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