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Une irrépressible et coupable passion

Une irrépressible et coupable passion

Titel: Une irrépressible et coupable passion
Autoren: Ron Hansen
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et un dollars sur le compte de Judd à la prison, et il demanda
que quinze dollars sur cette somme fussent affectés à un repas de premier choix
avec du poulet rôti et toutes les garnitures habituelles pour les dix autres
condamnés du couloir de la mort, puis fit don des six dollars restants à Dixie
Baldwin, un nègre qui n’avait ni amis, ni famille, ni les moyens de se payer
des cigarettes. Lorsqu’on le mit au courant, Dixie en pleura.
    Lawes reçut vingt-cinq lettres de femmes se proposant de
mourir à la place de Mrs Snyder, une autre signée « La Tête de
Mort », de la part d’un homme qui menaçait de le tuer si Ruth était
exécutée, et une dernière d’un groupe de Washington qui s’appelait
« l’Union des âmes sœurs » et souhaitait que Lawes permît à Ruth et à
Judd de coucher ensemble pour la dernière nuit de leur vie.
     
    Le 12 janvier, Judd se réveilla à neuf heures moins le
quart, déjeuna, lut la Bible et se fit examiner par le Dr Charles Sweet.
Comme il paraissait plus calme et résigné que Ruth, on l’informa qu’il lui
succéderait sur la chaise électrique – la place la moins enviable. Judd
rédigea des mots de remerciements à tous ceux qui l’avaient aidé, et onze
lettres pour Jane, une pour chaque anniversaire jusqu’à ses vingt et un ans. On
lui servit du thé quand Isabel lui rendit visite ; puis ce fut le tour de
Mrs Gray et de Mr et Mrs Harold Logan, et enfin de Samuel
Miller, son avocat. Ils prirent des dispositions en vue de l’enterrement de
Judd au cimetière Rosedale, à East Orange, dans le New Jersey. Sa mère jura aux
journalistes qu’il était toujours « le gentil garçon qu’il avait toujours
été. Ce n’est pas un vrai criminel. Il a simplement été entraîné par les
événements. »
    En se rendant dans l’aile ouest, Judd eut finalement
l’occasion de voir les condamnés avec qui il avait partagé ses huit mois
d’incarcération et de leur serrer la main, détendu, tel un vieux de la vieille
prenant enfin une retraite méritée. Certains prisonniers en eurent les yeux
embués de larmes, d’autres lui remontèrent le moral. Même les gardiens
s’exprimaient d’une voix rauque d’émotion.
    Judd sortit jouer au handball dans la cour avec le pasteur
Anthony Peterson et remporta trois parties sur trois. À six heures, il eut
droit à du bouillon de poule, du poulet rôti, de la purée, du céleri, des
olives farcies et de la glace à la vanille – non qu’il eût commandé un tel
dîner ; c’était seulement le menu « spécial » du pavillon de la
mort. Judd songea que, neuf mois plus tôt, il eût arrosé le tout de whisky ou
de gin et fini sur un cognac, mais en l’occurrence, il se contenta d’un café et
d’un cigare pour digérer.
    Le barbier de la prison, un détenu du nom de Vincent De
Stefano, qui avait appartenu à la mafia, se présenta pour raser Judd et le
gratifier d’une tonsure d’un peu moins de dix centimètres destinée à
l’électrode.
    « Vous buvez, Vincent ? s’enquit Judd.
    — Oui – mais pas ici.
    — Dans ce cas, quand vous sortirez, buvez un coup pour
moi. Portez joyeusement un toast à ma mémoire. »
    Un surveillant de prison affirma au New York Times  :
« Personne dans le pavillon de la mort n’a jamais fait montre d’un
comportement aussi digne et posé que Gray. »
     
    Quand elle se réveilla à neuf heures et demie ce matin-là,
Ruth eut vent d’une rumeur erronée selon laquelle un juge du tribunal d’appel
lui avait accordé un sursis afin qu’elle pût témoigner contre la Prudential
Life Insurance Company. Elle avala un copieux petit déjeuner composé de
porridge, de jus d’orange, de toasts et de café, puis, en guise d’exercice, fut
autorisée à aller et venir dans le couloir désert en chantant des morceaux
populaires gais, tels que Ain’t She Sweet, My One and Only, ‘S Wonderful ou Thou Swell. Le Dr Sweet examinait Ruth lorsque Lewis Lawes, le
directeur, entra pour prévenir sa prisonnière que la rumeur était fausse, mais
quand il constata à quel point Ruth était heureuse, il n’en eut pas le cœur.
    Cette après-midi-là, Mrs Brown et Andrew, le frère de
Ruth, furent conduits jusqu’à la cellule du pavillon de la mort une première
fois et l’on rit, on échangea avec tendresse de bons souvenirs et Ruth prodigua
ses consignes maternelles à l’intention de Lorraine. Mrs Brown embrassa sa
fille sur le front avec l’espoir que
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