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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora
Autoren: Halter,Marek
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de
crapauds. Ceux-là, ils gonflent sous le soleil et éclatent avec des pets de
démon. Ça pue à nouveau, à en mourir ! Ce n’est pas fini, attends :
les moustiques, la grêle, les sauterelles ! Les saisons changent et
chacune apporte sa calamité sur la tête de Pharaon. Comment faire du commerce
dans un pays pareil ? Je me suis enfui avec ce qui me restait alors qu’on
ne voyait plus le soleil. Trois jours de nuée sur tout le pays. Trois jours de
nuit ! Qui pourrait le croire ? Ah, si je ne l’avais vu de mes yeux,
je ne le croirais pas !
    Jethro riait. Un rire si grand, si
joyeux, que le marchand en fut offusqué.
    Quand il reprit son souffle, mon père me
lança un regard qui signifiait : « Tu vois, ma fille !
N’avais-je pas raison ? » Moi, je serrais bien fort mes mains l’une
contre l’autre pour les empêcher de trembler.
    Au marchand, Jethro, sérieux à nouveau,
demandait :
    — Que fait Pharaon pour se soulager
de tous ces malheurs ?
    — Oh rien ! Pour ce qu’on en
sait, rien du tout. Il a fait dire au peuple que ces choses passeront. Que ce
sont des tours de magie et que ses prêtres en viendront à bout.
    — Ah ! s’étonnait Jethro, la
mine narquoise, clignant de l’œil vers moi, la barbe frémissante.
    — Oui, je pense comme toi,
grommelait le marchand. Peut-être bien qu’elles passeront, ces magies, mais au
train où elles vont, Pharaon risque bien de passer avec elles !
    — Et sait-on pourquoi tout cela
advient ? Il y a une cause aux choses ordinaires. Il y en a certainement
une aussi pour les extraordinaires.
    — Bah ! On dit tout et son
contraire. On dit : c’est Amon, le dieu de Pharaon, qui se fâche contre
lui car il s’est dressé contre celle qui fut Pharaon, son épouse et sa tante,
et qu’Amon protégeait. On dit aussi que c’est à cause des esclaves. Mais, je te
le demande, comment des esclaves pourraient-ils accomplir ces prodiges ?
Ils piétinent la boue des briques, voilà ce qu’ils font, les esclaves.
    Le lendemain, Jethro convia la maisonnée
sous son dais et raconta les prodiges d’Égypte. Le nom de Moïse revint sur
toutes les lèvres. On me fêta :
    — Ah, que tu dois être fière et
heureuse d’être l’épouse de Moïse, la mère de ses fils !
    Je l’étais, oui, je l’étais. Et plus
malheureuse encore d’être si loin, si séparée de lui.
    Il y eut d’autres caravanes. Les
marchands maintenant fuyaient l’Égypte, chacun roulant des yeux pour conter de
nouveaux prodiges et s’en effrayer.
    — Les esclaves se sont trouvé un
chef qui est presque un dieu. Il s’appelle Moïse, et c’est lui qui inflige ces
plaies à Pharaon, car il veut conduire tous les fils d’Israël hors d’Égypte.
    Dans Madiân, on commença à se souvenir
que ce Moïse avait été accueilli dans la cour de Jethro et qu’il était devenu
son gendre, le mari de sa fille kouchite. Les visiteurs affluèrent pour
entendre les nouvelles d’Égypte de la voix même de Jethro. Chaque fois, mon
père faisait venir Gershom et Eliezer sur les coussins, à côté de lui.
    — Voici mes petits-enfants, fils de
Moïse et de Tsippora, ma fille. Il est bon qu’ils entendent et apprennent ce
qu’accomplit leur père, là-bas, de l’autre côté de la mer.
    Et il recommençait à raconter le fleuve
de sang, les moustiques, la grêle, la suie pustuleuse, les ténèbres… Il prenait
son propre bâton, le brandissait et le plongeait entre les coussins :
    — Votre père Moïse entend la voix
de Yhwh. Elle lui dit : « Va devant Pharaon. Dis-lui : Sois
juste, roi d’Égypte. Libère les esclaves de tes corvées, permets-nous de sortir
de ton pouvoir. » Pharaon ricane. Sa bouche sans barbe se tord de
méchanceté. Il est assis sur son siège d’or, ses serpents sur la tête, les yeux
noirs de mépris. Il répond à Moïse : « Non ! Faites des briques
pour moi, racaille d’esclaves. » Alors, Moïse pointe son bâton, comme ça,
dans la poussière. Et d’un coup le vent se lève. Sans crier gare. Au nord, au
sud, whouuff ! Un grand vent glacé et grinçant. Pharaon court sur sa
terrasse, dans son jardin magnifique, et il voit les nuages qui s’amoncellent.
Le tonnerre craque. Des éclairs immenses fendent le ciel, et la grêle tombe,
tombe jusqu’à recouvrir tout le vert pays de Pharaon.
    Mon fils Gershom, effrayé et ravi de
l’être, demandait :
    — C’est quoi, la grêle,
grand-père ?
    Et nous tous de rire et
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