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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora
Autoren: Halter,Marek
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de la mer ?
    Pourquoi avoir effacé le nom de ma mère
et même son visage de ma mémoire ?
    Quelle route me montre le rêve que tu as
interrompu ?
    Ô ! Horeb, que je ne sois pas déçue
de t’avoir appelé. Pourquoi restes-tu silencieux ?
    Que vais-je devenir, moi, Tsippora,
l’étrangère ?
    Ici, aucun homme ne me prendra pour
épouse car ma peau est noire. Mais, ici, mon père m’aime. À ses yeux je suis
une femme digne de respect. Parmi les peuples de Kouch, qui serais-je ? Je
ne parle pas leur langue, ne mange pas leur nourriture. Comment y
vivrais-je ? Seule la couleur de ma peau me ferait semblable à mes
semblables.
    Ô ! Horeb, tu es le dieu de mon
père Jethro. Qui sera mon dieu si ce n’est toi ? »

 
Première partie

Les filles de Jethro
     

 
Le fugitif
    Horeb resta silencieux ce jour-là et tous
ceux qui suivirent.
    Le rêve demeura longtemps dans le corps de
Tsippora. Il s’y maintint comme le poison d’une maladie.
    Des lunes durant, elle redouta la nuit.
Elle se tenait sur sa couche sans bouger, sans fermer les yeux, sans même oser
effleurer ses lèvres de sa langue par crainte d’y trouver le goût de la bouche
de l’inconnu.
    Elle songea un moment à se confier à son
père Jethro. Qui, mieux que le sage des rois de Madiân, eût pu la
conseiller ? Qui, plus que lui, l’aimait et savait être attentif à ses
tourments ?
    Pourtant, elle se tut. Elle redoutait de
paraître trop faible, trop enfantine, semblable aux autres femmes, toujours
prêtes à croire leur cœur plutôt que leurs yeux. Devant lui, qui était si fier
d’elle, elle voulait être forte, raisonnable et fidèle à tout ce qu’il lui
avait enseigné.
    Avec le temps, les images du rêve
s’estompèrent. Le visage de l’Égyptien devint flou. Une saison s’écoula sans
qu’elle y songeât une seule fois. Puis, un matin, Jethro annonça à ses filles
que le jeune Réba, le fils du roi de Sheba, l’un des cinq rois de Madiân,
serait leur hôte le lendemain.
    —  Il
vient chercher conseil auprès de moi. Il sera là avant la fin du jour. Nous
l’accueillerons comme il le mérite.
    La nouvelle déclencha rires et gloussements
parmi les femmes de la maison. Filles de Jethro ou servantes, toutes savaient à
quoi s’en tenir. Depuis bientôt une année, il ne se passait guère de lune sans
que le beau Réba vienne demander conseil à Jethro.
    Tandis que l’on s’affairait au festin du
lendemain, les unes préparant la nourriture, les autres la tente de réception,
les tapis et les coussins qu’il fallait dresser dans la cour, Sefoba, l’aînée
des trois filles de Jethro qui vivaient encore dans la maison paternelle, dit
tout haut, avec sa simplicité habituelle, ce que chacune pensait tout
bas :
    — Des conseils, Réba en a désormais
reçu plus qu’on n’en a besoin dans toute une vie. Ou alors c’est que derrière
son beau minois se cache la plus grande sottise qu’Horeb ait placée chez un
homme. Il veut s’assurer qu’il est toujours au goût de notre chère Orma et que
notre père, trouvant assez de sagesse dans sa patience, acceptera d’en faire
son gendre !
    — On le sait, pourquoi il vient,
reconnut Orma en haussant les épaules. Mais à quoi bon ces visites ? Elles
m’ennuient. Elles se ressemblent toutes. Réba s’assoit devant notre père, passe
la moitié de la nuit à bavarder et à boire du vin, et s’en retourne sans jamais
se décider à prononcer les mots qu’il faut.
    — Oui, on se demande bien pourquoi,
susurra Sefoba, faussement pensive. Peut-être ne te trouve-t-il pas assez
belle ?
    D’un regard plein d’ombres, Orma s’assura
que sa sœur plaisantait. Sefoba pouffait, tout heureuse de sa taquinerie.
Tsippora perçut la menace d’une dispute coutumière entre les deux sœurs. Elle
caressa la nuque d’Orma en signe d’apaisement, ne recevant qu’une tape sur la
main en remerciement.
    Bien que nées de la même mère, Sefoba et
Orma ne pouvaient être plus dissemblables. Petite, ronde, d’une sensualité
pleine de tendresse, Sefoba n’éblouissait pas. Ses sourires révélaient la
simplicité et la droiture de ses pensées comme de ses sentiments. On pouvait
lui faire confiance en tout, et Tsippora, plus d’une fois, lui avait confié ce
qu’elle n’osait dire à nul autre. Orma, elle, possédait quelque chose de ces
astres qui demeurent brillants alors que le ciel est déjà inondé de soleil. Il
n’y avait pas, dans la maison de Jethro, et
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