Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
sang et le bras bizarrement tordu.
    Tsippora se releva d’un bond, prête à
s’enfuir. Alors seulement elle le découvrit.
    Il se tenait face aux trois hommes encore
debout, son bâton levé à hauteur d’épaule. Ce n’était pas un simple bâton de
berger, mais une arme véritable, pourvue d’une lourde pointe de bronze. Il
était vêtu d’un pagne plissé, ses pieds étaient nus ainsi que sa poitrine. Sa
peau était très blanche, sa chevelure longue et bouclée.
    Son bâton soudain pivota, dessinant une
courbe parfaite. Avec un claquement mat il faucha les jambes du plus jeune des
fils de Houssenek, qui bascula avec une exclamation de douleur. Les deux autres
firent un bond en arrière, pas assez vite cependant pour échapper à l’arme qui
s’abattit sur leur nuque, les forçant à s’agenouiller.
    L’inconnu pointa un doigt sur l’aîné qui
n’avait pas repris conscience et déclara :
    — Emmenez celui-là.
    La voix était sèche, l’accent rendait les
mots étranges. Tsippora songea : « Il vient d’Égypte ! »
    De la pointe de sa lance, l’inconnu poussa
les fils de Houssenek qui soulevaient leur frère blessé. De la même voix,
butant encore sur les mots, il dit :
    — Maintenant, filez. Ou je vous tue.
    Tsippora entendit les éclats de joie de ses
sœurs. Elle entendit leurs pas qui s’approchaient et son nom qu’elles
appelaient. Mais elle était incapable de tourner la tête vers elles et de leur
répondre. L’inconnu la regardait. Il la regardait avec des yeux qui lui étaient
familiers. Une expression, une assurance, une bouche qu’elle reconnaissait.
Elle vit ses bras tendus vers elle pour lui saisir la taille et la soulever, et
elle les reconnut bien qu’ils ne fussent pas couverts d’or.
    Pour la première fois depuis des lunes et
des lunes, le rêve qu’elle avait fait, et qui l’avait tant troublée, redevint
vivant en elle.
    *
    * *
    Les bergers disparus, il y eut un instant
de gêne. Sefoba courut prendre Tsippora dans ses bras, s’affaira sur sa tunique
déchirée. Elle en resserra les pans, tentant de les maintenir avec la fibule
d’argent. Elle murmurait :
    — Ça va ? ça va ? Ils ne
t’ont pas blessée ? Oh ! Qu’Horeb les réduise en cendres !
    Tsippora ne répondit pas. Elle était
incapable de détacher son regard de l’étranger à la peau si blanche, de ses
yeux si brûlants et de sa longue bouche. Seule la barbe naissante le
distinguait de l’Égyptien de son rêve. Un peu rousse, éparse, elle laissait
voir la peau des joues. Une barbe d’homme habitué à être rasé, très différente
de celle des hommes de Madiân.
    Lui aussi la contemplait, serrant encore le
bâton entre ses poings comme s’il craignait d’avoir à se battre de nouveau.
Tsippora songea qu’il avait déjà vu des femmes noires. Son visage n’exprimait
aucune surprise, plutôt de l’admiration. Personne ne l’avait encore scrutée de
la sorte. Elle en fut troublée.
    Orma brisa la tension.
    — Eh bien, qui que tu sois, nous te
devons beaucoup !
    L’étranger se retourna. Ce fut comme s’il
découvrait Orma. Tsippora remarqua le frémissement de ses lèvres alors que son
sourire s’élargissait. Ses doigts relâchèrent enfin le bâton. Ses épaules se
redressèrent tandis que sa poitrine se gonflait. Devant la splendeur d’une
femme, il se comportait comme tous les hommes.
    — Qui es-tu ? demandait Orma,
d’une voix aussi douce que son regard.
    Il fronça les sourcils, se détourna de la
jeune fille. Ses yeux parcoururent les collines chatoyantes, les brebis qui
reformaient le troupeau et remontaient bruyamment la pente jusqu’au puits.
Tsippora pensa que cet homme était un solitaire.
    Il leva son bâton pour le pointer sur la
mer.
    — Je suis venu de là. Là-bas. De
l’autre côté de la mer.
    Il butait sur les mots, les prononçait un à
un avec autant d’effort que s’il soulevait des pierres. Le rire d’Orma jaillit,
miel de caresse et piment d’ironie à la fois.
    — De la mer ? Tu as traversé la mer ?
    — Oui.
    — Tu viens d’Égypte, alors ! Cela
se voit. Tsippora songea : « C’est un homme en fuite ! »
Sefoba joignit les mains en signe de respect et de salut.
    — Je te remercie de tout mon cœur,
étranger ! Sans toi, ces bergers auraient souillé ma sœur. Et peut-être
même nous auraient-ils violentées toutes les trois.
    — Et après, ils nous auraient tuées,
assura Orma. L’étranger n’en semblait
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher