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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora
Autoren: Halter,Marek
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doucement Tsippora quand le calme fut revenu. Tu as déjà repoussé, ma
chère Orma, tous ceux qui pouvaient prétendre devenir ton époux. Si tu renvoies
Réba, qui osera t’espérer ?
    Orma la considéra, un brin étonnée. Une
grimace opiniâtre plissa son joli nez.
    — Si Réba ne vient que pour bavarder
avec notre père, sans se déclarer, alors, moi, demain, je resterai dans ma
chambre, assura-t-elle. Il ne me verra même pas.
    — Allons, tu sais très bien pourquoi
Réba ne te demande pas à notre père ! Il craint ton refus. Lui aussi a son
orgueil. Ton silence même devient un affront. Peut-être est-ce la dernière
fois…
    — Tu diras que je suis malade,
l’interrompit Orma. Tu prendras l’air très triste et très inquiet, et on te
croira…
    — Je ne dirai rien du tout !
protesta Tsippora. Et certainement pas un mensonge.
    — Ce ne sera pas un mensonge ! Je
serai malade. Tu verras.
    — Bouhh ! s’exclama Sefoba. On
sait d’avance ce qu’on verra ! Tu vas te farder, recouvrir tes lèvres de
rouge, resplendir et, comme d’habitude, tu seras plus belle qu’une déesse. Réba
n’aura d’yeux que pour toi. Il ne refermera même pas la bouche sur l’excellente
nourriture que nous lui servirons. Voilà bien la grande tristesse d’être ta
sœur. Les hommes les plus beaux, les plus fiers, avec toi, on en vient toujours
à contempler leur air niais !
    Les servantes, qui écoutaient de toutes
leurs oreilles, pouffèrent de rire, et Orma avec elles. Tsippora, se levant,
dit avec autorité :
    — Allons mener les brebis au puits.
C’est notre jour et nous sommes déjà en retard. Cela nous fera oublier les
époux qui sont et ne sont pas.
    *
    * *
    Le puits d’Irmna était à une bonne heure de
marche de la cour de Jethro. Au loin, puissante et recouverte d’une longue
coulée de lave pétrifiée où miroitait le soleil du soir, se dressait la
montagne du dieu Horeb. À son pied, entre les plis et replis de roches rouges,
des plaines d’herbes courtes que l’hiver parfois rendait vertes s’étendaient
jusqu’à la mer. Ainsi était le pays de Madiân, vaste, dur et tendre, envahi de
sable brûlé et de poussière de volcan où, telles des barques sur l’huile
mouvante de la chaleur du désert, flottaient des oasis. Là, les puits à l’eau
abondante et miraculeuse étaient source de vie autant que lieux de
rassemblement.
    Tous les sept jours, ceux qui avaient
dressé leurs tentes à moins de deux ou trois heures de route, ou possédaient,
comme Jethro, jardins, troupeaux et maisons de brique, avaient le droit de
remplir leurs outres au puits d’Irmna. Ils pouvaient aussi, le temps que le
soleil déplace les ombres de six coudées, y faire boire le petit bétail, que
leur troupeau fût important ou maigre.
    On était à la fin de l’été, les hommes
avaient déjà quitté la cour de Jethro avec le gros bétail pour le vendre sur
les marchés du pays de Moab, avec les armes de fer produites par les forgerons.
En attendant leur retour, au creux de l’hiver, c’était aux femmes de conduire
au puits ce qu’il restait de bêtes. Tsippora et ses sœurs, avec la nonchalance
de l’habitude, y poussaient les brebis. Sous le piétinement des sabots, la
poussière du chemin se soulevait comme de la farine.
    La longue tige du chadouf était déjà
visible lorsque les filles de Jethro découvrirent un troupeau de vaches à
longues cornes se pressant autour des abreuvoirs qui prolongeaient le puits.
    — Hé ! mais elles boivent notre
eau ! s’exclama Sefoba, les sourcils froncés. À qui sont ces bêtes ?
    Quatre hommes apparurent, se glissant entre
les vaches qu’ils repoussaient de leurs bâtons. Le visage mangé par des barbes
hirsutes, vêtus de vieilles tuniques blanchies de poussière et rapiécées, ils
vinrent se poster en haut du chemin, plantant leur bâton dans le sol.
    Orma et Sefoba s’immobilisèrent, laissant
leurs brebis avancer seules. Tsippora, qui se tenait à l’arrière, les
rejoignit, protégeant ses yeux du soleil pour mieux voir qui les attendait.
    — Ce sont les fils de Houssenek,
dit-elle. Je reconnais l’aîné, celui qui a un collier de cuir autour du cou.
    — Eh bien, ce n’est pas leur jour, fit
Orma en se remettant en marche. Ils vont devoir déguerpir.
    — Ils n’ont pas l’air de le vouloir,
remarqua Sefoba.
    — Qu’ils le veuillent ou pas, ce n’est
pas leur jour, et ils vont partir ! s’énerva Orma.
    Les brebis avaient
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