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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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j’en avais cinquante, et cependant je m’inclinai devant lui, je l’écoutai comme s’il avait été mon aîné, me dominant de son savoir, de sa sagesse et de sa taille. Il était le représentant de Rome. Il portait le glaive de sa puissance. Il commandait aux légionnaires. Rome le faisait grand.
    — La ville d’Alexandre est devenue celle de César, a repris Titus.
    Il s’est écarté, s’est penché au-dessus de l’étrave, puis s’est retourné.
    — Vois les Juifs d’Alexandrie, Serenus. Rappelle-leur ce qu’est la volonté de Rome. Dis-leur que nous allons dévaster la Galilée et la Judée, et qu’il n’est qu’une seule issue pour leur peuple : la soumission à Rome. Qu’ils envoient des messagers à Jérusalem, qu’ils fassent entendre raison à ces fous qui se sont dressés contre les légions !
    Il m’a tapoté l’épaule.
    — Sinon, les Juifs de Judée et de Galilée souffriront en vain, puisqu’ils seront vaincus et mourront. Et l’on se souviendra seulement des victoires de Vespasien, de Titus, et de la gloire de Rome !

 
     
3
    J’ai rapporté les propos de Titus à Ben Zacchari, l’un des Juifs les plus proches, les plus influents et les plus respectés d’Alexandrie. C’était un homme de haute taille, maigre, aux cheveux noirs bouclés, à la peau du visage mate recouverte par un mince duvet de barbe grisonnante.
    Il a saisi mon regard, a souri et m’a dit d’un ton las :
    — Nous autres Juifs, en ce moment, nous vieillissons vite, et nombreux parmi nous sont ceux qui n’ont même pas le temps de vieillir !
    Nous étions encore dans le vestibule de sa demeure, un petit palais situé non loin de la synagogue et entouré de palmiers, de massifs de lauriers et de fleurs.
    J’avais été surpris par la beauté du lieu, le calme du vaste jardin où se mêlaient le chant des oiseaux et celui de nombreuses fontaines.
    Ben Zacchari était venu à ma rencontre et j’avais été frappé par sa distinction, la lenteur de ses gestes, la tristesse qui voilait son regard.
    Il s’était incliné, puis m’avait invité à entrer dans sa demeure. Les façades étaient recouvertes de larges plaques de marbre dont la blancheur était soulignée par des colonnes roses et noires.
    Il y avait peu de meubles dans le vestibule, puis dans les différentes pièces que je traversai, apercevant ici et là des silhouettes de serviteurs qui se glissaient, furtives.
    Il s’est dit heureux de me rencontrer. Il savait que j’avais été l’élève et le confident, l’ami de Sénèque, et s’il ne partageait pas la philosophie si désespérée de mon maître, il estimait et même admirait le courage de l’homme qui avait osé choisir une pensée qui le privait d’espérance.
    Il s’est arrêté, se tournant vers moi.
    — Il a su mourir avec courage et dignité, a-t-il ajouté.
    Il a paru hésiter, puis, de la même voix calme, il a repris :
    — Dis au légat Titus que les Juifs savent eux aussi mourir de noble manière.
     
    À cet instant il m’a semblé que ma visite était inutile. La guerre ne cesserait que lorsque les légions auraient tué tous les Juifs en âge de se battre et détruit toutes les villes de Judée et de Galilée. C’était d’ailleurs là l’opinion de Tibère Alexandre qui, peu après que notre trirème avait été amarrée au quai de l’emporium, dans le Grand Port, était monté à bord.
    J’avais été impressionné par cet homme au visage osseux, étroit comme la lame d’un glaive, qui, lorsque Titus lui avait demandé le nom d’un dignitaire juif que j’aurais pu rencontrer afin qu’il transmette à ses coreligionnaires de Jérusalem les volontés de Rome, avait, d’une grimace, exprimé son mépris et son amertume.
    — Ben Zacchari, voilà l’homme que Serenus doit voir. Ses navires continuent d’assurer le transport des marchandises venues de Perse et de tout l’Orient. Ils font escale à Tyr, à Ptolémaïs, à Césarée, à Joppé. Ses caravaniers parcourent la Judée, la Samarie, la Galilée, de la mer Morte au lac de Tibériade, avant de gagner Damas et de continuer vers la Perse. Ben Zacchari est mieux renseigné sur la situation en Orient que le préfet d’Égypte qui vous parle. Et peut-être en sait-il davantage sur la guerre en Judée et en Galilée que le procurateur.
    Il y avait de la hargne dans son propos.
    Tibère Alexandre avait renoncé à la foi juive de son père et de ses ancêtres, qui avaient, par leurs
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