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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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à Poppée, il avait réussi sa mission. Il y avait été aidé par le plus célèbre des acteurs de Rome, le mime Alityrus, que Néron admirait, couvrait de cadeaux et jalousait.
    J’avais assisté à plusieurs de ses représentations. Les Romains l’acclamaient, et dans la loge impériale j’avais vu le roi de Judée, Agrippa, et sa sœur Bérénice, reçus et honorés comme des souverains légitimes.
    Mais, en Judée, le procurateur Gessius Florus et le gouverneur de Syrie, Cessius Gallus, avaient traité les Juifs, l’un des peuples les plus anciens de la terre, comme des barbares. Florus les avait humiliés. Les Romains les avaient laissé persécuter par les Syriens et les Arabes d’Antioche ou de Césarée. Les légionnaires eux-même avaient participé au pillage de leurs biens. Florus avait plongé ses mains dans le trésor du Temple de Jérusalem. Il avait fait fouetter et crucifier ceux qui protestaient, et dans le marché haut de Jérusalem ses légionnaires avaient tué plus de trois mille Juifs, dont certains étaient citoyens romains. Les enfants avaient été égorgés, les femmes violées, et la reine Bérénice elle-même, qui avait supplié, pieds nus et la tête rasée, Gessius Florus de faire cesser ce massacre, avait été insultée, menacée de mort, et avait dû s’enfuir, se réfugier dans son palais sous la protection de sa garde.
    Voilà ce que je savais des Juifs.
     
    Titus était resté silencieux, à demi allongé sur sa couchette, ne me quittant pas des yeux, semblant attendre que je continue à témoigner.
    J’ai alors confié ce que j’avais voulu taire : que le peuple juif, le plus religieux des peuples, attendait la venue d’un messie, un envoyé de leur dieu, Yahvé. Et certains d’entre eux l’avaient reconnu en la personne de Christos, qui avait été crucifié, à la demande des prêtres juifs, par le gouverneur romain Ponce Pilate, sous l’empereur Tibère.
    Je n’ai pas dit que je priais Christos.
     
    Titus s’est levé. Petit, il pouvait se tenir debout dans cette cabine au plafond bas. Il allait et venait, les mains derrière le dos, le corps légèrement penché en arrière, ce qui faisait ressortir son ventre rond. Il s’est arrêté et s’est penché vers moi :
    — Néron a destitué Gessius Florus et Cessius Gallus, a-t-il marmonné.
    Puis il s’est redressé, a croisé les bras et ajouté d’une voix forte :
    — Les représentants de Rome peuvent commettre des injustices et des crimes. Et leurs fautes doivent être punies. Mais Rome ne doit jamais être accusée par les peuples qu’elle a vaincus. Rome ne peut accepter d’être jugée et combattue. Les peuples qui se dressent contre elle doivent être châtiés. Ceux qui s’obstinent connaîtront le sort des esclaves de Spartacus. Tu le connais, Serenus. J’ai lu moi aussi l’Histoire écrite par ton ancêtre. S’ils ne demandent pas grâce, s’ils ne déposent pas les armes, les Juifs seront tués ou réduits en esclavage, chassés de leur royaume, dispersés. Ils perdront leurs terres ; leurs temples et leurs villes seront détruits. Tel est le droit de Rome, et notre devoir est de le faire triompher.
    Titus m’a dévisagé, la tête un peu inclinée sur l’épaule, comme pour s’assurer que j’avais bien compris ses propos, puis, d’un mouvement brusque, il m’a pris le bras et m’a entraîné hors de la cabine vers la proue de la galère.
     
    Au bout de la mer devenue lisse, dans l’horizon doré du crépuscule, j’ai aperçu Alexandrie.
    Titus a enfoncé ses doigts dans mon épaule.
    — Rome possède tout cela ! a-t-il murmuré.
    J’ai deviné l’île de Pharos et son fanal blanc, puis les bâtiments de l’emporium qui s’alignaient le long des quais du Grand Port. J’ai vu les dômes du Musée et de la bibliothèque, les colonnades du palais royal, et, au-delà, au milieu de l’entassement des constructions, les hauts murs du Grand Cirque vers lequel semblaient converger les larges avenues qui quadrillaient la ville.
    La galère glissait. Les rames semblaient s’enfoncer sans effort dans l’eau miroitante, où l’étrave ouvrait un large sillon qui s’évasait pour finir par se perdre, ne laissant que quelques rides que le soleil couchant irisait.
    — Alexandre, César…, a répété plusieurs fois Titus.
    Il s’est tourné vers moi, faisant peser ses deux mains sur mes épaules. Il était plus petit que moi, si jeune encore, à peine vingt-sept ans, et
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