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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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dons somptueux, permis la construction du Temple de Jérusalem.
    — Ben Zacchari condamne la révolte, avait repris Tibère Alexandre. Mais il est juif et fier de l’être. Au fond de lui, il comprend et peut-être même admire la révolte de ces sicaires, de ces zélotes que sa raison et son intérêt condamnent. Je ne l’ai jamais entendu prononcer un mot contre Jean de Gischala, Éléazar, Simon Bar Gioras et tous ceux qui ont attaqué nos cohortes et massacré les légionnaires auxquels ils avaient pourtant promis la vie sauve. Ils ont interdit que, selon la tradition, on célèbre deux sacrifices par jour au Temple de Jérusalem en l’honneur de l’empereur. Ben Zacchari est hostile à toute guerre avec Rome. Il sait. Il voit quelle est notre puissance. Il n’ignore pas que ce sont les pauvres, ceux qui jalousent les riches, qui ne supportent pas l’ordre, parce qu’ils n’y ont pas trouvé leur place. C’est pourquoi ils s’en sont pris aux Romains et en même temps à tous les Juifs aisés qui ont boutique et atelier, aux grands prêtres, aux puissants. Cette guerre que mènent contre nous les sicaires et les zélotes, c’est aussi une sorte de guerre servile. Mais les Juifs ne sont pas des barbares thraces. Ils sont religieux. Ils croient en Yahvé et leur révolte n’en est que plus violente ; ceux qu’ils dépouillent et égorgent sont juifs comme eux, vénèrent le même dieu, attendent comme eux le Messie…
    Il s’était tout à coup interrompu, laissant sa phrase en suspens comme s’il avait regretté d’avoir trop parlé, puis s’était adressé à Titus :
    — Serenus doit rencontrer Ben Zacchari. Si certains Juifs nous écoutent et se rendent, la victoire n’en sera que plus aisée. Mais le peuple juif ne les suivra pas. Il s’imagine que son dieu lui apportera la victoire, quand bien même il devrait affronter dix de nos légions. Et il ne craint pas de mourir, puisqu’il croit à l’immortalité de l’âme.
     
    Peut-être était-ce cette foi en l’après-vie qui me rendait les Juifs si proches, qui me faisait écouter avec une sorte de dégoût le centurion Parus que Tibère Alexandre avait chargé de me guider dans la ville jusqu’à la demeure de Ben Zacchari.
    Parus crachait à chaque fois qu’il prononçait ce nom.
    — Celui-là, il nous a échappé ! disait-il. Nous en avons tué des milliers, mais Ben Zacchari, lui, était protégé…
    Il haussait les épaules, laissant entendre que Tibère Alexandre lui-même avait fait placer un cordon de troupes autour du palais et des entrepôts de Ben Zacchari pour éviter qu’ils ne soient pillés.
    — Presque chaque jour je vois débarquer de ses navires de l’or, de l’ivoire, de l’écaille, des épices, des perles, des pierres précieuses, de la soie qui viennent du bout du monde, d’au-delà de l’Indus, avait poursuivi Parus. Mais ceux qui ont tenté de s’en emparer ont été décapités sur ordre du préfet Tibère Alexandre, et Ben Zacchari continue de nous regarder avec arrogance. Les Juifs nous méprisent. Ils volent les enfants pour en boire le sang. Il faudrait les chasser d’Alexandrie et de toutes les villes de l’Empire, et faire d’eux des esclaves qu’on enverrait au fond des mines, puisqu’ils aiment l’or !
    Il s’était arrêté à quelques pas de l’entrée du jardin de Yohanna Ben Zacchari.
    — Il est plus riche que le préfet d’Alexandrie. Et qui est-il ? Un descendant des lépreux, de cette race rongée par le mal que les pharaons ont chassée d’Égypte parce qu’elle corrompt tout ce qu’elle touche !
     
    À entendre ces propos, j’avais eu l’impression qu’on jetait sur moi de la boue, qu’on m’enfonçait la tête dans un cloaque.
    Je m’étais éloigné du centurion Parus. Il était de ces hommes prompts à se changer en bourreaux, de ceux que j’avais vus crucifier les disciples de Christos, à Rome. Et c’étaient eux qui déjà avaient flagellé et mis en croix Christos.
    Ils allaient supplicier le peuple juif jusqu’à ce que la terre de Judée et de Galilée soit gorgée de sang.
    C’est avec ces pensées en tête que je suis entré dans le jardin de Yohanna Ben Zacchari.
     
    Après avoir traversé plusieurs pièces, Ben Zacchari m’a invité à m’asseoir à l’ombre des arbres d’un jardin intérieur au centre duquel se trouvait un vaste bassin carré, orné en chacun de ses angles d’une gueule de fauve d’où jaillissait un jet
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