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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur
Autoren: Gary Jennings
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donc qui coule de moi,
tout d’un coup ?
    Je répondis, d’une voix mal assurée :
    — Il me semble, grande sœur, que ce doit être un fluide
similaire au pain de l’eucharistie, mais juste liquéfié. D’après ce que l’on
m’a expliqué, ce que nous venons de faire à l’instant est simplement une
manière plus intime de recevoir la Sainte Communion.
    — Vraiment ? Mais c’est merveilleux ! Bien
plus agréable que le pain rassis et le vin amer. Pas étonnant que les Sœurs
Thaïs et Agnès s’y adonnent aussi souvent. Elles sont incroyablement dévotes.
Et cette jolie substance est issue de toi, petite sœur ? (Son visage
perdit d’un seul coup son éclat.) Tiens, tu vois ? Moi, je ne peux pas le
faire. Je suis déficiente. Car enfin, le plaisir a dû être au moins du double
pour toi…
    Pour éviter qu’elle ne se remette à se lamenter au sujet de
ses manques, je changeai de sujet.
    — Si cette façon de communier te plaît tant, Sœur
Deidamia, pourquoi ne prends-tu pas tout simplement un homme, niu ? Crois-moi,
ils sont dotés d’un instrument beaucoup plus…
    —  Akh, ne ! m’interrompit-elle. J’ignorais
jusqu’à présent l’apparence du corps d’une femme, ayant été la seule fille dans
la famille, et ayant perdu ma mère très jeune. De plus, je n’ai jamais eu de
petites camarades de jeu. Mais des frères, j’en avais, et je les ai vus plus
d’une fois dévêtus ! Oh, là, là ! Crois-moi, Sœur Thorn, les hommes
sont affreux. Tout poilus, enflés, rugueux comme des aurochs sauvages. Il est
vrai certes qu’ils sont de ce côté-là, d’une taille substantielle. Mais leur…
chose est grossière, épouvantable. Et dessous, cet horrible sac de cuir tout
plissé qui se balance, lourd, hideux… Pouah !
    — C’est tout à fait ça, renchéris-je. J’ai vu cela
aussi sur des hommes, et je me suis demandé si j’en aurais un également.
    — Ça ? Jamais, thags Guth, m’assura-t-elle.
Une petite touffe de poils là en bas, ja, de délectables seins ici en
haut, mais en aucun cas cet abominable sac de pierres. (Elle poursuivit, avec
animation.) Un eunuque, tu sais, ne possède pas non plus ce genre de sac, pas
plus que nous les filles.
    — Je ne le savais pas, fis-je. Qu’est-ce donc que cela,
un eunuque ?
    — Un homme dont on a coupé les pierres, en général dans
son enfance.
    —  Liufs Guth ! m’exclamai-je.
Coupées ? Mais dans quel but ?
    — Afin qu’il ne puisse plus agir, à cet égard, en tout
cas, comme un homme. Certains subissent volontairement cette mutilation, déjà
parvenus à l’âge d’homme. Le grand théologien Origène, dit-on, s’était châtré
lui-même afin de ne pas être distrait, lorsqu’il enseignait à des femmes ou à
des nonnes, par leur féminité. De nombreux esclaves sont émasculés par leur
maître, afin qu’ils puissent servir les filles de la famille sans menacer leur
chasteté.
    — Pourquoi ? Une femme ne coucherait jamais avec
un eunuque ?
    — Bien sûr que non. Pour quoi faire ? Mais moi,
même si je me trouvais entourée de serviteurs mâles, des hommes bien réels et
vigoureux, jamais, au grand jamais je n’irais coucher avec l’un d’eux. Même si
j’arrivais à réprimer ma nausée à la simple idée de le faire, je ne le pourrais
véritablement pas. En couchant avec toi, petite sœur, je prends la Sainte Communion.
Avec un homme, ce serait profaner ma chasteté, or j’ai dédié ma virginité à
Dieu et à lui seul, afin d’être autorisée à porter le voile quand j’aurai mes
quarante ans. Non, ça c’est sûr, jamais je ne coucherai avec un homme.
    — Dans ce cas je me réjouis d’être une femme, fis-je.
Sans cela je ne t’aurais même jamais rencontrée.
    — Sans parler de coucher avec moi, ajouta-t-elle,
souriant d’un air béat. Et ça, il faut que nous le refassions souvent, Sœur
Thorn.
    Nous le fîmes, sans nous priver, nous enseignant
mutuellement bien des manières variées de pratiquer nos dévotions, et il y
aurait beaucoup à vous raconter à ce sujet… mais cela aussi, je le réserve pour
plus tard. Deidamia et moi nous étions tellement entichées l’une de l’autre que
nous finîmes par négliger les plus élémentaires précautions. Un jour, alors que
l’hiver venait de commencer, nous étions dans de tels transports d’extase que
nous ne vîmes pas s’approcher une certaine Sœur Elissa, particulièrement
indiscrète et fouineuse. Nous ne vîmes
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