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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur
Autoren: Gary Jennings
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traces, je ne pouvais
qu’avoir confiance en elle, croisant les doigts qu’elle soit toujours en chemin
vers Théodoric, ou même – c’était mon souhait le plus ardent –
qu’elle l’eût déjà rejoint et lui eût remis le pactum.
    Très vite, cependant, je cessai de me tracasser à son sujet.
Nous eûmes, Daila et moi, d’impérieuses raisons de nous préoccuper de notre
propre sort, car le paysage commençait à se resserrer autour de nous. Nous
traversions alors une contrée vallonnée dans laquelle la rivière Strymon avait
creusé un défilé étroit et profond. La route et la rivière, désormais
encaissées entre d’abruptes falaises, nous plaçaient de fait dans une position
éminemment vulnérable face à une embuscade.
    De toute façon, quand l’ optio et moi-même commençâmes
à ruminer ces appréhensions, notre colonne avait déjà pénétré trop avant dans
le défilé pour compter faire demi-tour et en sortir avant la nuit. Il nous
fallut pousser de l’avant, dans l’espoir d’en atteindre l’autre extrémité avant
la fin du jour. Ce ne fut pas le cas, mais nous n’eûmes pas à subir d’attaque,
ni de jour, ni quand l’obscurité fut venue. Aussi, dès que le crépuscule fut
trop sombre pour nous permettre de poursuivre, nous profitâmes du premier
endroit dégagé de la gorge pour quitter la route et préparer le camp.
    — Je n’ai pas envie que quelqu’un fasse dévaler des
rochers sur nous, fit remarquer Daila.
    Et la première chose qu’il fit fut d’envoyer deux hommes
escalader la falaise qui nous surplombait. Ils se relaieraient durant la nuit
pour assurer la veille. Il envoya également deux éclaireurs assez loin le long
de la route, devant et derrière, et posta d’autres sentinelles à intervalles
réguliers le long de la rive.
    Tandis que le reste de nos hommes s’occupaient des bêtes,
allumaient des feux et sortaient nos provisions, je fis en sorte qu’Amalamena
soit vue à une, puis à deux reprises, par quiconque prendrait la peine de
regarder. Elle descendit d’abord de sa carruca à rideaux vêtue de son
habit de princesse et s’étira complaisamment les membres des fatigues du
voyage. Puis elle rentra dans sa voiture et au bout de quelques instants, quand
la nuit se fut épaissie, en émergea de nouveau vêtue en « servante
khazar », un foulard noué sur la tête. Elle transporta une aiguière
jusqu’à la rivière, la remplit d’eau et la rapporta dans la carruca.
    Puis, au cas où nos guetteurs en faction sur la falaise ne
pourraient empêcher nos ennemis de déclencher un éboulement sur notre
campement, j’attrapai les rênes des chevaux qui tiraient la voiture de la
princesse et leur fis remonter la route par laquelle nous étions venus, jusqu’à
l’endroit où la dernière sentinelle piquait du nez sur sa lance, et y
positionnai la carruca en sécurité, à l’écart du reste de la compagnie.
Je fis appel à un autre soldat, et tandis que celui-ci dételait les chevaux et
partait les attacher, en compagnie de mon Velox, dans une pâture où ils
pourraient brouter avec nos autres montures, j’entrai dans la voiture pour
demander à la princesse comment elle avait supporté l’étape du jour.
    — Merveilleusement, répondit-elle, aussi gaie et
enjouée que je l’avais toujours connue. Une autre journée entière sans prendre
ma drogue.
    — Vous semblez retrouver vos forces de façon quasi
miraculeuse, il est vrai. Loin de moi l’envie de vouloir jouer les saint Thomas !
Je ne manquerai pas de recommander chaudement les eaux de Pautalia à tous les
invalides que je rencontrerai désormais.
    — Et j’ai aussi une faim de louve, ajouta-t-elle en
riant. Je n’ai pas arrêté de dévorer des fruits durant le trajet. Mais quelque
chose de plus consistant me conviendrait mieux, à présent.
    — Les hommes sont en train de préparer le repas.
Laissez-moi juste vous aider à vous changer, et nous pourrons manger.
    Lorsqu’elle eut entrouvert les habits de Swanilda qu’elle
portait, et que son ulcère fut visible, elle n’accusa pas le coup, comme à
l’ordinaire, mais dit au contraire avec optimisme :
    — Vous voyez ? Il est encore plus petit que ce
matin !
    Je n’en étais pas si sûr que cela, mais j’affirmai que oui,
en effet.
    — Cette pénible besogne, poursuivit-elle, est devenue
inutile. Allez donc dès maintenant chercher notre repas. Couchons-nous tôt, et
après une nouvelle bonne nuit de repos, je me
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