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Testament Phonographe

Titel: Testament Phonographe
Autoren: Léo Ferré
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déjà fait. J’arrive toujours en retard car je ne pars jamais. Et pourtant, je vis dans d’autres cas. Je me décline secrètement à l’aide de suffixes bien à moi. Je suis un langage fermé. Les mots, voilà votre misère et ce par quoi vous êtes aux fers, irrémédiablement. Aucun espoir, aucune ouverture au-delà des pièges à sots. J’ai la vertu qu’il faut pour ne m’encanailler jamais qu’en connaissance de cause et de Code Pénal. Il est beau ce monument gravé dans la mémoire des cous de jatte !
    On ne fait pas la poésie avec des tracts. On la fait avec sa gueule bien ouverte sur les verbes habituels et de préférence actifs.
    C’est par le style, ou qu’il loge, que je me déshumanise et grimpe aux cimes du non-dit, de l’incontrôlé. Le style, c’est cette personnalité du doute enfin traqué. C’est une ombre en détresse qui cherche à se lover sous le soleil de l’admis, du tout fait, du symbolisme courant. Le style ? Chaque fois qu’il montre son bout du nez, la tourbe crie « au secours », elle se décharne pour s’épurer dans le conformisme. Le conforme est abject. Les parallèles d’Einstein me semblent forts à l’aise dans le triangle de l’amour. Tout se joint.
    J’avais de l’écriture une opinion indescriptible. Le vent écrit des songes, des valeurs. Tel arbre ployant, à telle heure et sous l’énergie d’autan m’est un dessin furtif que je catalogue et qu’il m’est bien difficile de traduire. Pour traduire un paysage il faudrait que je me décapite. Alors, il n’y aurait rien eu. RIEN : c’est un mot qui pratique une philosophie non gravitée. La seule dont on doive se méfier. C’est dans la dimension du rien que la loi se casse la figure. Je rêve d’une criminologie rétroversée. Sans crime. Une criminologie négative qui me servirait à monter des négatifs jamais vus. Je songe à des photos du « moins ».
    La poésie ainsi formulée – dans le manque – obligerait à tout réinventer, ce qui est absurde. Un arbre « non arbre », un arbre innommé, autant dire qu’un sexe de femme est égal au chiffre 2  546. Chez moi, je donne un nom aux chênes. Je les case, et les glands ne sont plus perdus. Ils m’en veulent de n’être plus dans cet anonymat du groin sentant craquer tout leur volume sous les dents de la bête. Ils souffrent dès lors de l’identité. Si je ne m’appelle pas, je ne suis pas. La vie sociale c’est de l’anthropométrie.

TESTAMENT PHONOGRAPHE
    Tant à Lévy bref qu’à Duboi s
    Tant aux oiseaux qu’aux chiens savant s
    Tant aux mages qu’aux instrument s
    À cordes à vent ou à boi s
    Tant aux marquis qu’aux pauvres gen s
    Tant aux putes qu’aux demoiselle s
    Qu’il pleuve qu’il vente ou qu’il bêle
    Je laisse tout le tremblemen t
     
    Et d’abord Villon dans leur li t
    À leur chatouiller le mora l
    Un pendu ça fait pas de ma l
    Ça fait même pas des petit s
    Je leur laisse l’origina l
    À part les vers octosyllabe s
    Que j’emplume à mon stylo crab e
    Qui pince un verbe occidenta l
     
    Je laisse à mon père Josep h
    Deux portugaises à chanson s
    Un pot sonnant de l’ultra-so n
    Des chauve-souris plein son che f
    Je lui laisse aussi le quibu s
    Qu’Onasis fourre dans ses fouille s
    Dans le cazin où l’on ne douill e
    Qu’au hasard casqué de gibu s
     
    Je lui laisse mérin-la-lo i
    Débarqué avec Charlesto n
    Dans l’entre-guerre et les action s
    Qu’il lui prenne ce qu’il lui doi t
    Sa sale tronche et ses kopeck s
    Et la promenade aux angliche s
    Quand j’este je ne suis pas chich e
    Et je lui laisse Nice ave c
     
    Qu’il ait un missel de comic’ s
    Avec la suite au lendemai n
    Comme en impriment les ricain s
    Et des indulgences prolixe s
    Qu’il ait en plus chaque mati n
    Le café crème de l’auror e
    Avec l’apocryphe ellébor e
    Que lazuriche imprime aux chien s
     
    Pour Charlotte Ferré voic i
    Des ciseaux grands comme l’ét é
    À tailler dans la voie lacté e
    Des patrons d’étoile et de nui t
    Un verrou tout grouillant de clef s
    Et sous son lit un dromadair e
    En train de lire son bréviair e
    Et maman lui faisant du pie d
     
    À Lulu Bergeron ma sœu r
    Un crâne avec toutes ses dent s
    Plantées selon le règlemen t
    De la « Tour d’Auvergne » et d’ailleur s
    Une fraise à sucrer dedan s
    Tout le savoir de la dentur e
    Et les vers de mon écritur e
    Sur son davier se balançan t
     
    Un bout de Paris trente-sep t
    Monsieur le prince et
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