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Testament Phonographe

Titel: Testament Phonographe
Autoren: Léo Ferré
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L’ESCALIER
    Dis-moi consbiche, t’en as bouffé des songe s
    Des parfums des idées de la musique ave c
    Et puis de ce remords littéraire et qui rong e
    Ces Artistes malins qui vont claquer le be c
     
    Dis-moi consbiche, tu l’as vu se courbe r
    Ton amant et ton cleps ta ferveur et ta bil e
    Quand tu lui cuisinais des repas de vale t
    Quand sur la rue plissaient les néons de la vill e
     
    Dis-moi consbiche, où l’as-tu arnaqué ?
    Tu revenais de suite, le whisky dans le derch e
    La syllabe à la bouche… comprenne qui pouvai t
    Et puis ce parler gras qui ne pesait pas lerch e
     
    Dis-moi consbiche, t’en auras du grisb i
    Pour tes vieilles soirées dorées dans la misèr e
    Les parfums de la nuit montant de ton gourb i
    Ton derrière grimé aura perdu l’affair e
     
    L’amour est dans l’escalie r
    Il faudrait bien le nettoyer…
     
    Quoi donc ?
     
    Mais, l’escalier , voyons !

LE MIRAGE
    Cette année 68 où comme tu le clame s
    Je me suis élancé la tête la dernièr e
    Qui mais quelle tête ! Y avez-vous songé, Madame ?
    Cette année 68 c’était bien la dernièr e
     
    Que reste-t-il sous ton chagrin et sous tes rides ?
    Sous ta peau caressée par un amant de passe ?
    Sous tes cheveux truqués de cocardes livide s
    Dans le fond de tes yeux mironton et où pass e
     
    Le mirage… le mirage…
     
    Une équation passée au crible du mystèr e
    Cette vie impotente où te pleuvent des faste s
    Ces combinaisons blêmes où sèchent tes affaire s
    Ce parfum des années enfuies qui te dévast e
     
    Cette année 68 où j’ai lancé ma boul e
    Ce jeu de Société qui m’a rendu farouch e
    Cette jeunesse qui me traîne à elle et roul e
    Ces paroles des yeux s’ouvrant comme des bouche s
     
    Que reste-t-il sous ton vernis et sous ton rôl e
    Sous ta tête en allée vers des hochements triste s
    Sous ton ventre fermé sous tes maigres épaule s
    Dans tes mains mathémates et qui comptent et qui pisten t
     
    Le mirage… le mirage…
     
    Et la mort empruntée avec tous ses paquet s
    Ne voudra pas de toi pour son dernier voyag e
    Tu mettras de côté des bouts d’éternit é
    Je ne pairai plus rien pas même tes mirage s
     
    Tu pourras plus creve r
    Tu resteras indemn e













LA SORGUE
    Je suis le tapin de la lun e
    Sur le macadam à Greenwitc h
    Et mes jupons troués de lune s
    Se retroussent devant l’anglic h
     
    Je suis la copine à rada r
    Ce curieux ce flic ce voyeu r
    Et chaque fois qu’il est de quar t
    Je me mets à poil sans pudeu r
     
    Je suis la plage d’océa n
    Où je compte des grains de sabl e
    Que je refile à un marchan d
    En société avec le diabl e
     
    Je suis la gomme à efface r
    Les gratte-ciel au crépuscul e
    Et le buvard qui vient séche r
    Les mains moites des funambule s
     
    Je suis la couche du solei l
    Qui ferme ses yeux dans mes main s
    Chaque soir en grand apparei l
    Avec des étoile( s) à mon sei n
     
    Je suis la voûte impénétrabl e
    Des oiseaux fous volant de nui t
    Et qui picorent à ma tabl e
    Des logarithme( s) et du déf i
     
    Je suis le jour des yeux crevé s
    Et qui regardent en dedan s
    Des couleurs à réinvente r
    Que ne voient jamais les voyant s
     
     
    Je suis l’orgue des anonyme s
    Qui me pelotent de leurs doigt s
    Avec des cris d’amour sublime s
    Qui me jaillissent malgré mo i
     
    Je suis la femme du solda t
    Sur un châlit de paille rêch e
    Qu’il prend perhaps pour de la soi e
    Tellement mes rêves le lèchen t
     
    Je suis la lame du bandi t
    Que le crime paie quelquefoi s
    Et quand on parle d e minui t
    C’est en plein milieu de chez mo i
     
    Je suis la soie du condamn é
    Comme une araignée je déroul e
    La toile du remords et fai s
    Qu’au petit jour il perd la boul e
     
    Je suis la graine d’hôpita l
    Qui pousse des fleurs mécanique s
    Pétales d’aube et de boca l
    Où baignent mes nuits romantique s
     
    Je suis la raison d’espére r
    De l’anarchiste et du poèt e
    Et je tiens leurs idées au frai s
    En attendant qu’on les arrêt e

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