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Tarik ou la conquête d'Allah

Tarik ou la conquête d'Allah

Titel: Tarik ou la conquête d'Allah
Autoren: Patrick Girard
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administrés
et tu leur dois ce sacrifice qui, soit dit en passant, est plutôt agréable.
Après tout, Toda est très belle et elle est follement éprise de toi.
    — Je l’ai compris.
    — Ah, j’oublie un détail d’une
certaine importance. Les Wisigoths ont un sens particulier de l’honneur et des
lois assez singulières que leurs juristes se plaisent à aggraver sans cesse. Il
se pourrait que tu sois choqué par des questions qui risquent de te paraître
saugrenues. Conserve ton calme et garde-toi bien de prêter trop d’attention à
leurs propos insensés. Ce sont des Barbares et ils ont encore beaucoup à
apprendre de nous avant de pouvoir être considérés comme des Chrétiens dignes
de ce nom.
    Sertorius n’avait pas eu tort de
mettre en garde son ami. À peine Julien avait-il avoué à Witiza l’inclination
qu’il éprouvait pour sa sœur que celui-ci lui demanda :
    — Es-tu au moins un homme
libre ?
    L’exarque avait blêmi sous l’insulte
mais, dominant sa colère, s’était contenté de rétorquer :
    — Crois-tu sérieusement que
l’empereur nommerait comme gouverneur d’une cité quelqu’un de condition
servile ?
    — Tout est possible. Des
voyageurs m’ont dit qu’à Constantinople, les eunuques dictent leurs volontés
aux courtisans et aux conseillers de ton monarque.
    — J’ai quitté cette ville il y
a trop longtemps pour m’intéresser à ce qui s’y passe. Ce que je puis te
garantir, en jurant, si cela est nécessaire, sur les saints Évangiles, c’est
que ma famille n’a jamais compté un seul affranchi dans ses rangs.
    Visiblement satisfait de cette
réponse, qui dissipait certaines rumeurs fâcheuses sur son hôte, Witiza lui
expliqua qu’il n’avait pas voulu l’offenser. Il s’était contenté de prendre
quelques précautions car les lois des Wisigoths relatives à l’esclavage étaient
particulièrement sévères. L’une d’entre elles stipulait : « Il arrive
souvent que des esclaves s’enfuient de chez leurs maîtres, déclarent qu’ils
sont des hommes libres et épousent des femmes libres. Dans un tel cas, nous
prescrivons que les enfants nés de cet accouplement seront esclaves comme leur
père. Le maître qui aura retrouvé son esclave pourra réclamer et le père et
l’enfant et le pécule de l’esclave. Même chose en ce qui concerne les esclaves
femelles qui épousent des hommes libres. » Or Egica, qui soupçonnait
certains de ses rivaux d’avoir enfreint cette mesure, avait entrepris de la
faire appliquer avec une rigueur toute particulière. Witiza, dont le monarque
se méfiait, se montrait donc très prudent. C’est ce que déduisit Julien, qui ne
put s’empêcher de lui faire remarquer :
    — Ce que tu me dis de vos lois
me stupéfie. Pour qu’elles soient respectées – et leur constant
renouvellement montre que ce n’est pas le cas –, vous devez avoir recours
à une quantité de fonctionnaires, d’espions et de dénonciateurs.
    — C’est malheureusement ce qui
se passe… Et les esclaves ne sont pas les seules victimes de ces dispositions
absurdes, soupira son futur beau-frère. Nos rois ont édicté contre les Juifs
des lois qui dépassent l’entendement. Je n’éprouve aucune tendresse pour les
meurtriers du Christ, mais il est vain de les persécuter comme nous le faisons.
Nous leur interdisons l’accès de nos ports de peur qu’ils ne s’enfuient et nous
les obligeons à recevoir le baptême. Ils ne sont pas tranquilles pour autant.
Le clergé les surveille constamment pour éviter qu’ils ne pratiquent en secret
leurs rites et leur enlève leurs enfants pour les placer dans des couvents et
des monastères.
    — Notre défunt empereur
Justinien I er avait pris, sans grands résultats, des mesures
similaires. Elles ont ruiné le commerce et appauvri son trésor.
    — Et c’est précisément ce qui
est en train de se passer ici alors que le pays connaît depuis plusieurs années
de mauvaises récoltes en raison de la sécheresse. Nous aurions pourtant bien
besoin de ces mécréants pour qu’ils achètent à leurs frères d’Orient le grain
dont nous manquons cruellement. J’avais pour principal régisseur de mes
domaines un Juif, Isaac, un homme remarquable, d’une probité exemplaire. Quand
ses enfants lui ont été enlevés, il est devenu comme fou et s’est enfui de
l’autre côté de la mer chez ses frères berbères. Depuis, mes propriétés
périclitent et les intendants chrétiens que
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