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Tarik ou la conquête d'Allah

Tarik ou la conquête d'Allah

Titel: Tarik ou la conquête d'Allah
Autoren: Patrick Girard
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souverain wisigoth et le meilleur moyen de l’obtenir était de
resserrer les liens familiaux entre eux par le mariage de Florinda avec Akhila.
Julien décida qu’il était grand temps de sonder les intentions de son neveu et
le fit chercher. Les deux hommes se retrouvèrent sur la terrasse du
palais :
    — Salut à toi, Akhila, fils du
noble et illustre Witiza, auquel je souhaite longue vie et prospérité !
    — Mon cher oncle, tu es bien
cérémonieux. Je te préférais hier quand le vin te faisait divaguer.
    — Je plaisantais, tu l’as
compris, grommela l’exarque. Je suis heureux de te voir. Je n’ai pas voulu t’importuner
de la journée car tu as dû souffrir de cette épouvantable canicule. Tu dois
regretter ton palais de Toletum dont les murs épais protègent des rayons du
soleil.
    — Tu oublies que je suis
souvent venu ici, durant mon enfance, à l’invitation de ma tante Toda. Ces
séjours étaient pour moi un enchantement. J’étais enfin loin de la cour où
j’étais contraint de surveiller mes gestes et mes paroles pour ne pas nuire à
mon père. De plus, cela me permettait de retrouver Florinda, ma compagne de
jeux préférée. Elle a beaucoup grandi. C’est presque une femme et j’ai été
impressionné en la voyant déambuler, telle une déesse, au milieu des pauvres
humains qui guettaient un regard de sa part.
    — À tes paroles, je devine ton
attachement pour elle.
    — Tu n’es pas loin de la
vérité.
    — Je serais ravi de t’avoir
pour gendre.
    — Je n’en doute pas un seul
instant et je vais te dire pourquoi.
    — C’est très simple : je
tiens au bonheur de Florinda.
    — Et parce que je serai, du
moins l’espères-tu, le prochain roi des Wisigoths. Père d’une reine, beau-frère
et beau-père de rois, voilà qui comblerait tes vœux !
    — Je vois que tu sais percer le
cœur des hommes, rétorqua Julien. Je vais être franc avec toi. Toi aussi, tu as
besoin de moi et de Florinda. Ce sera un atout précieux dans les épreuves qui
t’attendent pour convaincre les nobles et les prélats de t’élire.
    — J’en ai conscience. Je suis
sûr que beaucoup succomberont au charme de mon épouse pour peu que cette
dernière ait les capacités et la volonté de me seconder.
    — Florinda les a !
    — Elle a encore beaucoup à
apprendre, Julien. C’est pour cette raison que je te demande de l’autoriser à
venir s’installer à la cour de Toletum pour y parfaire son éducation et mieux
connaître les mœurs de mon peuple qui diffèrent des vôtres, vous les Grecs, qui
croyez être les plus raffinés des humains.
    — Je te donne ma bénédiction.
Ma fille t’accompagnera, à condition toutefois qu’elle puisse conserver auprès
d’elle sa servante, Bathilde, qu’elle aime tendrement.
    — Et qui te transmettra les
informations dont tu as besoin.
    — Décidément, rien ne
t’échappe.
    — Tu as été pour moi non
seulement un bon oncle mais aussi un excellent maître. J’ai beaucoup appris en
te côtoyant et en t’observant sans que tu le remarques. Je n’aime pas prédire
l’avenir, mais je suis certain que tu souhaites m’avoir pour gendre afin que je
t’aide à repousser ces diables d’Ismaélites qui menacent tes domaines.
    — Bien vu.
    — Je le ferai à une seule
condition.
    — Laquelle, Akhila ?
    — Tu t’estimes en position
d’infériorité, pris entre nous, les Wisigoths, et les Arabes. Tu as raison,
c’est une juste appréciation de la réalité. Toutefois, ta sagacité te fait
passer à côté de l’essentiel : non pas ce que tu es, mais ce que tu
représentes. Peu importe que tes supérieurs t’aient oublié et te laissent te
morfondre à l’autre bout du monde connu. À nos yeux comme à ceux des
Ismaélites, tu es le bras armé de Constantinople dans cette région et ton
empereur inspire la crainte et le respect. Toi de même par conséquent. Le
moment venu, quand je devrai compter mes partisans lors de l’élection du roi
appelé à succéder à mon père, je sais que ceux-ci seront d’autant plus nombreux
qu’ils penseront que j’ai, grâce à toi, le soutien du basileus. Voilà ce que
j’exige de toi : confirme à ceux des miens qui viendront te consulter que
ton maître est favorablement disposé à mon égard.
    — Comme je ne puis affirmer le
contraire, ce ne sera pas un mensonge, tout au plus un pari sur l’avenir. Tu as
donc ma parole : j’agirai conformément à ton souhait.
     
    À Tingis,
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