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Sarah

Sarah

Titel: Sarah
Autoren: Halter,Marek
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mentit
Saraï. Hagar ne cesse de me manquer de respect. Il n’est plus possible qu’elle
demeure là où je suis.
    Abram respira fort, prit le temps de
s’asseoir avant de demander :
    — Que veux-tu de moi ?
    — Que tu choisisses entre Hagar et
Saraï. Abram sourit, sans joie :
    — Le choix est fait depuis longtemps.
Tu es mon épouse, elle est ta servante. Tu fais ce que tu veux de ta servante.
    — Alors je la chasse.
    Hagar quitta la plaine d’Hébron le soir
même, en larmes, emportant son gros ventre sur les chemins et un balluchon sur
l’épaule.
    Pendant trois jours, Saraï affronta la
honte de sa jalousie. La honte de sa dureté, de son intransigeance. De son
ventre sec. Elle crut en mourir.
    Pourtant rien ne put la décider à courir
derrière Hagar pour la ramener. Pas même le visage d’Abram, gris de chagrin.
Pas même la pensée qu’Eliézer de Damas, désormais éloigné quelque part dans la
plaine, devait se réjouir de redevenir l’héritier d’Abram.
    Le matin du quatrième jour, Saraï entendit
des exclamations de joie, des cris de femmes. La bouche soudain sèche, elle
reconnut la voix d’Hagar.
    Elle se précipita hors de sa tente,
hésitant à crier sa colère ou à accorder son pardon. Mais Abram déjà courait
au-devant de sa servante.
    Entourée, caressée, Hagar pleurait, riait,
geignait. Saraï la vit qui s’accrochait au cou d’Abram. Elle entendit Abram lui
dire avec la douceur d’un agneau :
    — Viens, viens t’allonger ! Tu
vas nous raconter ton histoire, mais viens d’abord t’allonger et manger un peu.
    Homme ou femme, nul n’osa affronter le
regard de Saraï. Elle s’approcha, le visage fermé, ravalant sa honte, sa colère
et sa jalousie pour entendre la fable qu’allait raconter Hagar, la mine
contrite mais l’œil bienheureux.
    — C’était avant-hier soir. J’avais
soif et je me suis approchée de la source sur le chemin de Shur, effrayée que
j’étais d’avoir à traverser bientôt le désert. Soudain, une présence s’est
approchée près de moi. Je dis « une présence », car il s’agissait de
quelqu’un qui était comme un homme mais n’en était pas un. Sans visage, avec
pourtant un dos et une voix. Me demandant : « Qu’est-ce que tu fais
là ? Alors moi : — Je fuis Saraï ma maîtresse qui m’a chassée !
Je vais mourir dans le désert avec un enfant dans mon ventre ! Et lui,
encore plus près de mon oreille : — Non, retourne d’où tu viens.
C’est un fils que tu vas mettre au monde, tu l’appelleras Ismaël. Yhwh a
entendu ta plainte, l’humiliation que t’a infligée ta maîtresse, ton fils sera
un cheval sauvage, indomptable, il se dressera contre tous et tous seront
contre lui, vivant défi pour ses frères. » Voilà ce qui a été dit.
    Hagar se tut. Radieuse. Personne n’osa
souffler mot, poser une question. La tête blanche d’Abram dodelinait comme s’il
sanglotait.
    Hagar découvrit la mine close de Saraï
derrière les autres femmes. Elle cessa de sourire, attira la main d’Abram sur
son ventre :
    — C’est la vérité, il faut me croire.
Celui qui parlait au nom de ton dieu m’a demandé de reprendre ma place près de
toi. Il m’a dit : « Tant pis si ta maîtresse t’humilie à nouveau. Il
te faudra le supporter. » Alors je suis revenue le plus vite que j’ai pu
pour que tu puisses accueillir ton fils, le soulever dans tes mains dès qu’il
sortira de ma vulve.
    Saraï songea : « Mensonges !
C’est moi qu’elle humilie, moi Saraï, sa maîtresse, qu’elle traite comme une
servante. Qui pourra le croire ? Et le dieu d’Abram qui s’adresse à
elle ! Encore des mensonges. Une fable qu’elle invente et qui va séduire
Abram. Oh ! oui ! »
    Mais elle garda le silence. Elle n’allait
pas chasser Hagar une seconde fois, se rendre encore plus dure, plus détestable
aux yeux de tous. D’ailleurs, c’eût été inutile. Abram, les yeux humides,
caressait le ventre d’Hagar :
    — Je te crois ! Je te crois,
Hagar. Je sais comment le Dieu Très-Haut peut faire connaître Sa volonté.
Prends du repos, soigne-toi, donne naissance à mon fils.
    Il se retourna, chercha Saraï des yeux.
    — N’oublie pas que Saraï est ta
maîtresse. Si elle ne l’avait pas voulu, jamais je ne serais allé avec toi pour
avoir un fils. Ne profite pas de ton bonheur pour la rendre faible et jalouse.
    Saraï s’éloigna avant même qu’il ait achevé
sa phrase.
    *
    * *
    Plus jamais
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