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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra
Autoren: Paul Bonnecarrère
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stériles, d’ordres
    et de contrordres à chaque étape.
    À Caen, les blessés sont
    enfin transportés à l’hôpital. Le capitaine Bergé va s’y rétablir en moins de
    trois semaines.
    Né à Auch, il y a juste
    trente ans, Georges Bergé est un robuste Gascon, de taille moyenne, aux cheveux
    noirs et au regard sombre. Il doit sa puissance et sa vigueur à une jeunesse
    rude et brutale, à une famille simple et intransigeante, aux sports les plus
    violents qu’il pratique depuis l’enfance.
    Le médecin-chef de l’hôpital
    de Caen ne partage pas l’optimisme de Bergé lorsque, le 9 juin, le capitaine se
    déclare apte à rejoindre son corps et réclame un titre de voyage et de
    convalescence. Le capitaine sait néanmoins se montrer suffisamment convaincant
    pour quitter l’hôpital dans la soirée, nanti de son autorisation. Il marche, s’aidant
    d’une simple canne.
    La nuit pour atteindre
    Paris, deux jours pour rejoindre Nevers. Le capitaine Bergé se présente à son
    corps, au chef de bataillon Dupuis, son supérieur direct. Les Allemands ont poursuivi
    leur avance, ils sont aux portes de Paris. Dupuis, officier consciencieux, ne
    sait que conseiller à son subordonné qu’il croyait prisonnier : « Allez
    embrasser vos parents à Mimizan. Après, vous verrez bien. Je n’ose dire : chacun
    pour soi… »
    Bergé est décontenancé, il
    espérait autre chose. Depuis un mois, il s’était efforcé de chasser l’évidence
    de son esprit, il courait après un espoir abstrus. Son but atteint, la base de
    son régiment à Nevers, ne lui procurait qu’une permission de convalescence lui
    permettant de s’éloigner du front…
    Plus accablante encore
    devait être son arrivée à la maison familiale de Mimizan. Sec, presque
    méprisant, son père devait déclarer :
    « Qu’on me donne un
    fusil, je vais y aller à ta place… »
    Alors Bergé gagne
    Bordeaux. Il erre dans les rues à la recherche utopique d’un contact, d’un
    conseil, d’une voie à emprunter. Il se rend au consulat britannique, on l’y
    reçoit comme un intrus, mais d’un sous-fifre il obtient une information : « Un
    second convoi de bateaux polonais va appareiller incessamment de Saint-Jean-de-Luz…
    Sur le premier, des soldats français ont embarqué, personne ne connaît au juste
    leur destination… »
    Des bateaux qui partent !
    C’est fuir l’enfer que sera son pays occupé, c’est peut-être une chance de ne
    pas subir l’humiliation. Bergé prend le train pour Bayonne.
    À Bayonne, un réflexe
    militaire le dirige vers la citadelle. Jamais il n’est parvenu dans le bureau d’un
    chef d’état-major avec autant de facilité ; il règne un désordre total ;
    soldats, sous-officiers et officiers s’occupent à rassembler leurs affaires, à
    troquer leurs uniformes pour des vêtements civils. Lorsque Bergé pousse la
    porte entrouverte et que, par habitude, il se fige au garde-à-vous, le colonel
    a un mouvement de surprise.
    « Monsieur ?… »
    Bergé réalise qu’il est
    en civil.
    « Capitaine Bergé, mon
    colonel, 13 ème d’infanterie de Nevers. Je suis en permission de
    convalescence.
    — Eh bien, bonnes
    vacances, capitaine !
    — Mon colonel, je
    venais me mettre à vos ordres.
    — Vous m’en voyez
    flatté, mais je n’en ai aucun à transmettre. »
    Décontenancé, Bergé
    bredouille :
    « Puis-je au moins
    obtenir de vous un conseil ? Une suggestion, mon colonel ?
    — À quel sujet ?
    — J’ai entendu dire
    que des bateaux polonais devaient appareiller de Saint-Jean-de-Luz en direction
    de l’Afrique du Nord. Est-il de notre devoir de tenter d’embarquer à leur bord ?
    — Capitaine, je me
    fous éperdument de vos états d’âme, je me lave les mains de vos crises de
    conscience. Ignorant où se trouve le mien, je ne sais absolument pas où est
    votre devoir. Faites ce que bon vous semble, et ne cherchez pas à rejeter la
    responsabilité de vos actes sur l’autorité que je représente à vos yeux ! En
    un mot, démerdez-vous et foutez-moi la paix ! Désolé de n’avoir pas pu
    vous aider. » Amèrement, Bergé sourit.
    « Détrompez-vous, mon
    colonel, vous m’avez aidé, considérablement aidé. »
    En sortant de la
    citadelle, Bergé jette sa canne ; il considère qu’elle est devenue inutile,
    il boite encore légèrement, mais les séquelles de ses blessures ne le
    tourmentent plus. Il se dirige vers le labyrinthe de ruelles de la vieille
    ville. Avec les quelques milliers de
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