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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra
Autoren: Paul Bonnecarrère
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quatre
    kilomètres et c’est le camp d’Aintree. Inquiets les Français remarquent les
    sentinelles, les fils de fer barbelés. A peine sortis du camion, les trois
    officiers s’éloignent. Quilici prend ses compagnons par le bras.
    « Il faut foutre le
    camp d’ici et gagner Londres au plus vite, J’ai réussi à téléphoner à une
    grande amie, Geneviève Tabouis, c’est une journaliste, elle est au Savoy, elle
    nous attend. Un général français a pris la décision de poursuivre le combat. Il
    cherche des officiers pour le seconder, il s’appelle de Gaulle.
    — Pourquoi ne pas
    en parler aux Anglais ?
    — Il me semble plus
    simple de se procurer une paire de pinces coupantes que de rédiger un rapport à
    l’intention des autorités britanniques. »
    Aux alentours de 2
    heures du matin, Bergé à plat ventre sectionne sans peine la double rangée de
    barbelés, ce qui permet aux trois hommes de ramper à l’extérieur du camp. Il a
    volé lui-même une paire de pinces dans la caisse à outils d’un camion anglais. Les
    officiers français gagnent à pied Liverpool, déambulent dans les rues désertes
    jusqu’à l’heure du premier train qui, sans encombre, les conduit à Londres.
    À 15 heures ils se
    rasent dans les toilettes de la gare Victoria, à 16 heures ils arrivent dans le
    hall du Savoy. Geneviève Tabouis les y rejoint. Après les avoir embrassés,
    elle leur parle avec passion de l’appel du 18 juin, de l’organisation qui prend
    naissance, mais surtout elle évoque de Gaulle, sa personnalité, sa résolution. Bergé
    écoute la journaliste avec fièvre. L’image de son nouveau chef se forme dans
    son esprit, il éprouve une intense satisfaction, car enfin il réalise qu’il a emprunté
    le bon chemin, que son instinct ne l’a pas trompé et que c’est bien d’ici que
    le combat doit se poursuivre.
    Par téléphone, Geneviève
    Tabouis organise un rendez-vous instantanément. De Gaulle recevra les trois
    officiers à 18 h 30 à sa résidence de St. Stephen’s House. Ça
    leur laisse tout juste une heure devant eux. Quilici et Bensa décident d’arpenter
    les rues de Londres, Bergé s’affale dans un fauteuil de l’immense hall et
    rassemble ses idées.
    C’est pendant cette
    heure de méditation solitaire d’un officier épuisé que devait naître l’idée des
    parachutistes de la France libre.
     

2
    St. Stephen’s House. Une austère bâtisse au
    cœur de Londres. Trois étages, des escaliers recouverts d’un tapis à la couleur
    passée, des murs nus, une salle d’attente improvisée sur un palier, des sièges
    sans style disposés au hasard, et des portes à travers lesquelles des officiers
    français de toutes les armes dansent un ballet soucieux.
    Bergé est le dernier à
    être reçu. Le bureau du Général est imprégné d’une odeur douce de tabac blond. De
    Gaulle est debout, il fume. À ses côtés se tient un chef de bataillon d’infanterie.
    Bergé se fige, se présente, excuse sa tenue civile. Le Général l’interrompt d’un
    geste :
    « C’est bon, mon
    vieux. Comme à vos compagnons de route je dis : merci de votre présence et
    de votre fidélité. Les Anglais ont mis les bâtiments de l’Olympia à
    notre disposition. Vous allez vous y rendre. Nous déciderons de vos
    affectations respectives dans les plus brefs délais, je coordonnerai tout ça, je
    tenterai d’avoir avec vous le plus de contacts possible. À l’heure actuelle je
    résous des problèmes, hélas ! davantage politiques que militaires, mais il
    est indispensable que je puisse compter sur vous tous. »
    La voix grave, le ton
    pesant et définitif du monologue surprennent Bergé. Il est évident que les
    paroles du Général n’attendent pas de réplique. Le jeune capitaine s’apprête à
    remercier et à sortir. Il a néanmoins marqué une hésitation involontaire et de
    Gaulle l’a senti « Vous avez quelque chose à ajouter, capitaine ?
    — Mon général, je
    voulais porter à votre connaissance que je suis l’un des rares officiers
    français à avoir suivi les stages d’entraînement parachutiste d’Avignon-Pujaut.
    J’ai, en outre, étudié attentivement les méthodes soviétiques et allemandes se
    rapportant à leurs unités spécialisées. Dans le cas où vous envisageriez la
    création d’un corps similaire, j’aimerais avoir l’honneur d’en faire partie. »
    De Gaulle s’assied et
    désigne un siège à Bergé qu’il semble seulement découvrir. Il
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