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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra
Autoren: Paul Bonnecarrère
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conduite de la guerre ; il a en lui une soif d’aventures, une fougue qui le précipitent vers l’action. Il vient lui aussi de traverser la France en diagonale, du nord-est au sud-ouest. Il appartient au 8 e génie, unité au sein de laquelle il ne compte pas que des sympathies. « Tu es trop beau pour faire un bon soldat », lui ressassait son commandant de compagnie. Ce genre de brimade le laissait froid. Grand, souple, athlétique, un visage aux traits trop fins et trop réguliers et qui ne trouvait sa virilité que dans un regard clair et rusé, il se sentait à l’aise dans sa peau et s’amusait de sa réputation de don Juan parfaitement fondée.
    Toujours calme et maître de lui, on percevait derrière une façade nonchalante une violence rentrée, une volonté solide.
    Au camp d’Aintree où furent également parqués les passagers du Baron Kirmaid, Le Tac devait séjourner deux interminables semaines avant de connaître enfin son incroyable affectation : chef scout !
    « Breton, ancien louveteau, ancien scout, ancien routier, grade de sergent, aspirant élève officier, quel con j’ai été de leur balancer tout ça ! »
    ressassait-il dans le train qui le conduisait vers son poste, un camp perdu du nord du pays de Galles. « Chef scout ! Pourvu qu’ils ne nous fassent pas défiler dans Londres en short et chapeau pointu ! »
    En fait, la troupe ne ressemblait à aucune autre. Elle était formée de jeunes gens qui tous étaient devenus des hommes en quelques heures. Bretons pour la majorité, ils venaient de l’île de Sein, du Finistère, des Côtes-du-Nord, de la Manche, du Calvados. La plupart d’entre eux avaient risqué leur vie pour gagner l’Angleterre. Tous allaient devenir des soldats de la France libre. Ils avaient entre quatorze et dix-huit ans.
    Le 29 juillet, Le Tac rentre au camp après une marche forcée de vingt-quatre heures. Il est suivi de son troupeau d’adolescents harassés. Un grand sergent désinvolte l’attend, mâchant un cigare éteint.
    « Tu es le sergent Le Tac ? Je suis Varnier. André Varnier, de la 1ere compagnie parachutiste de la France libre.
    — Parachutiste ?
    — Oui, sans parachutes, sans avions, sans hommes, mais parachutiste quand même. »
    Varnier gasconne, il roule les « r », il est jovial et sanguin.
    « Si on allait boire un coup au village, propose Le Tac, j’ai une moto. »
    Dans le pub enfumé, Varnier explique :
    « Je me promène aux frais de la princesse, car je suis chargé de recruter des volontaires. Je visite les camps français, le tien est sur la liste. Les gosses peuvent signer et nous rejoindre le jour de leurs dix-huit ans, enfin ceux que tu me désigneras, des solides, tu vois ce que je veux dire…
    — Je vois, mais moi je suis majeur et volontaire. On trouverait sans peine à me remplacer ici.
    — Ça paraît possible, Le Tac, je vais te faire signer ta demande. Dans un sens ça me plairait d’avoir un Breton dans ma compagnie. Jusqu’à présent, on est tous du Sud-Ouest.
    — Vous êtes nombreux ?
    — Deux. Le capitaine Bergé qui est d’Auch, et moi qui suis de Tarbes. Tu as des chances d’être le troisième… »
    « L ’Olympia, c’est en plein centre de Londres, tout le monde te renseignera », avait assuré Varnier. Mais Le Tac n’avait pas prévu ses ennuis d’embrayage. Sur la vieille Norton il hésite à s’arrêter, craignant de ne pouvoir repartir. Depuis Bangor, il a parcouru plus de trois cents kilomètres sans descendre de sa motocyclette. En pénétrant dans Londres il a relevé ses lunettes sur son front, laissant apparaître deux énormes traces blanchâtres sur la crasse qui couvre son visage.
    Le bas de son pantalon de toile claire est maculé de taches brunes. Jamais il ne s’est senti aussi sale. La chance lui sourit. Deux officiers de l’Air français le dépassent en taxi ; il lui suffit de les suivre pour se retrouver devant l’Olympia.
    « Pouvez-vous m’indiquer les locaux des parachutistes de la France libre ?
    — Des parachutistes ?
    Je savais même pas qu’il y en avait, sergent. Vous n’avez qu’à vous promener dans les étages, ça doit être marqué sur la porte. »
    Il faut à Le Tac un bon quart d’heure de recherches et d’investigations pour trouver. Il frappe, entre, se présente à Bergé.
    « Sergent Le Tac. Je viens me mettre à vos ordres, mon capitaine.
    — Je suis heureux de vous voir, Le Tac. Vous avez traversé une mare de mazout ?
    — Je m’excuse, mon
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