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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra
Autoren: Paul Bonnecarrère
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cherche des
    fiches sur son bureau.
    « Vous êtes Bergé, Georges,
    capitaine à titre temporaire ? Tout cela me paraît intéressant, Bergé. Ainsi
    vous avez sauté en parachute ? »
    Des gouttes de sueur
    perlent sur le front du capitaine. Il bredouille :
    « C’est-à-dire, pas
    exactement, mon général. »
    De Gaulle semble amusé :
    « Voyons, mon vieux,
    expliquez-vous. Ce stage d’Avignon-Pujaut ?
    — J’ai sauté de la
    tour d’entraînement, mon général. L’infanterie de l’air n’avait pas d’appareil
    à sa disposition.
    — Eh bien, comment
    est-ce donc fait, une tour d’entraînement ? »
    Bergé ne peut se
    résoudre à tricher. De plus en plus mal à l’aise, il avoue :
    « La tour d’entraînement
    d’Istres était hors d’usage, mon général, ainsi que celle d’Avignon-Pujaut. J’ai
    reçu un ordre de mission me permettant d’aller effectuer trente sauts gratuits
    au parc d’attractions de l’Exposition de 1937. »
    De Gaulle sourit ; il
    allume une nouvelle cigarette et conclut :
    « Je vais penser à
    vous, Bergé, je vais étudier votre proposition, elle me séduit. Il est certain
    que le parachutisme est appelé à jouer bien des rôles dans le combat que nous
    entreprenons. Laissez-moi une semaine ou deux, je vous contacterai. »
    L’Olympia est un important
    immeuble de six étages qui sert de havre aux Français libres. Bergé s’est octroyé
    une pièce au second. Il a trouvé quelques meubles, un bureau et quatre chaises
    qui ne lui servent pour l’instant qu’à recevoir des amis qui, comme lui, vivent
    dans l’attente, bercent leur esprit de grandioses projets, d’utopiques et
    romanesques revanches.
    Chaque matin, pendant la
    vingtaine de jours qui a suivi son entretien avec de Gaulle, Bergé se rend à St.
    Stephen’s House. Il n’ose pas solliciter une nouvelle audience du Général, mais
    son opiniâtreté a séduit l’un de ses plus proches collaborateurs, le commandant
    Passy qui, chaque jour, écoute le flot intarissable et enthousiaste de projets
    et de suggestions du jeune capitaine.
    Le 20 juillet, Bergé
    croise Passy dans l’escalier. Le commandant descend les marches deux par deux
    sans s’arrêter. Il fait signe à Bergé de le suivre et, dans la rue qu’il
    arpente à grandes enjambées, il déclare :
    « Préparez-moi un
    projet, une page tout au plus, sinon il n’aura pas le temps de lire. Apportez-moi
    ça avant 16 heures. »
    Bergé regagne l’Olympia,
    s’enferme dans son bureau et attaque son rapport. La rédaction ne l’inquiète
    pas, il a commencé sa vie comme instituteur, mais faire tenir en quelques
    lignes tous les espoirs qu’il caresse constitue une prouesse. Trouver une
    machine à écrire et un homme qui sache s’en servir en constitue une seconde. Pourtant,
    à 4 heures moins 10, Bergé se tient dans le bureau de Passy qui, souriant, prend
    connaissance du rapport. Il dit simplement : « Attendez-moi là. »
    Passy réapparaît moins
    de trois minutes plus tard. Il tient toujours entre deux doigts la feuille
    dactylographiée. Bergé pense : « C’est foutu ! », et sa
    déception doit se lire si clairement sur son visage que Passy, dans un éclat de
    rire, lui assène une forte tape sur l’épaule.
    « Ne faites pas
    cette gueule, Bergé ! Depuis une minute vous êtes le commandant des Forces
    parachutistes de la France libre ! Effectif : un homme ! Vous !
    Mettez-vous en rapport avec l’amiral Muselier dont vous dépendrez jusqu’à
    nouvel ordre. »
    Bergé serre la main du
    commandant Passy, balbutie des remerciements, s’apprête à sortir. Passy le rappelle :
    « Je comprends
    votre émotion, mais ce n’est pas une raison pour oublier toutes les archives de
    votre unité… »
    Il tend le rapport. Ahuri,
    Bergé découvre une notation en marge faite d’un coup de plume large et nerveux :
    « D’accord. »
    Il est signé : « C.
    de Gaulle. »
     

3
    Six jours après le Jean Sobieski, un cargo écossais, le Baron Kirmaid, parvenait à appareiller de Saint-Jean-de-Luz à destination de la Grande-Bretagne. Une trentaine de soldats français avaient réussi à s’embarquer à son bord. Parmi eux quatre aspirants élèves officiers, les sergents Kuhner, Lamodière, de Kergolay, et Le Lac.
    Joël Le Tac vient d’avoir vingt-deux ans. Les raisons qui le poussent à s’expatrier sont les mêmes que celles qui inspirèrent Bergé, mais ses réactions sont différentes. Il ne se sent pas responsable de la
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