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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra
Autoren: Paul Bonnecarrère
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géants sont épinglés sur des panneaux de bois montés sur trépied. Depuis le début de la réunion, l’homme de l’Intelligence Service tente de faire admettre à ses supérieurs l’authenticité de renseignements qui lui sont parvenus de France par le truchement d’un réseau polonais. C’est la première source d’information en provenance d’une zone occupée par l’ennemi. Il est question d’une escadrille de chasseurs spécialisés de la Luftwaffe, formée de techniciens de la navigation. La précision de cette unité est inimaginable. Il est évident qu’il a fallu plusieurs années pour entraîner des pilotes jouissant d’une telle sûreté.
    Les missions de cette escadrille permettent des bombardements d’une exactitude catastrophique pour les Alliés. Précédant les bombardiers, les chasseurs allemands décollent de l’aérodrome de Vannes-Meucon. Ils lâchent des bombes incendiaires aux angles d’un quadrilatère dont le centre constitue l’objectif à atteindre. Les bombardiers qui suivent se repèrent sur les quatre incendies et n’ont plus qu’à frapper leur cible.
    Le réseau polonais affirme que le soir des raids, les pilotes quittent Vannes par autocar pour gagner l’aéroport. Un commando léger pourrait donc tenter de s’attaquer au car entre Vannes et Meucon.
    « Je ne peux pas être d’accord, c’est trop risqué, déclare Archdale pour la centième fois. La région est infestée d’Allemands. Nos parachutistes seront massacrés probablement avant même d’avoir touché le sol. C’est une mission suicide. »
    Le général Spiers se décide à abattre son jeu : depuis des heures il pèse le pour et le contre, il comprend parfaitement les scrupules d’Archdale, mais l’homme du service de renseignements a exposé des arguments qui finalement l’emportent.
    « Je pense, déclare-t-il calmement, qu’il faut tenter l’opération, même si elle n’a qu’une chance sur cent de réussir. Tôt ou tard, nous serons appelés à parachuter des agents chez l’ennemi. Il nous faudra créer des réseaux de renseignements, nous assurer des sympathies, trouver des refuges sûrs. Un jour ou l’autre ce problème reviendra fatalement sur le tapis et nous nous retrouverons alors devant les mêmes problèmes. Puisqu’aujourd’hui l’occasion se présente, nous devons tenter l’opération. »
    Si bien que le 2 mars, au volant d’une anonyme voiture noire, le colonel Archdale roule sous une pluie battante en direction de Beaulieu Abbey. Il vient de passer Christchurch et longe le littoral. La mer étonnamment calme ne vit que par le crépitement de la pluie serrée qui la frappe. Pas un navire entre le continent et l’île de Wight.
    Avant Beaulieu, Archdale s’engage dans un chemin de terre qui serpente sur la gauche de la route. Pendant deux kilomètres, il patauge et patine dans la boue avant de parvenir sur le gravier d’Intchmery House et de s’arrêter devant le perron de la lourde bâtisse.
    Le colonel prend sa serviette. Elle contient un dossier qui porte une simple étiquette d’écolier sur laquelle on a tracé d’un coup de plume : « SECRET — OPERATION
    SAVANNAH. »
    Archdale a calculé son horaire pour arriver à l’heure du thé. Il est reçu par le responsable des lieux, le capitaine Appleyard. D’un pas vif il gagne son bureau après l’avoir prié de convoquer Bergé. Les deux officiers britanniques parlent le français sans difficulté, mais leurs propos sont légèrement teintés d’accent. C’est donc en français que les instructions de l’état-major sont transmises à Bergé.
    Ces instructions consistent à faire sauter en parachute cinq de ses hommes au-dessus de la France occupée. Ils seront largués en civil dans un champ situé à deux kilomètres de la route Vannes-Meucon. L’objectif : anéantir un véhicule ennemi, ensuite être récupérés par un sous-marin trois semaines plus tard sur la plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
    Bergé a écouté le colonel Archdale sans l’interrompre ; en silence il a étudié ses documents, puis calmement il a déclaré :
    « Je ne veux même pas envisager les risques, mais votre mission comporte quatre-vingt-dix pour cent d’improvisation. Je considère ne pas avoir sous mes ordres un officier suffisamment mûr pour assumer une telle responsabilité. Avant de poursuivre cette discussion, je veux être sûr que je prendrai la direction du commando et que je choisirai les hommes qui
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