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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras
Autoren: Max Gallo
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me suis redressé. J’ai exalté le courage, l’héroïsme de don Juan, le respect et la reconnaissance que tout catholique, fût-il roi, devait lui témoigner.
    — Qui s’y refuse ? a répliqué calmement Sarmiento.
    Je me suis rassis. J’ai dû entendre son discours.
    La Sainte Ligue n’existait déjà plus, a-t-il dit. Les commandants en chef, Veniero, Doria, Colonna, se disputaient les dépouilles turques. Chacun voulait la plus grosse part du butin. Il y avait huit mille prisonniers et cent quatre-vingts galères capturées. Des hommes qui avaient combattu côte à côte s’étaient poignardés après s’être disputé un capitaine turc dont ils espéraient tirer une forte rançon. Et depuis lors – Sarmiento s’est penché, pour me fixer droit dans les yeux –, ce Turc avait été retrouvé noyé, son corps rejeté sur les rochers.
    Au reste, qu’aurait pu entreprendre désormais la Sainte Ligue ?
    Les Vénitiens voulaient reprendre Chypre. Colonna et le pape rêvaient de nettoyer la Méditerranée des Barbaresques.
    — Quant à notre Philippe II, il doit penser au monde, et non pas seulement à ces quelques îles ou côtes arides dont Venise, le pape, les Génois et l’ordre de Malte continuent de croire qu’elles sont le seul horizon. C’est aux Pays-Bas, sur les bords du Rhin, de la Seine, de la Loire, que se livrent les batailles. Je te l’ai déjà dit : l’avenir appartient au roi d’Espagne, au fils légitime de Charles Quint et à sa descendance, non à un bâtard, fût-il glorieux !
    Sarmiento s’est approché de moi.
    — Don Juan veut être roi, le souverain de n’importe quel pays. Il lui faut une couronne ! Mais jamais Philippe II n’y consentira. Un bâtard ne saurait s’asseoir sur un trône.
    Sarmiento a continué à discourir longuement, m’exhortant à regagner l’Espagne avec lui.
    Philippe II avait plus que jamais besoin d’hommes tels que moi, gentilshommes courageux et fidèles. Le roi me chargerait sûrement d’une mission en France où la guerre entre huguenots et catholiques couvait.
    Il fallait attiser ce feu afin d’extirper l’hérésie protestante de ce royaume. Telle était la première tâche que voulait accomplir le souverain d’Espagne et qui devait être celle de tout catholique.
    L’Empire ottoman devait être contenu, c’était là ce qu’avait réussi la Sainte Ligue par la victoire de Lépante et la destruction de la flotte turque. Mais les infidèles seraient toujours des infidèles. Et on devait empêcher que des chrétiens ne choisissent l’hérésie. Or cette peste huguenote faisait des ravages aux Pays-Bas, en France. C’était elle qu’il fallait combattre.
    Que don Juan s’attelle à cette tâche plutôt que de rêver de devenir roi de Tunis ou d’Alger !
    D’ailleurs, avec quelles galères et quels soldats voudrait-il conquérir les royaumes barbaresques ? La Sainte Ligue était épuisée, déchirée.
    Venise ? Le grand vizir avait confié à l’ambassadeur de France, à ce huguenot nommé Guillaume de Thorenc, que les Ottomans, en s’emparant de Chypre, avaient amputé Venise d’un bras. « En détruisant notre flotte, avait ajouté le grand vizir, les Vénitiens ont certes rasé notre barbe. Un bras coupé ne repousse pas, mais une barbe rasée n’en repousse que mieux ! »
    Don Juan ne pouvait donc qu’obéir au roi d’Espagne, et celui-ci lui avait fait connaître ses intentions par une lettre que Diego de Sarmiento avait été chargé de lui remettre et dont il m’a cité une phrase : « Quelque désir que j’ai de vous revoir et de vous féliciter de vive voix pour le courage dont vous avez témoigné, vous comprendrez les raisons pour lesquelles j’ai jugé nécessaire que vous passiez l’hiver à Messine… »
    — Ici on lui dresse une statue, je crois, a dit Sarmiento. Qu’il assiste à sa bénédiction…
    Il s’est esclaffé.
    — Mais il ne peut y avoir deux soleils qui brillent en même temps dans le ciel d’Espagne.
    Mais moi, à l’en croire, je pouvais, je devais retrouver la cour d’Espagne. Les femmes y aimaient les héros. Borgne et perverse, la princesse d’Eboli était de plus en plus resplendissante, et son amant, Antonio Pérez, avait acquis une grande influence auprès du roi. Or la princesse m’aimait bien. À entendre Sarmiento, elle s’inquiétait souvent de mon sort. Elle avait craint que je n’eusse été tué dans cette bataille. Et lors du Te Deum, qui, à
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