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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire
Autoren: C.L. Grace
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cala dans son siège et, levant les yeux au plafond que soutenaient d’énormes poutres, il entreprit de se balancer doucement, les mains croisées sur sa panse rebondie. Son clerc Simon, au contraire, s’était penché en avant, fixant le sol, comme s’il refusait de reconnaître la présence de Kathryn. Newington s’agitait toujours tandis que le soldat derrière lui semblait à demi assoupi. Kathryn le détailla à la dérobée, notant les mains et le visage crasseux, les cuissardes souillées. Oui, il devait dormir. Elle prit alors la parole :
    — Maître Newington, vous m’avez mandée ce matin ?
    Avec un effet de robe, le magistrat s’inclina fébrilement devant le prélat, déclarant :
    — Son Éminence le cardinal archevêque est bien connu. Voici Simon Luberon, son clerc principal, ajouta-t-il en indiquant le secrétaire.
    Newington eut un mince sourire.
    — Moi, vous me connaissez, n’est-ce pas, et lui...
    Il se tourna pour désigner le soldat.
    — Lui, c’est Colum Murtagh, maréchal de la maison du roi, et maintenant...
    Newington avala sa salive. C’est alors que Murtagh prit la parole de sa voix très basse, teintée d’accents musicaux.
    — Et maintenant gardien des chevaux du roi, des écuries et des pâtures de Kingsmead, et commissaire spécial de la ville, acheva-t-il à la place du magistrat.
    Kathryn le regarda fixement. Elle connaissait
    Kingsmead où étaient logés et entretenus les chevaux des messagers royaux. La rumeur courait que, à cause de la récente guerre civile, le petit manoir avec ses écuries et ses dépendances tombait en ruine. On disait aussi que les fermiers alentour faisaient paître leurs bêtes dans les prairies royales. Murtagh mettrait sans doute un terme à ces pratiques. Kathryn entendit alors Luberon qui faisait claquer sa langue avec impatience.
    — Pourquoi m’a-t-on mandée ici ? demanda-t-elle brusquement. Pourquoi cette convocation hors de chez moi ?
    Newington croisa les doigts, humecta nerveusement ses lèvres tout en jetant un regard à l’archevêque.
    — Des crimes ont été perpétrés dans la ville, Maîtresse Swinbrooke, de terribles meurtres de pèlerins…
    Le sang de Kathryn se glaça. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais Luberon, le clerc, le fit avant elle :
    — Le saviez-vous ?
    — J’ai ouï dire qu’un médecin avait été empoisonné à la Taverne de l’Échiquier.
    — C’est le quatrième meurtre, précisa Bourchier. Toutes les victimes sont des pèlerins, et toutes ont été empoisonnées.
    Le prélat soupira.
    — Au début, nous n’y avons pas prêté attention : le mal de la sueur tuait tant de gens ! Puis nous nous sommes souvenus d’un message cloué sur la porte de la cathédrale.
    Se tournant, Bourchier adressa un signe de la tête à Luberon, qui tendit à Kathryn un morceau de parchemin sale portant l’empreinte d’un pouce graisseux.
    — Vous savez lire ? Demanda le clerc. Kathryn ignora le mépris.
    — Assurément, Maître clerc.
    Le message gribouillé était énigmatique :
    Sur la tombe de Becket, poussière et crasse Radix malorum est Cupiditas.
    Kathryn fronça les sourcils.
    — « L’avarice est source de tous les maux. » Pourquoi cette maxime ?
    Ce fut Bourchier qui répondit :
    — Tout d’abord nous avons pensé qu’il ne fallait pas chercher une signification à ce débris de parchemin cloué à la porte principale de la cathédrale. Puis quand d’autres messages ont suivi, nous avons commencé à entrevoir comment ils s’inséraient dans un dessein général. «  Un tisserand s’était acheminé jusqu’à Cantorbéry, Et moi, j’ai envoyé son âme au Ciel  », disait le message suivant. Or, pour sûr, un tisserand d’Evesham fut empoisonné à Burgate.
    L’archevêque haussa les épaules.
    — Il y eut d’autres avis suivis de meurtres. Un charpentier, un mercier, et enfin un médecin.
    Le prélat dévisagea Kathryn.
    — Avant chaque empoisonnement, reprit-il, quelqu’un a placardé un message à la porte de la cathédrale, un message en mauvais vers comme celui que je viens de vous réciter, et qui indiquait le métier de la victime.
    — En quoi suis-je concernée ?
    — En rien, répliqua doucement Bourchier, mais il faut que vous compreniez, Maîtresse
    Kathryn : le tombeau de Becket est célèbre, il attire des pèlerins de toute l’Angleterre et même du reste de l’Europe.
    — C’est source de profit, intervint
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