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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire
Autoren: C.L. Grace
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avait si froid, se sentait si faible ! Et elle ne voulait pas prendre le risque que Newington s’enfuie.
    — Parle-moi de toi, répéta-t-elle.
    Et le jeune garçon se mit à bavarder tandis que Kathryn s’obligeait à écouter sa triste histoire : l’enfant se souvenait vaguement de sa mère, qui avait disparu, et depuis il menait une vie misérable, suivant le camp comme un chiot.
    — Quel est ton nom ? demanda Kathryn.
    — Wuf.
    Kathryn sourit en même temps qu’elle retrouvait force et chaleur. Elle se redressa et abaissa les yeux sur l’enfant.
    — Pourquoi ce prénom de Wuf ?
    — C’est un soldat qui me l’a donné, mais il est mort, aujourd’hui. Comme je ne souriais jamais, il me soufflait dans la figure. Et quand je me mettais à rire, il disait que c’était à cause de l’air qui faisait « wuf » sur mon visage. Depuis on m’appelle ainsi. Je suis brave aussi, ajouta-t-il, indiquant le corps de Newington. Quand j’ai entendu le grand craquement du bois, je suis venu voir si vous n’étiez pas en danger. Maîtresse, avez-vous quelque chose à manger ?
    — Hélas, non.
    — Et lui ? Là-haut, il n’y a rien ?
    Kathryn se souvint des coupes de vin empoisonné.
    — Ne monte surtout pas ! dit-elle précipitamment. C’est dangereux.
    Le jeune garçon décrivait la tranche de chevreuil bouilli qu’il avait mangée à son dernier repas quand résonna dehors un bruit de sabots martelant les pavés. Courant à la porte, Kathryn vit une troupe de gibiers de potence, conduite par Colum et Holbech, qui pénétraient dans la cour du manoir. Au milieu, sur un gentil petit cheval à la mine docile, chevauchait Thomasina, le visage congestionné et transpirant. Dès qu’elle aperçut sa maîtresse, elle sauta de sa monture et s’élança vers elle.
    — Que se passe-t-il, Maîtresse Kathryn ? L’Irlandais n’a jamais envoyé de message !
    La servante découvrit alors Newington.
    — Ah, s’exclama-t-elle, c’était un coup de cette canaille !
    Elle jeta un regard rapide à la cape et au capuchon noirs du magistrat avant de reporter les yeux sur sa maîtresse :
    — C’est l’assassin, n’est-ce pas ?
    Colum, qui arrivait derrière Thomasina, demanda :
    — Est-il encore en vie ?
    Puis, écartant le garçon, il saisit Kathryn par l’épaule.
    — Il vous a fait du mal ?
    Kathryn reprit la main du gamin et répondit :
    — Oui, Newington est le meurtrier, et oui, il a voulu me tuer, et oui, il vit encore, mais il est inconscient.
    Colum s’approcha du magistrat pour lui flanquer un violent coup de pied dans les côtes. Newington entrouvrit les yeux en gémissant.
    — Holbech, mets-moi cette ordure debout ! tonna alors l’Irlandais.
    Le mercenaire entra dans la salle d’un air conquérant, ramassa quelques brins d’herbe sèche qu’il enflamma. Puis, avant que Kathryn ait pu s’y opposer, il promena l’extrémité rougie des tiges sur les jambes de Newington, qui gémit et se tordit de douleur.
    — Arrêtez ! ordonna Kathryn.
    Colum fit claquer ses doigts, et Holbech, aidé par d’autres soldats, souleva Newington pour le mettre sur ses pieds. Le magistrat était fort mal en point : un côté de son visage était contusionné, et ses lèvres éclatées étaient couvertes de sang. Il posa un regard vide sur Kathryn et Colum, puis ricana.
    — Sortez-le ! ordonna Colum. Attachez-le à un cheval, cachez son visage et conduisez-le au château.
    Ils regardèrent les hommes emmener Newington.
    — Il sera jugé, annonça Colum, mais pas ici. C’est la cour du Banc du Roi qui le jugera, et ensuite il affrontera le bourreau pour être pendu !
    Il regarda Kathryn et lui demanda :
    — Comment l’avez-vous démasqué ? Kathryn sourit.
    — Grâce à Chaucer. Je vous expliquerai plus tard, ajouta-t-elle en voyant que Thomasina s’agitait autour d’elle comme une mère poule.
    Puis elle reprit à l’adresse de Colum :
    — Attention, il y a là-haut des coupes de vin, et je crains qu’elles ne soient empoisonnées.
    Sur quoi, elle sortit du manoir en ruine, tenant toujours le garçon par la main.
    — Où l’emmenez-vous ? demanda Thomasina.
    Kathryn baissa les yeux sur Wuf.
    — Je l’emmène avec moi, Thomasina. Il s’appelle Wuf. Il est bien maigre, encore tout jeune, et il a très faim.
    Kathryn sourit à l’enfant.
    — Il est aussi très courageux.
    Thomasina, qui avait compris l’humeur de sa maîtresse, saisit la main de
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