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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire
Autoren: C.L. Grace
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l’anéantissement de la maison de Lancastre. Oui, c’était un temps de tueries, et ceux qui le pouvaient évoquaient les vers funestes du poète Chaucer :
    Le coquin souriant, une dague dissimulée sous sa cape ;
Les granges des fermes mises à feu et leur épaisse fumée noire.
Le traître meurtre perpétré dans un lit,
La bataille ouverte et les blessures sanglantes.
    Quelques semaines plus tard, Robert Clerkenwell, un médecin venu d’Aldgate, à Londres, discutait avec flamme de l’issue possible de semblable guerre, à la Taverne de l’Échiquier , située près des entrepôts, dans le centre de Cantorbéry. Robert était un homme riche ; les médicaments qu’il avait vendus pendant l’épidémie du mal de la sueur – eau de rose et miel – n’avaient sans doute pas guéri beaucoup de ses malades, mais ils avaient rempli la bourse du bon docteur de sonnantes pièces d’or et d’argent. Pour Robert, l’année avait été profitable.
    « Le Seigneur donne, le Seigneur reprend », murmurait-il pieusement en empochant son dû, avant d’abandonner ses malades à la mort.
    L’été venu, Robert avait décidé de remercier Dieu de pareilles bonnes grâces en chevauchant jusqu’à Cantorbéry pour prier devant la tombe de Becket. Le trajet avait été paisible et plaisant, la campagne tranquille et douce, comme si la terre retenait son souffle tandis que rois et princes se préparaient au combat. Voilà trois jours que Clerkenwell était à Cantorbéry ; il s’était rendu deux fois à la cathédrale et avait fait bonne chère dans les échoppes de cuisiniers et les auberges locales. Il avait même payé les services d’une avenante fille de cuisine qui l’avait comblé de toutes les manières qu’il souhaitait dans la plus vaste chambre au-dessus de la taverne. Il partirait demain ; ses sacs étaient prêts, et le bon docteur achevait son dernier repas à Cantorbéry : cailles rôties, dorées, succulentes et tendres à souhait ; légumes frais, et un vin blanc, clair, bien rafraîchi dans les grands celliers de l’auberge. Repu maintenant, Robert rotait béatement, souriant avec bonhomie à ses compagnons assis à côté de lui dans la salle de l’auberge. Il flatta de la main sa panse rebondie et déclara, pinçant sa bouche moqueuse :
    — Écoutez-moi bien, la reine Marguerite vaincra : elle a dans sa suite de hardis Bretons, et Somerset et Wenlock sont habiles généraux. Édouard d’York aura peine à conserver ce dont il s’est emparé.
    Clerkenwell promena à la ronde ses yeux bleu délavé tout brillants, mais les autres pèlerins étaient trop fatigués ou trop ivres pour relever. Qui plus est, leur compagnon docteur était un ladre. Ils avaient tous espéré qu’avant la fin de la soirée il demanderait au tenancier de percer un nouveau tonneau de vin, ou pour le moins qu’il commanderait des assiettes de viandes rôties ou des plats de confits pour ses commensaux moins fortunés qui avaient encore faim. Le médecin fît claquer ses lèvres et regarda alentour. Il prit son gobelet, en fit tourner le contenu, avant de le boire d’un trait. Après quoi il se redressa et vitupéra :
    — Je veux encore du vin ! Par les diables de l’Enfer ! Où est ce garçon ?
    Un serviteur se précipita, son tablier maculé de nourriture et de vin, ses cheveux gras et emmêlés dissimulant son visage.
    — Tu n’es pas le gars qui m’a servi tout à l’heure ! vociféra le médecin. Par les dents de l’Enfer, je veux du vin !
    Le garçon hocha la tête et prit le gobelet avant de s’éloigner à la hâte. Il revint quelques minutes après et posa avec précaution devant le docteur le godet débordant de vin pétillant. Les autres pèlerins échangèrent des regards et certains commencèrent à s’agiter. À l’évidence, le médecin ne serait pas leur bienfaiteur. Robert but une gorgée de vin blanc, savourant la fraîcheur du liquide sur sa langue, puis dans son gosier. Il but encore, se lécha les lèvres, inconscient du poison mortel qui pénétrait dans son estomac pour se porter, telle une flèche, au coeur et au cerveau.
    Robert Clerkenwell remua sur son siège ; il ne se sentait pas bien, il avait mal au ventre ; son coeur se mit à palpiter et son souffle se fit court. Il se dressa, porta les mains à son col : à l’évidence, tout son corps souffrait, comme dévoré par une invisible flamme. Les autres pèlerins, horrifiés, dévisageaient bouche bée ce
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