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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire
Autoren: C.L. Grace
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le prêtre évoquait pour elle une petite souris disposée à profiter des bonheurs du printemps, mais néanmoins vigilante. Et si elle s’ouvrait à lui ? se demanda Kathryn. L’absoudrait-il de son péché ? Mais comment lui confesser un meurtre qu’elle n’avait pas commis ? Et, en dépit du secret de la confession, que deviendraient ensuite leurs relations ? Kathryn se mordit les lèvres. Que penserait le père Cuthbert de son père, qu’il avait aimé de son vivant ? C’est lui qui, sur son lit de mort, avait passé les saintes huiles sur les paupières, les sourcils, la bouche, les mains et les pieds du médecin. Lui qui l’avait confessé une dernière fois avant de lui administrer le sacrement pour l’ultime grand voyage.
    Kathryn détourna les yeux. Le père Cuthbert savait-il ?
    Ce dernier l’observait. Il avait bien perçu la tristesse qui habitait Kathryn et aurait voulu l’aider. Hélas, comment faire ? Il avait recueilli les dernières paroles de son père, et, voyant la terreur dans le regard du vieil homme, avait prononcé les paroles d’absolution, lui recommandant de s’en remettre à l’infinie compassion de Dieu. Tous les matins, à la messe, le père Cuthbert priait pour le docteur Swinbrooke, cherchant comment partager avec Maîtresse Kathryn le secret que lui avait confié le défunt. Car, pour ce faire, il lui aurait fallu briser le sceau de la confession.
    Le vieux prêtre connaissait Kathryn depuis qu’elle était enfant, pourtant on eût dit maintenant deux étrangers dans cette grande salle qu’éclairait le soleil. Même Thomasina, dont le prêtre avait été épris voilà bien longtemps, semblait distante, lointaine.
    — Il faut que je parte, murmura Kathryn précipitamment.
    Et le religieux les raccompagna jusqu’à la porte.

 
    Chapitre II
     
    En quittant l’hospice, Thomasina était très silencieuse. Kathryn le remarqua, comme chaque fois que les deux femmes rendaient visite au père Cuthbert. Les rumeurs étaient-elles fondées ? Kathryn lança un regard de biais à sa servante, grave, perdue dans quelque rêverie. Avait-elle été éprise du prêtre, autrefois ? L’aimait-elle encore ? Kathryn lui prit la main et chuchota :
    — Un jour, tu devrais lui dire.
    — Quoi donc, Maîtresse ?
    — La vérité.
    Thomasina s’éclaircit la voix et cligna des yeux.
    — Je l’ai fait ! s’exclama-t-elle. Je lui ai dit que je le trouvais beau. D’ailleurs, il l’est toujours, ajouta-t-elle dans un murmure qui fut couvert par le brouhaha de la foule.
    Les deux femmes venaient en effet de déboucher dans la Grand-Rue, qui longeait la masse sombre et imposante de la cathédrale de Cantorbéry. Ici, l’affluence était plus grande ; des étals se dressaient de part et d’autre d’une chaussée encombrée de charrettes, de chevaux, et bien sûr de pèlerins. Certains de ceux-ci voyageaient seuls, d’autres en groupes. On en voyait vêtus de leurs habits de tous les jours, d’autres équipés de besaces et de bâtons, et qui arboraient de grandes capes grises et des chapeaux à bord plat. Presque tous venaient des villes et des villages environnants. Il s’en trouvait peu qui fussent de véritables pèlerins : ceux-là portaient sur leurs chapeaux et leurs capes la coquille, emblème de Saint-Jacques-de-Compostelle, ou la palme gravée indiquant qu’ils s’étaient rendus à Jérusalem, en outre-mer.
    C’était spectacle courant que ces gens qui remontaient vers la cathédrale pour s’incliner devant le célèbre tombeau de Becket. En revanche, les bourgeois inquiets amassés sur les degrés devant le Guildhall retinrent l’attention de Kathryn.
    — Inutile de leur demander ce qui les préoccupe, murmura Thomasina.
    Kathryn hocha la tête :
    — Les magistrats du Conseil découvrent ce qu’il en coûte d’être du côté des vaincus.
    Elle désigna alors une petite troupe de soldats couverts de poussière, le visage tiré, la mine épuisée : c’étaient les hommes d’Édouard d’York qui venaient de remporter la victoire dans l’Ouest. Ils avaient hâte d’imprimer la marque de l’autorité de leur roi sur la cité maintenant en disgrâce. Partout apparaissaient les couleurs de la maison d’York : les soldats arboraient la Rose Blanche ou le Sanglier Rouge de Gloucester, frère du roi, et de nombreux bourgeois, désireux de marquer leur allégeance au vainqueur, avaient coupé des roses blanches dans leur jardin, et les
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