Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
s’inclina.
    La séance était terminée et le vicomte se retira.
L’ancien procurateur partit à sa suite sans un mot ni un regard pour ses
anciens compagnons.
    Alors, les consuls se pressèrent auprès de Hugues
et des deux chevaliers, pour en savoir plus. Ce n’est qu’au bout d’un moment
que Vivaud put enfin prendre son ami à part :
    — Hugues, je pense que tu l’as appris, mais
ta galère est arrivée il y a deux jours, chargée de soie. Ton capitaine a fait
de prodigieuses affaires et te ramène une fortune.
    — Ma femme m’en a dit quelques mots, mais
j’avoue ne pas avoir eu le temps d’aller voir, sourit le viguier.
    — Rassure-toi, je me suis occupé de tout. Tes
marchandises sont à l’abri dans mes entrepôts. Je viendrai cet après-midi te
porter les documents et te remettre la somme que je te dois. Botin sera aussi
heureux de te revoir, et Alice attend ta venue avec hâte !
    Pour Hugues, c’était la fin d’une longue période
d’angoisse et de malchance.
     

Chapitre 37
    L e
procès d’Aurélien et de Garcine, arrêtée entretemps, eut lieu trois jours plus
tard. Guilhem et Robert de Locksley furent les principaux témoins à charge,
mais les accusés ne nièrent pas leurs crimes. Ils subirent les supplices
habituels pour leur faire avouer d’éventuels complices et furent pendus le lendemain
devant les Accoules, après avoir eu les poignets tranchés.
    Le surlendemain, comme leurs corps se balançaient
encore au vent du large, Robert de Locksley et Guilhem d’Ussel quittèrent
Marseille pour Toulouse avec vingt-cinq hommes d’armes que le comte de
Huntington avait engagés à son service : cinq chevaliers revenant de
Palestine, quatre écuyers, six sergents d’armes, six arbalétriers et quatre
valets d’armes.
    Constance Mont Laurier n’avait pas assisté au
procès et Guilhem ne chercha pas à la revoir. Il pensa malgré tout à elle
durant de nombreuses semaines, puis le temps fit son œuvre.
    C’est un peu avant l’hiver, quelques mois avant
une nouvelle aventure qui devait le conduire à Paris [47] , que Guilhem reçut
un courrier de Hugues de Fer, porté par un troubadour. À cette époque, il était
seul à Toulouse avec Bartolomeo, Robert de Locksley ayant rejoint Richard avant
de retourner en Angleterre où il s’était marié.
    Dans cette longue missive, Hugues expliquait que
son ami Ibn Rushd, gracié par le sultan de Marrakech, était rentré au Maroc. Il
lui apprenait surtout un incident qui avait mis toute la ville en émoi.
    Le jour du départ d’Antoine Ansaldi pour la
Palestine, Grégoire Ratoneau avait aussi pris la mer. Quelques jours plus tard,
sur les côtes d’Italie, il avait arraisonné la barque transportant l’ancien
procurateur du Saint-Esprit. Les autres passagers du bateau, ainsi que
l’équipage, n’avaient pas souffert de l’abordage, sauf un marin sarrasin tué
par Ratoneau qui détestait les infidèles.
    C’est peu après son retour à Marseille qu’on avait
trouvé, dans les jardins de Saint-Victor, l’ancien procurateur écorché vif,
attaché à un poteau de bois, sa peau suspendue en un seul morceau entre deux
perches comme le faisaient les tanneurs. Ansaldi avait hurlé toute la nuit
durant son supplice sans que personne ne l’entende.
    Bien sûr, Hugues de Fer avait compris ce qui
s’était passé, mais sans preuves et sans témoins, il n’avait pas cherché à en
savoir plus. Un mois plus tard, Grégoire Ratoneau avait épousé Constance Mont
Laurier.
    La fin tragique d’Ansaldi et le mariage de
Constance avaient laissé Guilhem submergé par un flot d’émotions
contradictoires. Satisfait de ne pas avoir cédé au violent désir qu’il avait
éprouvé de rester à Marseille, mais aussi horrifié par la conduite de celle
qu’il avait aimée.
    Certes, chez Mercadier, il avait assisté à pire,
mais il ne parvenait pas à comprendre comment la beauté de la jeune femme
dissimulait tant de férocité. Il en avait conclu que seul un égarement de son
esprit, après la mort de sa sœur, avait pu provoquer cet état ; auquel cas
Ansaldi avait bien mérité sa mort pour avoir transformé en animal sauvage une
douce jeune fille.
    Quelques semaines après le départ de Guilhem, Ibn
Rushd avait eu la surprise de voir arriver un de ses disciples venant de
Cordoue. Celui-ci lui avait annoncé qu’après l’avoir disgracié, banni et avoir
fait brûler ses livres, le calife Al Mansour était revenu sur ses décisions
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher