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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198
Autoren: Jean (d) Aillon
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à
Montpellier pour le conseil de notre ordre, commença-t-il d’une voix assurée.
Il y a quatre ans, surpris par le mauvais temps, moi et mes gens demandâmes
l’hospitalité à Castillon. C’est ainsi que je fis connaissance du demi-frère de
Hugues des Baux.
    » Rostang souffrait de son origine. Sous les
ordres de Hugues, il ne possédait même pas le château dans lequel il vivait. Je
lui racontai ma vie, mes voyages en Orient et je lui décrivis la puissance de
la confrérie, espérant qu’il nous rejoindrait. Mais Rostang n’était pas attiré.
Seule l’ambition le guidait. Il m’invita pourtant à faire halte à son château
chaque fois que je me rendais à Montpellier ou que j’en revenais.
    » Depuis longtemps, je songeais à négocier
auprès de notre vicomte sa part de droits sur la ville, mais je savais que le
viguier et plusieurs membres du conseil s’y opposeraient. Lors de mon dernier
voyage, j’en parlai à Castillon qui me suggéra plutôt d’aider son frère à
acheter les droits du seigneur Roncelin, qu’il me revendrait ensuite. Je me
gaussai de lui, lui disant que Hugues des Baux ne me les revendrait jamais.
C’est alors qu’il m’expliqua que son frère était très malade, mourant même. Il
me promit, si nous faisions alliance, qu’il me céderait tout, après sa mort.
    — Un nouveau crime à porter à votre charge.
Décidément, père Ansaldi, plus on remue l’ordure dans cette histoire, plus elle
pue, remarqua amèrement Vivaud.
    — Je croyais vraiment que Hugues des Baux
était malade, j’ignorais que Castillon l’empoisonnait, répliqua froidement
Ansaldi en soutenant son regard. Ma part du contrat consistait seulement à
trouver un moyen de convaincre notre vicomte de vendre ses droits à Hugues des
Baux et à empêcher notre viguier de s’en mêler. C’est alors que j’appris
d’Aurélien que Roncelin se rendait sans escorte à sa maison de Porte Galle,
avec une femme. Par un des messagers qui portent les courriers de la confrérie
à Montpellier, je prévins Castillon qu’il pourrait se saisir de lui afin de
mieux négocier la vente de ses droits sur Marseille. Pour écarter le seigneur
Hugues de Fer de l’entreprise, je suggérai aussi que le jour où les gens des
Baux viendraient à la tour de la Porte Galle, ils laissent une preuve de leur
passage. Connaissant Hugues de Fer, j’étais certain qu’il tenterait de se
rendre aux Baux, soit pour négocier, soit pour délivrer le seigneur Roncelin.
    » Je jure sur les Évangiles que je n’avais
pas envisagé le viol et le meurtre de Madeleine, ajouta-t-il en se signant.
    — D’autres l’avaient prévu pour vous,
rétorqua Hugues de Fer avec mépris.
    — La suite, vous la connaissez. J’ai incité
notre viguier à délivrer notre vicomte en suggérant qu’Alice entre au couvent
et qu’Adhémar devienne vicomte. Puis, dès que j’ai connu son départ, j’ai
prévenu Castillon. Mais j’ignorais qu’ils étaient partis à sept.
    Le silence retomba dans la pièce. Plusieurs des
consuls étaient en pleine confusion. Ils avaient soutenu ce scélérat, et sans
le savoir avaient couvert sa félonie.
    Comme personne ne disait mot, Hugues de Fer reprit
la parole.
    — Cet homme est-il coupable et mérite-t-il la
mort ? demanda-t-il.
    Les uns après les autres les consuls opinèrent.
    — Votre décision est juste, dit Ansaldi avec
courage.
    — Avec le seigneur Roncelin, nous avons déjà
débattu de votre châtiment, décida Hugues de Fer. Un homme ne doit pas
seulement être jugé sur les mauvaises actions qu’il a commises, mais aussi sur
les bonnes. Vos crimes sont inexcusables et méritent un châtiment. Mais vous
avez aussi sauvé des vies et des âmes, et soulagé bien des souffrances avec
l’hôpital du Saint-Esprit.
    » Il y a aussi la confrérie, ses chevaliers
et ses servants qui ne doivent pas payer pour vos fautes. Il y a enfin votre
famille qui serait déshonorée par votre exécution publique.
    » Voici donc ce que j’ai décidé, en accord
avec notre seigneur Roncelin. Vous réglerez vos affaires cet après-midi et
partirez demain dans le premier navire pour l’Orient et la Palestine où vous
prendrez la croix, comme simple servant. Vous partirez sans rien, laissant tous
vos biens à l’hôpital. Vous ferez tout pour trouver la mort au service de Notre
Seigneur et de la délivrance de son tombeau.
    Le visage contracté, les larmes apparentes au bord
des paupières, Ansaldi
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