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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
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personne le type poétique et accompli des belles pennerès de la Bretagne. Le contraste de ses grands yeux noirs, pleins de vivacité et presque de passion, avec ses blonds cheveux aux reflets soyeux et cendrés, présentait tout d’abord un aspect d’une originalité séduisante, tandis que l’ovale parfait de la figure, la petite bouche fine et carminée, le nez droit aux narines mobiles et la peau d’une blancheur mate et rosée, constituaient un ensemble d’une saisissante beauté. Une large bande de toile duement empesée, relevée de chaque côté de la tête par deux épingles d’or, formait la coiffure de cette gracieuse tête. Le corsage de la robe, en étoffe de laine bleue, tout chamarré de velours noir et, de broderies de couleur jonquille, dessinait une taille ronde et cambrée et une poitrine élégante et riche de promesses presque réalisées. Les manches, en mousseline blanche à mille plis, s’ajustaient à la robe par deux larges poignets de velours entourant la naissance du bras. La jupe bleue retombait sur une seconde jupe orange, laquelle, à son tour, laissait apercevoir un troisième jupon de laine noire. Des bas de coton cerise, à broderie noire, modelaient à ravir une fine et délicieuse jambe de Diane chasseresse. Le petit pied de cette belle fille était enfermé dans un simple soulier de cuir bien ciré, orné d’une boucle d’or. D’énormes anneaux d’oreilles et une chaîne de cou à laquelle pendait une petite croix d’or, complétaient ce costume pittoresque.
    En s’élançant légère sur le pont du lougre, la jeune Bretonne déplia une sorte de manteau à capuchon à fond gris rayé de vert, qu’elle se jeta gracieusement sur les épaules. Précaution d’autant moins inutile, que les vagues qui déferlaient contre le bordage du Jean-Louis retombaient en pluie fine sur le pont du navire, qu’elles balayaient même quelquefois dans toute sa largeur.
    – Ah ! ah ! les promis, vous avez donc assez du tête-à-tête ? demanda en souriant le patron du lougre, dès qu’il eut vu les deux jeunes gens s’avancer vers lui.
    Il avait formulé cette question en français. Jusqu’alors, pour causer avec Bervic et pour donner des ordres à son équipage, il avait employé le dialecte breton.
    – Dame ! monsieur Marcof, répondit la jeune fille, depuis que vous avez fait fermer les panneaux, l’air commence à manquer là-dedans…
    – Si j’ai fait fermer les panneaux, ma belle petite Yvonne, c’est que, sans cela, les lames auraient fort bien pu troubler votre conversation.
    – Sainte Marie ! quel changement de temps ! s’écria le jeune homme en jetant autour de lui un regard plein d’étonnement et presque d’épouvante.
    – Ah çà ! mon gars, fit Marcof en souriant, il paraît que quand tu es en train de gazouiller des chansons d’amour, le bon Dieu peut déchaîner toutes ses colères et tous ses tonnerres sans que tu y prêtes seulement attention ! Voici près d’une heure que nous dansons sur des vagues diaboliques, et, ce qui m’étonne le plus, c’est que tu sois là, debout devant moi, au lieu de t’affaler dans ton hamac…
    – Et pourquoi souffrirais-je, Marcof, quand Yvonne ne souffre pas ?…
    – C’est qu’Yvonne est fille de matelot ; c’est qu’elle a le pied et le cœur marins, et qu’elle serait capable de tenir la barre si elle en avait la force. N’est-ce pas, ma fille ? continua Marcof en se retournant vers Yvonne.
    – Sans doute, répondit-elle ; vous savez bien que je n’ai pas quitté mon père tant qu’il a navigué…
    – Je sais que tu es une brave Bretonne, et que la sainte Vierge qui te protége portera bonheur au Jean-Louis . Ah ! Jahoua, mon gars, tu auras là une sainte et honnête femme ; et si tu ne te montrais pas digne de ton bonheur, ce serait un rude compte à régler entre toi et tous les marins de Penmarkh, moi en tête ! Vois-tu, Yvonne, c’est notre enfant à tous ! Quand un navire vire au cabestan pour venir à pic sur son ancre, il faut qu’elle soit là, il faut qu’elle prie au milieu de l’équipage qui va partir ! Un Pater d’Yvonne, c’est une recommandation pour le paradis.
    – J’aime Yvonne de toute mon âme et de tout mon cœur, répondit Jahoua avec simplicité, et la preuve que je l’aime, c’est que je suis son promis.
    – Je sais bien, mon gars ; mais, vois-tu, dans tout cet amour-là, il y a quelque chose qui me met vent dessous vent dedans,
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