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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
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pour frapper d’horreur le regard du voyageur éperdu. Un chaos presque fantastique, des amoncellements étranges de rochers granitiques qu’on croirait foudroyés, encombrent le rivage. La tradition prétend qu’à cette place s’élevait jadis une cité vaste et florissante submergée en une seule nuit par une mer en fureur. Mais de cette cité, il ne reste pas même le nom ! Des falaises à pic, des blocs écrasés les uns sur les autres par quelque cataclysme épouvantable, pas un arbre, pas d’autre verdure que celle des algues marines poussant aux crevasses des brisants, un promontoire étroit, vacillant sans cesse sous les coups de mer et formé lui-même de quartiers de rocs entassés pêle-mêle dans l’Océan par les convulsions de quelque Titan agonisant ; voilà quel est l’aspect de Penmarckh, même par un temps calme et par une mer tranquille.
    Mais lorsque le vent du sud vient chasser le flot sur les côtes, lorsque le ciel s’assombrit, lorsque la tempête éclate, il est impossible à l’imagination de rêver un spectacle plus grandiose, plus émouvant, plus terrible, que ne l’offre cette partie des côtes de la Cornouaille. On dirait alors que les vagues et que les rochers, que le démon des eaux et celui de la terre se livrent un de ces combats formidables dont l’issue doit être l’anéantissement des deux adversaires. L’Océan, furieux, bondit écumant hors de son lit, et vient saisir corps à corps ces falaises hérissées qui tremblent sur leur base. Sa grande voix mugit si haut qu’on l’entend à plus de cinq lieues dans l’intérieur des terres, et que les habitants de Quimper même frémissent à ce bruit redoutable. La langue humaine n’offre pas d’expressions capables de dépeindre ce bouleversement et ce chaos. Ce bruit infernal possède, pour qui l’entend de près, les propriétés étranges de la fascination. Il attire comme un gouffre. Cent rochers, aux pointes aiguës, semés de tous côtés dans la mer, obstruent le passage et s’élèvent comme une première et insuffisante barrière contre la fureur du flot qui les heurte et les ébranle.
    En franchissant cette sorte de fortification naturelle, en suivant la falaise dans la direction d’Audierne, après avoir doublé à demi la pointe de Penmarckh, on découvre une crique étroite offrant un fond suffisant aux navires d’un médiocre tirant d’eau. Cette crique, refuge momentané de quelques barques de pêche, est le plus souvent déserte.
    Les rocs qui encombrent sa passe présentent de tels dangers au navigateur, qu’il est rare de voir s’y aventurer d’autres marins que ceux qui sont originaires du pays.
    Néanmoins, c’est au milieu du bruit assourdissant, c’est en passant entre ces écueils perfides, par une nuit sombre et par un vent de tempête, que le Jean-Louis doit gagner ce douteux port de salut.
    Le lougre avançait avec la rapidité d’une flèche lancée par une main vigoureuse. Marcof, toujours attaché à Yvonne, tenait la barre du gouvernail.
    – Tonnerre ! murmura-t-il brusquement en interrogeant l’horizon ; tous ces gars de Penmarckh sont donc devenus idiots ! Pas un feu sur les côtes !
    – Un feu à l’arrière ! cria le mousse toujours amarré au sommet du mât, et semblant répondre ainsi à l’exclamation du marin.
    – Impossible ! fit Marcof, nous n’avons pas doublé la baie, j’en suis sûr !
    – Un feu à l’avant ! dit Bervic.
    – Un feu par la hanche de tribord ! s’écria un autre matelot.
    – Un feu par le bossoir de bâbord ! ajouta un troisième.
    – Tonnerre ! rugit Marcof en frappant du pied avec fureur. Tous les diables de l’enfer ont-ils donc allumé des feux sur les falaises !
    On distinguait alors, perçant la nuit sombre et la brume épaisse, des clartés rougeâtres dont la quantité augmentait à chaque instant, et qui semblaient autant de météores allumés par la tempête.
    – Que Satan nous vienne en aide ; murmura le marin.
    – Ne blasphémez pas, Marcof ! s’écria vivement Yvonne. La tourmente nous a fait oublier que c’était aujourd’hui le jour de la Saint-Jean. Ce que nous voyons, ce sont les feux de joie.
    – Damnés feux de joie, qui nous indiquent aussi bien les récifs que la baie.
    – Marcof ! entendez-vous ? fit tout à coup Jahoua.
    – Et que veux-tu que j’entende, si ce n’est les hurlements du ressac ?
    – Quoi ? écoutez !
    – Ciel ! murmura Yvonne après avoir
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