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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
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c’est…
    Marcof s’arrêta brusquement, comme si la crainte d’entamer un sujet pénible ou embarrassant lui eût fermé la bouche. Jahoua lui-même fit un signe d’impatience, et Yvonne, dont son fiancé tenait les deux mains, se recula vivement en rougissant et en baissant la tête. À coup sûr, les paroles du patron avaient éveillé dans leurs âmes un triste souvenir.
    – Tonnerre ! s’écria Marcof après un moment de silence, voilà la rafale qui redouble. La barre à bâbord, Bervic ! Vieux caïman, tu ne gouvernes plus ! continua-t-il en breton en s’adressant au marin chargé de la direction du lougre.
    La tempête, en effet, prenait des proportions formidables. Un coup de tonnerre effrayant succéda si rapidement à l’éclair qui le précédait qu’Yvonne, épouvantée, se laissa tomber à genoux. Marcof saisit lui-même la barre du gouvernail.
    – Largue les focs et les huniers ! commandait-il d’une voix brusque et saccadée.
    À cet ordre inattendu de livrer de la toile au vent dans cette infernale tourmente, les marins, stupéfaits, demeurèrent immobiles.
    – Tonnerre d’enfer !… chacun à son poste ! hurla Marcof d’une voix tellement impérieuse que ses hommes bondirent en avant.
    Quelques secondes plus tard, le Jean-Louis , chargé de toiles, filait sur les vagues, tellement penché à tribord que ses basses vergues plongeaient entièrement dans l’Océan.
    – Yvonne, reprit plus doucement Marcof en s’adressant à la jeune fille, je suis fâché que ton père t’ait conduite à bord…
    – Et pourquoi cela, Marcof ?
    – Parce que le temps est rude, ma fille, et que, s’il arrivait malheur au Jean-Louis , le vieil Yvon ne s’en relèverait pas…
    – Est-ce que vous craignez pour le lougre ? demanda Jahoua.
    – Il est entre les mains de Dieu, mon gars. Je fais ce que je puis, mais la tempête est dure et les rochers de Penmarckh sont bien près.
    – Sainte Vierge ! protégez-nous ! murmura la jeune fille.
    – Ne craignez rien, ma douce Yvonne, dit Jahoua en s’approchant d’elle ; le bon Dieu voit notre amour et il nous sauvera. Si nous nous trouvons embarqués à bord du Jean-Louis , n’allions-nous pas faire un pèlerinage à la Vierge de l’île de Groix pour qu’elle bénisse notre union ? Dieu nous éprouve, mais il ne veut pas nous punir… nous ne l’avons pas mérité…
    – Vous avez raison, Pierre, ayons confiance.
    – En attendant, ma fille, reprit Marcof, va me chercher ce bout de grelin qui est là roulé au pied du mât de misaine. Là, c’est bien ! Maintenant amarre-le solidement autour de ta taille ; aide-la, Jahoua. Bon, ça y est ; approche, continua le marin en passant à son tour son bras droit dans le reste de la corde à laquelle Yvonne avait fait un nœud coulant. Va ! ne crains rien, si nous sombrons en mer ou si nous nous brisons sur les côtes, je te sauverai.
    – Non, non, s’écria impétueusement Jahoua ; si quelqu’un doit sauver Yvonne en cas de péril, c’est à moi que ce droit appartient…
    – Toi, mon gars, occupe-toi de tes affaires, et laisse-moi arranger les miennes à ma guise. Yvon m’a confié sa fille, à moi, entends-tu, et je dois la lui ramener ou mourir avec elle.
    – S’il y a du danger, Marcof, laissez-moi et sauvez-vous !… s’écria Yvonne.
    – Terre ! cria tout à coup une voix aiguë partie du haut de la mâture.
    – Voilà le péril qui approche, murmura vivement Marcof à voix basse. Silence tous deux et laissez-moi.
    En ce moment, un éclair qui déchira les nues illumina l’horizon, et malgré la nuit déjà sombre on put distinguer les falaises s’élevant comme de gigantesques masses noires, par le tribord du Jean-Louis . La rafale poussait le navire à la côte avec une effroyable rapidité.
    – Marcof ! dit le vieux Bervic en s’approchant vivement de son chef, au nom de Dieu ! fais carguer la toile ou nous sommes perdus.
    – Silence… s’écria durement Marcof ; à ton poste ! Prends ta hache, et, sur ta vie, fends la tête au premier qui hésiterait à obéir.
    Le matelot gagna l’avant du navire sans répondre un seul mot, mais en pensant à part lui que son chef était devenu fou.

II – LA BAIE DES TRÉPASSÉS.
    De toutes les côtes de la vieille Bretagne, celle qui offre l’aspect le plus sauvage, le plus sinistre, le plus désolé, est sans contredit la Torche de la tête du cheval , en breton Penmarckh. Là, rien ne manque
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