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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
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vers la passe de Penmarckh.
    Malgré la violence du vent, malgré les vagues, le Jean-Louis , gouverné par une main ferme et audacieuse, s’engagea dans un véritable dédale de récifs et de brisants. Peu à peu on put distinguer les hautes falaises derrière lesquelles s’élevait une lune rougeâtre toute maculée de larges taches noires et livides.
    Bientôt la population du pays, échelonnée sur le promontoire et sur la grève, fut à même de lancer à bord un cordage que l’on amarra solidement au cabestan. Le Jean-Louis était sauvé !
    Keinec, impassible, n’avait pas prononcé une parole depuis le peu de mots qu’il avait échangés avec Marcof. Soit hasard, soit intention arrêtée, il n’avait pas une seule fois non plus laissé tomber ses regards sur Yvonne et sur Jahoua. La jeune fille, appuyée contre le bastingage, semblait absorbée par une rêverie profonde. Jahoua, lui, serrait convulsivement son pen-bas dans sa main crispée.
    Dès que les pêcheurs de la côte eurent halé le lougre vers la terre, Bervic s’approcha de Marcof, et se penchant vers lui :
    – Avez-vous remarqué que Keinec a une tache rouge entre les deux sourcils ? demanda-t-il à voix basse.
    – Non ! répondit Marcof.
    – Eh bien, regardez-y ! Vrai comme je suis un bon chrétien, il ne se passera pas vingt-quatre heures avant que le gars n’ait répandu du sang !
    – Pauvre Yvonne ! murmura Marcof.
    Il ne put achever sa pensée. Le navire abordait. Jahoua, saisissant Yvonne et l’enlevant dans ses bras, s’élança à terre d’un seul bond.
    Au moment où le couple passait devant Keinec, celui-ci fit un mouvement : ses traits se décomposèrent, et il porta vivement la main à sa ceinture, de laquelle il tira un couteau tout ouvert. Peut-être allait-il s’élancer, lorsque la main puissante de Marcof s’appesantit sur son épaule. Keinec tressaillit.
    – C’est toi ! fit-il d’une voix sombre.
    – Oui, mon gars, c’est moi qui viens te rappeler tes paroles ; si je ne me trompe, nous avons à causer…
    Les deux hommes ouvrirent l’écoutille et s’engouffrèrent dans l’entrepont. Arrivés à la chambre du commandant, Marcof entra le premier. Keinec le suivit.
    – Tu boiras bien un verre de gui-arden (Eau-de-vie) ? demanda Marcof en s’asseyant.
    Keinec, sans répondre, attira à lui une longue caisse placée contre une des parois de la cabine.
    – C’est dans ce coffre que tu mets tes mousquets et tes carabines ? demanda-t-il brusquement.
    – Oui.
    – Ne m’as-tu pas promis de me donner la première chose que je te demanderais après avoir sauvé le Jean-Louis  ?
    – Sans doute. Que veux-tu ?
    – Ton meilleur fusil, de la poudre et des balles.
    – Keinec ! dit lentement Marcof, je vais te donner ce que tu demandes ; mais Bervic a raison, tu as une tache rouge entre les yeux, tu vas faire un malheur !…
    Keinec, sans répondre, frappa du pied avec impatience. Marcof ouvrit la caisse.

III – KEINEC.
    Marcof, reculant de quelques pas, laissa Keinec choisir en liberté une arme à sa convenance. Le jeune homme prit une carabine à canon d’acier fondu, courte, légère, et admirablement proportionnée.
    – Voici douze balles de calibre, dit Marcof, et un moule pour en fondre de nouvelles. Décroche cette poire à poudre placée à la tête de mon hamac. Elle contient une livre et demie. Tu vois que je tiens religieusement ma parole ?
    – C’est vrai ! Tu ne me dois plus rien.
    – Ne veux-tu donc pas de mon amitié ?
    – Est-elle franche ?
    – Ne suis-je pas aussi bon Breton que toi, Keinec ?
    – Si. Marcof. Pardonne-moi et soyons amis. Tu sais bien que je ne demande pas mieux…
    – Et moi, tu sais aussi que je t’aime comme mon matelot, et que j’estime comme il convient ton courage et ton brave cœur ! C’est pour cela, vois-tu, mon gars, c’est pour cela que je suis fâché de ce que tu vas faire !…
    – Et que vais-je donc faire ?
    – Tu vas tuer Yvonne et Jahoua.
    – Si je voulais la mort de ceux dont tu parles, je n’aurais eu qu’à rester à terre, et, à cette heure, ils rouleraient noyés sous les vagues.
    – Oui ! mais c’est la main de Dieu et non la tienne qui les aurait frappés ! Tu n’aurais pas assisté au spectacle de leur agonie ; tu n’aurais pas répandu toi-même ce sang dont ta haine est avide et dont ton amour est jaloux !…
    – Tais-toi, Marcof, tais-toi !… murmura Keinec.
    – Est-ce
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